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tres des cathedrales de la province fe plaignirent AN. 1232. des évêques, prétendant qu'ils n'avoient pû ordonner l'interdit fans leur participation: & le chapitre de Laon fut remercié par le roi de n'avoir point gardé l'interdit. Sur ce fujet on, tint un autre concile à Saint-Quentin le troifiéme dimanche de l'Avent de la même année, & on y appella les chapitres des cathedrales, afin qu'ils n'euffent point de prétexte d'en rejetter l'autorité. En ce concile l'interdit fut revoqué fur la remontrance de Simon d'Arci doïen d'Amiens; & on déclara en general, que les évêques ne pouvoient rien ordonner fans la participation de leurs chapitres. L'évêque de Beauvais le plaignoit hautement de cette condition, dont il appella & alla à Rome pourfuivre fon appel. Le pape voulut accommoder l'affaire, & nomma pour médiateur entre le roi & l'évêque, Pierre de Colmicu v111.ep.19. doïen de faint Omer: comme il marque dans fa lettre au roi, du fixiéme d'Avril 1234. Mais 234.2.32. Milon évêque de Beauvais mourut la mêmẹ année le fixiéme de Septembre à Camerino en, Italie, & quelques années après Robert de Creffonfart fon fucceffeur leva l'interdit & fit fa paix avec le roi,

p. Rain.

XVIII:

contre les

En Angleterre la conjuration formée contre Suite des les Romains, commença à éclater aux fêtes de violences Noël en 1231. Un petit nombre de gens armez aiant la tête couverte pour n'être pas reconnus ? Romains en vinrent piller les greniers de l'églife de Vingam, Angleterre. Matth. Par. appartenante à un Romain très-riche. Son agent, voïant la violence alla fe plaindre au vicomte qui envoia de fes officiers avec quelques chevaliers voifins. Ils trouverent que ces inconnus. avoient vuidé les greniers pour la plus grande partie, & vendu le blé à bon marché à l'avantage de toute la province : ils en donnoient même volontiers aux pauvres qui en deman

jan. 1232.

7.3.4.

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doient. Comme les chevaliers les interrogeoient
qui ils étoient, ils les tirerent à part, & leur AN. 12326
montrerent des lettres du roi qui défendoient
de les empêcher d'agir. Ces lettres étoient fauf-
Les; mais les chevaliers, qui ne s'en apperce-
voient pas, les ayant vûës fe retirerent avec
leur fuite. Ainfi en quinze jours ces inconnus
vendirent tout & fe retirerent avec beaucoup
d'argent. Cette violence étant venuë à la con-
noiffance de Roger évêque de Londres, il af
fembla dix autres évêques; & le lendemain de
fainte Scolastique, c'eft-à-dire le onzième de
Février 1232. il excommunia à faint Paul de
Londres tous les auteurs de cette violence, avec
ceux qui avoient maltraité Cencio chanoine de
Londres, & avec tous les conjurez.

Ces violences recommencerent à Pâque, &
s'étendirent prefque par toute l'Angleterre: on/
vendoit les blez des Romains à bon marché, &
on en faifoit de grandes largeffes aux pauvres. Les
clercs Romains fe tenoient cachez dans des ab-
bayes, & n'ofoient même fe plaindre : aimant
mieux perdre les biens que la vie. Les auteurs
de la violence étoient environ quatre-vingts
hommes & quelquefois moins, ayant pour chef
Robert de Thinge jeune chevalier & de bonne
famille, qui fe faifoit nommer Oüitham. Le
pape ayant appris ces defordres peu de temps
après, en fut extrêmement irrité; & envoya au
roi d'Angleterre des lettres piquantes, où il lui
faifoit de grands reproches, de fouffrir que des
ecclefiaftiques fuffent ainfi pillez dans fon roïau-
me, fans avoir égard aux fermens de fon facre.
Il lui ordonnoit donc fous peine d'excommuni-
cation & d'interdit, de faire informer de la
violence, & d'en punir feverement les auteurs.
Il donna commiffion à Pierre évêque de Vin-
cheftre & à l'abbé de faint Edmond, d'en faire

la recherche dans la partie meridionale d'Angle AN. 1232. terre: & de dénoncer les coupables excommu-niez, jufques à ce qu'ils vinffent à Rome fe faireabfoudre. Pour la partie feptentrionale il donna la même commiffion à l'archevêque d'Yore, à l'évêque de Durham, & à Jean chanoine d'Yorc, mais Romain de naiffance.

326911

2

Dans une lettre à l'archevêque d'Yorc & aux autres évêques, il fe plaint que l'on a foulé aux ap. Pain. pieds une médaille, portant l'image de faint Pier232. n. 28. re & de faint Paul; que l'on a déchiré fes bulles: qu'un de fes curfeurs ou huiffiers a été mis en pieces; & un autre laiffé demi-mort. I fe plaint que l'on n'a point dénoncé excommunicz ces voleurs & ces incendiaires publics, ni mis les églifes en interdit: enfin il ordonne de les dénoncer folemnellement. La lettre eft du neuviéme de Juin 1232. Il faut croire que le pape ne fçavoit pas encore ce qu'avoit fait l'évêque Matth. de Londres. Cependant on informa de la part tant du roi que du pape au fujet des violences commifes; & l'on en trouva plufieurs coupa-. bles, comme auteurs ou comme complices : même des évêques, des clercs du roi, des archidiacres, & des doyens; & d'ailleurs des chevaliers & grand nombre d'autres laïques. Le roi fit arrêter pour ce fujet des vicomtes avec leurs prévôts & leurs officiers: d'autres s'abfenterent. Le grand jufticier Hubert de Bourg fut trouvé coupable d'avoir donné à ces voleurs des lettres; tant au nom du roi qu'au fien, afin qu'on n'empêchât point leurs violences. Robert, de Thinge leur chef vint entre autres devant le roi: déclarant que ce qu'il avoit fait étoit en haine des Romains, qui par une fraude manifefte s'e forçoient de le dépouiller d'un feul benefice qu'il avoit; & que plûtôt que de le perdre. avoit mieux aimé être excommunié injuste

ment pour un temps. Les commiffaires du pape lui confeillerent d'aller à Rome reprefenter fon AN. 1232; droit & fe faire abfoudre, & le roi lui donna :des lettres de recommandation.

XIX.

Le pape

Rome.

Dans le même temps, la femaine de la Pentecôte, qui cette année fut le trentiéme de Mai, vint à Rome Jean, prieur de l'églife de Cantorberi, que les moines avoient élû archevêque au lieu de l'évêque de Chichestre. Le pape le P. 317A renvoïa à Jean Colonne & à quelques autres cardinaux, qui l'ayant foigneufement examiné pendant trois jours fur dix-neuf articles, décla rerent au pape qu'ils n'avoient point trouvé de caufe pour le refufer. Le pape toutefois le trouva trop vieux & trop fimple pour foûtenir une telle dignité; & lui ayant perfuadé d'y renoncer, il permit aux moines de proceder à une troifiéme élection.. -Cependant le pape Gregoire chaffé de Rome par les Romains toûjours rebelles, demeura fucceffivement à Spolete, à Anagni & à Rieti, chaffe de d'où le vingt-quatrième de Juillet il écrivit à Ric.S.Germ l'empereur Frideric, le priant de venir promp am. 1232. tement au fecours de l'églife fa mere: c'est-à- Rain. 1237. dire felon le ftile de ce temps-là, du pape & de ". 40. fa fuite. L'empereur fomentoit fous main la révolté des Romains, même par fes largeffes; & ne laiffoit pas de promettre au pape d'em ployer fes armes pour la protection de l'églife. Il envoya même pour l'en affurer l'archevêque de Meffine, & Pierre juge de la cour imperiale, & le pape l'en remercia en termes ma- v1. ep. 1. gnifiques: foit qu'il fut effectivement trompé, foit qu'il ne voulût pas encore aigrir l'empereur. Mais quelque temps après il le plaignit à p. 184 Jui que des Sarrafins, qui étoient à fon fervice, avoient fait une écurie d'une églife dépendante du monaftere de faint Laurent d'Averfe; & en

fuite l'ayant abattue, en avoient employé les AN. 1232. materiaux à des bâtimens qu'ils faifoient à Nocera. Il reftoit en Sicile quantité de Sarrafins fujets de l'empereur, qui les faifoit fervir dans fes troupes.

tion

XX.

pour

La réunion

des Grecs.

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Cette année le pape Gregoire reçut un enNegocia voyé de Germain patriarche Grec de C. P. avec une lettre pour la réunion des églifes: or voici l'occafion de cette ambaffade. Cinq freres Mineurs qui étoient allez à Natolie travailler à la converfion des ames furent pris par les Tures & retenus en prifon d'où étant fortis ils vinrent à Nicée où Germain faifoit fa refidence auffi-bien que l'empereur Jean Vatace. Les cinq freres vinrent trouver le patriarche, qui les reçut humainement & fut édifié de leur pauvreté & de leur zele. Etant entrez en converfation ils parlerent de diverfes chofes, & s'arrêterent principalement fur le fchifme Sup. liv. qui divifoit l'églife depuis long-temps. Ils lui *xxv. . propoferent de travailler à la paix, & à l'unionentre les Grecs & les Latins; & ils furent favorablement écoutez. Nous avons vu qu'il y avoit eu quelques démarches faites pour la réu nion en 1193. entre le pape Innocent III. d'une part, l'empereur Alexis l'Ange & le patriarche Leo Allat. Jean Camatere de l'autre : mais la prife de C. P. confen. p. par les Latins, aliena les efprits plus qu'aupa723.724. ravant. Le patriarche Germain furnommé NauSup. liv. plius avoit fuccede vers l'an 1227. à Manuel le XXVIII. philofophe. Il étoit d'Anaplus dans la Propontide, & après avoir été élevé dans le clergé de C. P. il embrafla la vie monaftique, d'où il fut tiré pour remplir le fiege patriarcal; & le tint dix-fept ans & demi. Le patriarche Latin de C. P. étoit Simon qui mourut cette année 1232. Alberic. & après que le fiege eut vaqué plus d'un an, 12330 Le pape Gregoire du confentement du clergé de

74.

7.48.

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