D. L'ER

MITE..

voulut en vifiter les principales villes.

Il étoit à Romé en 1606. & Gafpar Scioppius, qui l'y vit, parle en de très-mauvais termes d'un voyage qu'il fit à Tivoli avec les deux freres Rubens, & deux autres Flamans.

Peu de temps après, il fe retira à Sienne, où l'Archevêque Afcagne Piccolomini, à qui il fit fa cour l'ayant recommandé à Silvio Piccolomini, Grand-Chambellan du Duc de Florence, ce Prince, à qui il fe fit connoître par ce moyen, le prit à fon fervice & le mit au nombre de fes Secretaires.

Il n'avoit encore que 24. ans, lorfqu'il fut chargé en 1608. de faire à la Cour de Florence un difcours en forme d'Epithalame, pour le Mariage de Cofme de Medicis, fils aîné du Grand Duc Ferdinand, avec la Princeffe Marie Madelaine d'Autriche. Ce difcours, qui fut auffi-tôt imprimé, lui attira les applaudiffemens & l'admiration de tout le monde, & lui procura une penfion de la Cour de Florence.

L'année fuivante 1609. il fit en

core l'Eloge funebre du Grand Duc D. L'ERFerdinand, & il le fit avec le même fuccès.

Le nouveau Grand Duc ayant alors deputé Coloreto vers les Princes d'Allemagne, pour leur faire part de la mort de fon pere, choifit l'Ermite pour l'accompagner dans ce voyage, parce qu'il fçavoit l'Allemand, que fon Envoyé ignoroit.

Ils allerent d'abord trouver l'Empereur Rodolphe II. à Prague. Julien de Medicis, qui refidoit en cette Cour, en qualité d'Envoyé Ordinaire du Grand Duc, les reçut chez lui; mais à peine y furent-ils, qu'ils reçurent ordre de n'en point fortir, jufqu'à ce qu'on les avertît du jour qu'ils auroient audience de l'Empe

rcur.

Comme il fe paffa plufieurs mois fans qu'on leur fignifiât rien, & qu'ils s'ennuyoient d'un délai, qui leur paroiffoit affecté, ils fe preparoient à partir, lorfque de grand matin le jour même qu'ils avoient fixé pour leur départ, on les envoya querir pour l'Audience.

L'Empereur les reçut fort bien,

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D. L'ER & ils furent enfuite traités par Bala tazar de Zuniga, Comte de MonteAmbaffadeur d'Efpagne, par le Nonce Gaëtan, & par le Landgrave de Leichtenberg.

rey,

Ils pafferent enfuite à Drefde & de-là à Torgau, où Christiern II. Duc de Saxe tenoit les Etats. Ce Prince les fit manger à fa table; & l'Ermite remarque, qu'il y en avoit alors fept cent dreffées dans fon Palais pour toute la Cour, & qu'on les fervoit toutes enfemble au fon d'une trompecte.

Ils allerent enfuite à Berlin, où fe trouvoient alors à la Cour du Marquis de Brandebourg, le Marquis d'Anfpach, & le Landgrave de Heffe. Ce dernier, que l'Envoyé de Tofcane vifita comme les deux autres, fut choqué de ce que le grand Duc ne lui donnoit dans fes Lettres que le titre d'Excellence, pendant qu'il traitoit le Marquis de Brandebourg d'Alteffe; mais on trouva moyen de l'appaifer en rejettant la faute fur le Secretaire qui avoit écrit les Lettres.

Au refte il fit beaucoup d'amitiés à l'Ermite, avec lequel il prit

plaifir à parler diverfes langues; car D. L'ER il fçavoit le Grec, le Latin, l'Efpa- MITE gnol, l'Italien, & le François, étoit habile dans la Philofophie, & dans les Belles-Lettres, & poffedoit même affez de Théologie.

La Cour du Prince Louis d'Ana halt, où ils allerent enfuite, leur parût moins Allemande qu'Italienne par les manieres. L'Ermite reçut de lui une chaîne d'or, comme il en avoit eu une du Duc de Saxe.

Après avoir vifité les Electeurs de Treves & de Mayence, ils allerent à Heidelberg; mais ils n'y purent voir l'Electeur Palatin, qui étoit alors cruellement tourmenté de la goute.

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Le Duc de Wirtemberg les reçut affez fierement à Stutgard, parce que fon Envoyé à Florence en étoit revenu, fans avoir eu le prefent qu'on fait ordinairement à ceux qui ont ce titre. Ils le furent mieux à Ulm, Nuremberg, enfuite à Neubourg par le Comte Palatin, Philippe Louis, 'mais fur tout à Augsbourg, où Marc Velfer étoit alors Bourguemeftre. L'Ermite écrivit de là le premier Decembre à Camille Guidi la Rela

'D. L'ER- tion de fon voyage, depuis fon arrivée à Prague.

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Etant depuis retourné en Italie, il mourut à Livourne l'an 1613. âgé d'environ 29. ans. Sweertius attribue fa mort à une maladie honteufe, qui étoit le fruit de fes débauches; ce qui rendroit croyable une partie du mal que Scioppius a dit de lui. D'autres ont mieux aimé dire qu'on l'empoifonna.

Catalogue de fes Ouvrages.

1. Panegyricus Cofmo Medices, Ferdinandi Filio, Magno Hetruria Principi, dictus, cum Maria Magdalene Auftriaca nuptiarum facris initiaretur. Florentia 1608. in-4°.

2. Epitaphium, five laudatio in funere Ferdinandi Medices, Magni Hetruria Ducis, ad Divi Laurentii Juftitio ejus dicta Idibus Martiis 1609. Je ne fçai fi cette piece a été imprimée hors du Recueil de Gravius, dont je parlerai plus bas.

3. Iter Germanicum, five Epiftola ad Equitem Camillum Guidum, fcripta de Legatione ad Rudolphum Cafarem Auguftum, & aliquot Germania Principes. Lugd. Bat. 1637. in-16.

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