& d'avoir fait brûler trop legerement fous prétexte d'heresie, plufieurs nobles & non nobles, clercs, moines, reclufes, bourgeois & païfans. Car il les faifoit executer le même jour qu'ils étoient accufez, fans déferer à l'appel.

On aflembla un concile pour examiner ces plaintes contre la mémoire du docteur Con

AN. 12338

rad qui ne manquoit pas de défenseurs, & les to. x1. cont] foupçons d'herefie, contre quelques perfonnés. ap. p. 23464 Plafieurs prélats, & plufieurs princes féculiers fe trouverent à ce concile: ceux qui étoient fufpects d'herefies y furent abfous, & les meartriers du docteur Conrad envoïez au pape pour obtenir l'absolution. Le pape Gregoire trouva fort mauvais que l'on eût ainfi decidé fans le confulter, une cause de foi, & renvoïé absous des gens poursuivis comme heretiques en vertu de sen mandement. Il diffimula long-temps, mais enfin il écrivit à l'archevêque de Salsbourg, à l'évêque d'Hildesheim, & à l'abbé de Buch ordre de Cifteaux une lettre, dattée de Peroufe le dernier de Juillet 1235. par laquelle î leur ordonne de proceder contre les prétendus heretiques fuivant l'inftruction qu'il leur preferit; & en même temps il leur envoïe la pénitence qu'il a impofée aux meurtriers de Conrad. Sçavoir d'aller au premier paffage fervir à la terre fainte, & cependant le faire fuftiger dans les églifes du païs où ils ont commis le crime.

XXV

ce contre

les Albi

geois.

On pourfuivoit auffi avec vigueur les heretiques en Languedoc, quoique la guerre y fût Ordonnan finie. Foulques évêque de Toulouse mourut le jour de Noël 1231. & fut enterré à l'abbaïe de Grand-Selve, dont il avoit été moine. Peu de jours après le chapitre de Toulouse élut pour lui fucceder frere Raimond provincial des freres Prêcheurs en Provence, & l'élection fut ap- 541.

Guill, de Pod. Laur.

.

41. 42.

Alberic. p

prouvée par Gautier évêque de Tournai legat AN. 1233. du pape. L'évêque Raimond fut facré le quatriéme dimanche de carême vingt-uniéme de Mars 1231. & il continua de poursuivre vivement les heretiques, comme avoit fait fon prédeceffeur. Le comte Raimond l'aidoit quelquefois, & quelquefois aufli fe relâchoit dans cette pourfuite. C'eft pourquoi le légat prenant avec lui l'archevêque de Narbonne, & quelquesuns de fes fuffragans vint à Melun, où le comte mandé par le roi fe trouva auffi. En cette affemblée le légat fe plaignit au comte en prefence du roi, qu'il n'avoit pas obfervé comme Sup. liv, il devoit plufieurs articles de la paix faite à Pa1xxix.. ris en 1229. & enfin il fut regle que le comte

So.

to. XI. conc.

P. 449.

répareroit le tout, de l'avis de l'évêque de Touloufe & d'un chevalier que le roi envoïeroit avec l'évêque pour cet effet. Ce fut Gilles de Flajac, qui étant arrivé à Toulouse, l'évêque lui communiqua les articles qu'il avoit dressez, & après qu'ils curent été expliquez au comte ils en forma fes ftatuts, qui contiennent en fub ftance.

Tous nos barons, chevaliers, baillifs & autres nos vaffaux, feront toute diligence pour Catel. com- rechercher, prendre & punir les heretiques. tes. p. 354. On informera inceffamment contre les meurtriers de ceux qui recherchent les heretiques & contre leurs complices; & on en fera bonne juftice. Les villes ou villages où on aura trouvé des heretiques païeront un marc d'argent pour chacun, à ceux qui les auront pris. On abattra toutes les maifons où depuis la paix de Paris on aura trouvé un heretique vif ou mort, ou dans lefquelles il aura prêché ; & les biens de ceux qui y demeurent feront confifquez. On bouchera les cavernes fortifiées & les autres lieux fufpects. Tous les biens de ceux

qui fe feront faits heretiques feront confifquez: fans qu'il en puiffe rien paffer à leurs heritiers. AN. 1233r On punira auffi de confifcation de biens ceux qui empêcheront la capture des heretiqués, qui ne l'aideront pas le pouvant faire, ou favoriferont leur évasion.

Quiconque fera fufpect d'herefie fera profeffion de la foi catholique avec ferment, fous peine d'être puni comme heretique. Ceux qui ont abjuré l'herefre porteront fur leurs habits des croix apparentes, fous peine de confifcation, ou autre punition convenable. La confifcation aura lieu nonobftant les alienations faites en fraude pour la prévenir. Pour empêcher que les clefs de l'églife ne foient méprifées, nous voulons que celui qui fera demeuré un an excommunié foit contraint à rentrer dans l'é

glife par faife de fes biens. Le refte de ces ftatuts regarde la paix; & on y défend entre autres chofes de faire aucune violence aux maifons religieufes, particulierement de l'ordre de Cifteaux, qui étoit le plus odieux aux heretiques: ni de les vexer fous prétexte de loge- Sup. livs mens. Ces ftatuts relatifs à ceux du concile LXXIX-, tenu en 1229. furent publiez à Touloufe dans le ». 58. cloître de faint Etienne le dix-huitième de Février 1233. avant Pâques.

XXVI. Concile de

Beziers.

de Pode

C. 42. to.XI conc.p.4520 c. 20,

Vers le même temps le légat tintun concile å Beziers où il publia des ftatuts compris en vingt-fix articles, & contenant plufieurs reglemens femblables contre les heretiques. Il eft ordonné à chaque particulier de les prendre & les prefenter à l'évêque. Le curé doit avoir le catalogue de ceux qui font fufpects d'herefie dans fa paroiffe, & s'ils manquent à venir à l'église les jours de fêtes, il obfervera exactement les ftatuts faits contre eux, fous peine de perdre fon benefice. Le concile reconnoît que jufques c. 6.

e. s. c.

Epifc. 4. extrà de prab. Sup.l.

LXXIII, 17. 21.6. 8.

alors dans ces provinces on avoit admis aux AN. 1233 ord es facrez des sujets tout-à-fait indignes : cct pourquoi il veut qu'on examine foigneufement la vie, les mœurs & la fcience des ordinars; & qu'ils avent un titre patrimonial, au moins de cent fols tournois, qui reviennent e. 7. à cinquante francs de nôtre monoye. Pour la tonfure on se contente que celui qui y eft ad mis fcache lire & chanter, qu'il soit né de conCone. Lat. dition libre & en legitime mariage. Et comme le concile de Latran fous Alexandre III. avoit condamné l'évêque qui ordonneroit une clere fans titre suffant à lui fournir sa subsistance; les évêques ne donnoient les ordres facrez qu'a, près avoir fait promettre aux ordinans avec ferment de ne les point inquieter fur ce fu jet ce que le concile de Beziers condamne, 4.11. comme une pratique fimoniaque. Il ordonne aux patrons ecclefiaftiques ou carez primitifs d'établir dans les paroiffes de leur dépendance des curez ou des vicaires perpetuels, avec la #. 12. portion congrue. Et il veut que ceux qui font pourvus de benefices à charge d'ames, foient contraints par fouftraction de leurs revenus à fe faire ordonner prêtres dans le temps convenable, Autrefois on les auroit jugez indignes du fa. 13. cerdoce, & par confequent du benefice. On dé fend aux clercs qui veulent jouir du privilege clerical de porter des armes, fi ce n'est en temps de guerre, & ces deux reftrictions font remarquables. Le refte des ftatuts de ce concile regarde les reguliers, & fait voir le relâchement XXVII. qui regnoit dans les monasteres.

Univerfité Cependant le pape Gregoire confirma l'étade Toulou- bliffement de l'univerfité de Toulouse commenfe. cé par le traité fait à Paris en 1229. car il 31. conc. p. regardoit cette inftitution comme un moïen très364. Sup. 1. efficace pour maintenir la foi dans ce païs.,

epift. 28. to.

XXXIX. n.50.

Sup. liv. xxv, 3.

26.

après l'avoir délivré de l'herefie. Le pape accorde donc aux écoliers de Toulouse la même liber- AN. 1233. té dont joüiffent ceux de Paris; & ordonne que les bourgeois feront obligez de leur loüer des maisons à prix raisonnable, fuivant la taxe regice par deux clercs & deux laïques. Que les maitres, les écoliers ni leurs ferviteurs ne pourront être jugez pour crime par aucun laïque, k ce n'eft que par jugement ecclefiaftique ils foient abandonnez à la cour feculiere. Mais les laïques pourront être poutfuivis par les écoliers devant le juge ecclefiaftique, fuivant la coûtume de l'éghfe Gallicane. Le comte de Touloufe, fes officiers & fes barons feront tenus de donner sûreté aux écoliers & à leurs meffagers. Le comte fera tenu d'accomplir fa promeffe touchant le falaire des maîtres pendant dix ans. C'eft Duboulais ce que porte la bulle adreffée au comte, & dattée 10.3. p.149, du dernier jour d'Avril 1233. Une autre bulle adreffée à l'univerfité même ajoûte, que les écoliers de theologie, & tous les maîtres jouiLont du revenu de leurs benefices, comme s'ils Lefidoient, excepté les diftributions quotidienRes; & que les maîtres qui y auront été approuvez en quelque faculté, pourront regenter par tout fans autre examen.

XXVIII.

IV. ep. 224.

Depuis trois ans le pape Gregoire étoit averi de plufieurs defordres qui avoient cours en OrdonnanHongrie, au préjudice de la religion; & voici ce du roi de comme il en écrivit à Robert archevêque de Hongrie. Strigonie le troifiéme de Mars 1231. Plufieurs chretiens accablez d'exactions infupportables, & 1231 . #. 394 ap. Rain. voyant les Sarrafins jouir d'une plus grande liberté, embraffent leur religion, & s'allient avec eux par des mariages. Les Sarrafins achetent des efclaves chrétiens, dont ils abufent comme il leur plaît, les font apoftafier, & ne permet, ent pas de baptifer leurs enfans. Quelquefois la