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GUARINO GUARINI.

G. GUA-GUAR

RINI.

VARINO Guarini naquit à l'el'an 1370. de l'illuftre famille des Guarini. C'eft pour cela que les Ecrivains Venitiens & d'autres ont ajouté à fon nom de Guarino, qui eft le feul qu'il ait jamais pris, fuivant l'ufage de fon temps, le furnom de Guarini.

Philippe de Bergame, Biondo, & d'autres nous apprennent qu'il fut difciple de Jean de Ravenne, fameux Grammairien, de l'école duquel font fortis la plupart de ceux qui ont contribué au retabliffement des Lettres en Italie.

Après avoir appris fous lui la langue Latine, il voulut apprendre la Grecque, fans laquelle il fentoit bien qu'on ne pouvoit parvenir à une véritable érudition. Mais comme les Maîtres lui manquoient en Italie, il lui fallut en aller chercher à Conftantinople. Il fe rendit donc dans cette ville, où il étudia la langue Grecque pendant cinq ans, fous Emma

nuel

nuel Chryfoloras. Pontico dans la vie G. GUA de ce dernier pretend, que Guarino RINK n'alla à Conftantinople que dans un âge déja avancé; mais il fe trompe fûrement; car Chryfoloras vint s'établir en Italie en 1397. temps auquel Guarino avoit tout au plus 27. ans; ainfi comme il avoit demeuré cinq ans avec lui à Conftantinople, il devoit y avoir été peu après fa vingtiéme année.

C'est à fon retour de cette ville que lui arriva l'avanture qui eft rapportée par Pontico, mais dont ni Paul Jove, ni Janus Pannonius, mort Evêque de Cinq-Eglifes, un de fes plus habiles difciples, qui a fait fon panegyrique en vers, ne difent pas la moindre chofe, ce qui pourroit la faire foupçonner de fauffeté.

Quoiqu'il en foit, voici le fait. Guarino ayant acheté deux grandes caiffes de Manufcrits Grecs, qui étoient uniques, les chargea fur deux vaiffeaux. Il arriva heureufement avec l'un en Italie, mais l'autre perit dans la route; ce qui lui donna tant de chagrin, que fes cheveux devinrent tout blancs en une nuit. Tome XXIX. L

G. GUA

RINI.

Guarino de retour en Italie, commença a y repandre les connoiffances qu'il avoit acquifes en Grece ; & fut le premier des Italiens qui depuis la chute de l'Empire Romain y enfeigna la langue Grecque.

On ne fçait pas au jufte tous les endroits où il a enfeigné les BellesLettres, ni la date de fes changemens; on fçait feulement en gros qu'il l'a fait à Venise, à Ferrare, à Verone, & à Florence.

Louis Mofcardo, Hiftorien de Verone nous apprend que Guarino fut appellé dans cette ville l'an 1420. qu'on lui donna 150. Ducats de gages, & qu'en 1422. il eut pour difciple le B. Albert de Sarziano, qui le témoigne dans une de fes lettres.

Jerome della Corte dans fon Hiftoire de la même ville, marque fur l'an 1451. qu'il y fut appellé le 3. Septembre de cette année, avec pro. mefle de 1 5o. écus de gages, & qu'on lui envoya pour cela le docteur Pier re François Giufti, à Ferrare, où if enfeignoit; mais que comme il faifoit difficulté d'accepter le pofte. qu'on lui offroit, on augmenta fes

gages jufqu'à deux cent écus; & G. GUAqu'alors il l'accepta, & quitta Fer- RINI.. rare, avec l'agrément du Marquis d'Eft.

Il fe peut faire que ces deux Hi-
ftoriens difent vrai, & que Guarino
ait profeffe deux fois à Verone, une
fois avant que
d'aller à Ferrare, &

une autre
autre fois après.

Ce fut Nicolas III. Marquis d'Eft, qui l'artira à Ferrare, où il fe maria honorablement, & fa pofterité y fubfifte encore maintenant.

Marc Antoine Guarini s'eft trompé, lorfqu'il a dit dans fon Abregé Hiftorique, que Guarino fe maria à Ferrare Ic 29. Mars 1436. avec Taddea Cenderati: Ce mariage doit être de plus ancienne date; car on a plufieurs Lettres Manufcrites de Guarino au Comte Louis Sanbonifacio, fon protecteur & fon bienfaiteur, dans l'une defquelles, qui eft de l'an 1434. il dit qu'il avoit alors neuf enfans & qu'il efperoit en avoir bientôt dix; & dans une autre du 26. Septem-bre 1438. il lui promet de l'aller trouver à fa terre de Lendinara avec toute fa maison, & particulierement

G. GUA

RINI.

avec fes douze enfans.

Il retourna à Ferrare fur la fin de 'fa vie, puifqu'il y recita en 1459. un difcours au Pape Pie II.

Il mourut dans cette ville le 4. Decembre 1460. âgé de 90. ans, & fut enterré dans l'Eglife paroiffiale de S. Paul.

Le plus fçavant & le plus fameux de fes fils, fut Baptifte Guarini l'Ancien, qui lui fit cette Epitaphe.

Qua per te vixit Mufarum cura;
Guarine,

Graca, Latina fimul, te morien-
te dolet.

Quam fuperis tua caftá fides, morefque placerent,

Luftra tibi vita nona bis alta pro

bant.

Quod Verona dedit, rapuit mors im proba corpus:

Quod virtus peperit, reftat in orbe decus.

Jerôme fut un de fes autres enfans, qui fe rendit illuftre dans les armes & dans les Lettres. On trouve dans la Bibliotheque de M. de

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