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fentement des magiftrats, ceux qui n'y étoient: AN. 1233. que pour dettes, & perfuada aux créanciers de faire des remifes confiderables. Un jour il prêcha. avec tant de vehemence contre les ufuriers, que · le peuple courut auffi-tôt chez un fameux ufurier nommé Landulf, & abattit fa maison. Vita PP. Toute la Lombardie étoit remplie du bruit de Pradic. La prédication & de fes miracles, & on venoit, de toutes parts le voir & l'entendre.

part. 3.

Sigon.p.44.

La ville de Boulogne craignant qu'on ne l'en retirat envoïa une ambaffade au pere Jourdain. qui tenoit le chapitre general; & elle lui reprefenta entre autres raifons, que Jean avoit femé dans leur ville la parole de Dieu avec grand applaud ffement; & que tout le fruit qu'on en efperoit pourroit fe perdre par fon abfence. Mais Jourdain après avoir loué leur dévotion, témoigna qu'il n'étoit pas fort. touché de cette raifon. Car, dit-il, les femeurs n'apportent pas leur lit fur le champ qu'ils ont femé pour y coucher jufques à ce qu'ils voient comment la femence fructifie: ils la recommandent à Dieu & vont femer un autre champ. Ainf peut-être feroit-il expedient que frere Jean allât femer ailleurs la parole de Dieu; fuivant ce que le Sauveur difoit: Il faut que j'aille auffi prêcher à d'autres villes. Toutefois nous délibererons de cette affaire avec nos, définiteurs & nous ferons enforte que vous aurez sujet d'être

contens.

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Le pape Gregoire voïant l'autorité que s'étoit acquife frere Jean de Vicence, l'emploïa pour réunir & pacifier les villes d'Italie craignant que l'empereur Frideric ne fe prévalût de leur divifion pour fe les affujettir, principalement celles de Lombardie. Il fit donc Jean fon légat dans la Marche d'Ancone, & l'envoïa enfuite en Tofcane, pour faire la paix, entre Florence

& Sienne. Mais il ne fut pas aifé de le tirer de Boulogne, & des autres villes où il étoit cheri; AN. 1233& le pape fut obligé de les menacer des cen

fures ecclefiaftiques fi elles s'opiniâtroient à le vii. ep. 68. retenir. Le pape écrivit à ce faint religieux pour 218. 130. le feliciter du fuccès de fes travaux & l'y en 287. ap. courager; & pour le confoler des calomnies. qu'on répandoit contre lui.

fes

Rain. 1233

36. 37.

38. XXIII. Canonifa tion de S.

Dominique

1. 5.

Pendant que frere Jean de Vicence étoit à Boulogne, il procura la translation de faint Dominique. Depuis douze ans qu'il étoit mort difciples n'avoient encore rien fait pour hono- Chr. MS. rer fa mémoire ; & quelques-uns demeurant ap.Boll.13. dans leur fimplicité, difoient qu'il fuffifoit que Febr. to. 4La fainteté fût connuë de Dieu, fans se mettre P. 721. en peine qu'elle vint à la connoiffance de home. Jordan. ap. Bzov mes. Toutefois le peuple reclamoit l'assistance du faint pour diverfes maladies: plufieurs demeuroient à fon tombeau les jours & les nuits, difoient enfuite qu'ils avoient été guéris; & pour témoignage fufpendoient des images en cire, d'yeux, de mains, de pieds & d'autres parties. Plufieurs des freres Prêcheurs ôtoient & brifoient ces images, & ne vouloient point reconnoître ces miracies, de peur qu'on ne les foupçonnat d'agir par interêt. Mais le nombre des freres croiffant à Boulogne, il fallut augmenter les logemens & l'églife; & en démoliffant l'ancien bâtiment on laiffa à découvert la fepulture de faint Dominique; ce qui fit penfer à transferer le corps en un lieu plus décent. Toutefois les freres n'oferent le faire fans confulter le pape Gregoire.

Illes reprit durement d'avoir fi long-temps negligé de rendre à leur pere l'honneur convenaBles & écrivit à l'archevêque de Ravenne métropolitain de Boulogne, de s'y rendre avec fes fuffragans pour affifter à cette tranflation. Le

jour venu, il s'y affembla une multitude inAN. 1233. nombrable de peuple, & des troupes de Boulonois en armes pour empêcher qu'on ne leur enlevât ce tréfor. Les freres Prêcheurs craignoient que le cercueil aïant été long-temps expofé au foleil & à la pluye, le corps ne fût corrompu ; mais au contraire quand on eut levé la pierre qui le couvroit, il en fortit une odeur excellente, au grand étonnement des affiftans ; & cette odeur fe communiquoit à tout ce qui touchoit le faint corps. Cette tranflation fut faite le mardi de la Pentecôte vingt-quatrième jour de Mai 1233. & le P. Jourdain qui en fut témoin oculaire en écrivit la relation dans une lettre adreffée à tous les freres de l'ordre. On commença enfuite à proceder à la canonifation de faint Dominique. Dès la même année 1233. le pape Gregoire nomma commiffaires Tancrede archidiacre de Boulogne, & deux autres pour informer de fa vie & de fes miracles; & nous

IX. n. 8.

Vie de faint avons les dépofitions autentiques de neuf téVie de faint moins ouis en cette occafion, tous d'entre fes Dominique par le P.J. difciples qui l'avoient connus familierement ; & Rechac. p. parloient de ce qu'ils avoient vû & oui de fa $19.Bullar. bouche. Enfin l'année fuivante 1234. le pape le to. 1. Gr. canonifa folemnellement, comme il paroît par ap. Bov. fa bulle donnée à Rieti le treiziéme de Juillet; 1234. n. 1. & l'églife celebre fa fête le jour de fa mort qua Martyr. R. triéme d'Août. Le pape Gregoire canonifa auf4. Aug. fi cette année faint Virgile archevêque de SalsSup. liv. bourg mort en 780. & ordonna de celebrer fa XLIV. n. 3. fête le vingt-feptiéme de Novembte jour de fa ap. Rain. mort. La bulle eft du dix-huitiéme de Juin

1233.1.55. XXIV.

1233.

Stadingues Dès l'année précedente on avoit découvert en heretiques. Allemagne, un grand nombre d'heretiques,par les Conc Lamb. foins du docteur Conrad de Marpourg; qui Schafn, an. après les avoir examinez en qualité de commif

2232.

faire du pape en fit brûler plufieurs, entre autres quatre en fa prefence à Erford. On les nommoit AN. 1233 Stadingues, du nom d'un peuple qui habitoit aux Chr.Godef

confins de Frife & de Saxe en des lieux environnez de rivieres & de marais impraticables. Ces gens ayant été excommuniez pendant plufieurs années pour leurs crimes, entre autres parce qu'ils refufoient de payer les dîmes, fe revol terent & témoignerent ouvertement leur mépris pour l'autorité de l'églife. Comme ils étoient braves ils attaquerent les peuples voifins les comtes mêmes & les évêques, & le plus fouvent avec avantage.

eod.&

1234. P.

554.

1233.73%

Voici les abominations dont on les accufoit, fuivant une lettre du pape Gregoire adreffée à l'archevêque de Mayence, à l'evêque d'Hildesheim & au docteur Conrad. On dit que quand v11. ep. ils reçoivent un novice, & qu'il entre la pre- $77. miere fois dans leur affemblée, il voit un cra ap. Rain paut d'une grandeur énorme, comme un oye 42. ou plus, que les uns le baifent à la bouche, les autres par derriere: puis le novice rencontré un homme pâle avec les yeux très-noirs, fi maigre qu'il n'a que la peau & les os: il le baife & le fent froid comme glace, & après ce baifer il oublie entierement la foi catholique. Enfuite ils font enfemble un feftin, après lequel un chat noir descend derriere une ftatuë qui eft ordinairement dans le lieu. Le novice baife le premier ce chat par derriere, puis celui qui préfide à l'affemblée & les autres qui en font dignes les imparfaits reçoivent feulement le baifer du maître. Ils promettent obéissance, après quoi on éteint les lumieres, & ils commettent entre-eux toutes fortes d'impuretez. Ils reçoivent tous les ans à Pâques. le corps de nôtre-Seigneur, & le portent dans leur bouche jufques à leur maifon où ils le jettent dans le pri

:

vé. Ils difent que le maître du ciel a injuftement An. 1233. & frauduleufement précipité Lucifer dans les enfers. Ils croyent en celui-ci, & difent qu'il eft le créateur des chofes celeftes, & qu'il rentrera dans fa gloire après avoir précipité fon adverfaire. C'eft par lui & avec lui qu'ils efperent entrer dans la beatitude éternelle. Ainfi parle le pape dans fa lettre du treiziéme de Juin 1233.

LVIII. n.

Ce dernier article fait voir que les Stadingues étoient une branche des Manichéens ; & quant aux abominations de leurs affemblées nocturnes, nous avons vû des reproches femblables contre Sup. liv. les Manichéens brûlez à Orleans en 1022. Albert qui fut fait abbé de Stade dans la baffe Saxe en 1232. parlant des Stadingues, dit qu'ils méprifoient la doctrine de l'églife, confultoient des démons & des magiciennes, & faifoient des figures de circ. Qu'ils déchiroient les ciercs & les religieux par toutes fortes de tourmens, & n'épargnoient ni âge ni fexe. Ils attiroient à leur fecte tous ceux qu'ils pouvoient, principalement les païfans.

$3. Chr. an. 2234.

to. XI. conc. 478. ex contin. Lamb.

Ann.Godef.

8233.

Cette année 1233. le roi Henri fils de l'em pereur Frideric, Conrad archevêque de Mayence & le docteur Conrad de Marpourg firent à Mayence une affemblée d'évêques, de comtes & de clercs, pour examiner des perfonnes diffamées comme heretiques: entre lefquels le comte de Seine accufé demanda encore un délai pour fe juftifier. Quant aux autres qui ne comparurent point, Conrad donna la croix à ceux qui voulurent s'armer contre eux. De quoi ces prétendus heretiques furent tellement irritez, qu'ils lui drefferent à fon retour une embuscade auprès de Marpourg, & le tuerent avec frere Gerard de l'ordre des Mineurs, homme de fainte vie: c'étoit le trentiéme de Juillet. On accufoit Conrad de précipitation dans fes jugemens,

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