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cement du douziéme fiecle fous Guillaume de Liv. LXVI. Champeaux, & fous fes difciples, qui enfeignerent à faint Victor. En même temps Pierre Abailard vint à Paris & y enfeigna avec un grand éclat les humanitez & la philofophie d'Ariftote: Alberic de Reims y enfeignoit auffi & fut let plus fameux dialecticien, quoiqu'attaché à la fecte des Nominaux, dont Rofcelin fut l'auteur. xx. Mais la grande lumiere de l'école de Paris fut l'évêque Pierre Lombard, fi connu par fon livre des Sentences qu'il compofa vers le milieu du douzième fiecle. On le regarda comme le corps de theologie le plus parfait, & on le choifit pour être enfeigné publiquement par préference à tant d'autres recueils femblables compofez vers le même temps, par Hildebert ar chevêque de Tours, par le cardinal Robert Pullus, l'abbé Rupert, & Hugues de faint

2.34.

Tbid. n. 28.

Liv. LXX.

2. 18.

Victor.

Ainfi entre plufieurs compilations des canons la plus univerfellement approuvée fut celle du moine Gratien compofée dans le même temps à Boulogne en Italie ; & fon ouvrage femble avoir rendu plus fameufe cette école, qui l'étoit dé ja par l'étude des loix Romaines renouvellée vingt ans auparavant. Car il paroît qu'on alloit de loin les étudier en Lombardie, par l'exem, ple entre autres d'Arnoul évêque de Lisieux. Et Spicil. to.2. en 1220. le pape Honorius témoignoit dans une bulle, que l'étude des bonnes lettres avoit rendu la ville de Boulogne celebre par tout le mon de. Remarquez encore que le maître des Sentences étoit forti de Novarre, & qu'avant lui Lanfranc archevêque de Cantorberi étoit venu XXXVIII. de Pavie: ce qui nous découvre en Lombar die une fuite de theologie comme de jurif prudence. Auffi les deux plus anciennes univeftez que je connoiffe font celles de Paris &

P. 336.

Liv.

21. 34.

de Boulogne; & on les nomma univerfitez d'études, pour montrer qu'elles les renfermoient toutes, & qu'en une même ville on enfeignoit tous les arts liberaux & toutes les sciences, qu'il falloit auparavant aller apprendre en divers lieux.

II.

Cette inftitution fut très-utile à l'églife. Les docteurs affurez de trouver dans une certainé Utilité des ville de l'occupation avec la recompenfe de leurs Universitez. travaux, venoient volontiers s'y établir; & les étudians affurez auffi d'y trouver de bons maîtres avec toutes les commoditez de la vie, s'y rendoient en foule de toutes parts, même des pays éloignez ainfi on venoit à Paris d'Angleterre, d'Allemagne & de tout le Nort, d'Italie, d'Efpagne. L'émulation faifoit étudier à l'envi les maîtres & les difciples, & le plus grand bien, c'eft que la doctrine fe confervoit mieux dans fa pureté: puifqu'entre plufieurs docteurs enfeignant à la vûe les uns des autres, la moindre nouveauté étoit bien-tôt relevée. On confervoit auffi plus facilement l'uniformité, foit pour le fonds de la doctrine, foit pour la maniere d'enfeigner. Tant d'écoliers de divers pays y répandoient ce qu'ils avoient puifé dans les mêmes fources; & devenus maîtres à leur tour enfeignoient chacun chez eux ce qu'ils avoient appris a Paris.

Le police des univerfitez étoit un bon moyen pour affermir la tradition de la faine doctrine. Il ne dependoit plus comme auparavant de chaque particulier d'enfeigner quand il s'en croyoit capable: il falloit être reçu maître ès arts ou docteur dans les facultez fuperieures, & ces titres ne s'accordoient que par degrez après des examens rigoureux & de longues épreuves, pour répondre au public de la capacité des maîtres. Tout le corps en étoit garant & avoit droit

de corriger celui d'entr'eux qui s'écartoit de fon devoir. Suivant le reglement donné en 1215. par Hift. liv. 2XXVII. n. le cardinal légat Robert de Courçon, pour enfeigner les arts à Paris il falloit être âgé de vingtun an & les avoir étudiez au moins fix ans pour enfeigner la theologie il falloit l'avoir étudiée huit ans & en avoir trente-cinq.

39.

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Les freres Prêcheurs ayant été aggregez à l'univerfité de Paris dès le commencement de leur inftitut, obfervoient l'ordre fuivant pour la promotion de leurs docteurs en theologie. Celui qui étoit nommé bachelier par le general de l'ordre ou par le chapitre commençoit par expliquer la matiere des fentences dans l'école de quelque docteur, ce qu'il faifoit pendant une année à la fin de laquelle le prieur du convent avec les docteurs qui profeffoient actuellement prefentoit ce bachelier au chancelier de l'église de Paris; & ils affuroient avec ferment qu'ils le jugeoient digne d'obtenir la licence; c'est-àdire, la permiflion d'enseigner comme docteur. Après quelques examens publics & quelques autres formalitez le bachelier étoit reçu docteur, & continuoit la feconde année d'expliquer le livre des fentences dans fon école, car chaque docteur, avoit la fienne. La troifiéme année le nouveau docteur tenoit encore fon école; mais il avoit fous lui un bachelier qui expliquoit les fentences, & qu'il prefentoit à la fin de l'année pour la licence, comme on l'avoit prefenté luimême. Tout le cours du doctorat s'achevoit en ces trois années, fans préjudice des actes qu'il falloit foûtenir de temps en temps: mais ce qu'il y avoit de bon eft que perfonne n'étoit reçu docteur qu'après avoir enfeigné publiquement. Au refte les leçons ne fe faifoient pas en dictant des écrits, mais le profeffeur après s'être -preparé les prononçoit de fuite comme des fer

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mons; & les écoliers en écrivoient ce qu'ils pouvoient. Or il eft à croire que les freres Prêcheurs fuivirent l'ordre qu'ils avoient trouvé établi dans l'univerfité.

III.

L'inftitution des colleges qui commencerent vers le milieu du treizième fiecle fut un bon Colleges moïen pour maintenir la police de l'univerfité & contenir dans le devoir les écoliers qui y étoient renfermez. Les religieux furent les pre- Pafq. Ros miers qui fonderent de ces maifons pour loger cher. liv. enfemble leurs confreres étudians, & les féparer 18. 6. 15. du commerce des feculiers. Ainfi outre les freres Prêcheurs & les freres Mincurs dont les premieres maisons à Paris font les colleges de tout l'ordre, on y fonda pour les moines ceux des Bernardins, de Clugny & de Marmoutier. Celui Hift. livi de Sorbone fut un des premiers destiné à des 1xxx111. clercs féculiers; & enfuite la plupart des évê- ". 47. ques en fonderent pour les pauvres étudians de leurs diocefes. Par là ils s'acquitoient en quelque maniere de l'obligation d'inftruire & de former leur clergé, qui eft un de leurs principaux devoirs vu qu'ils ne pouvoient efperer de leur donner chez eux d'auffi bons maîtres que dans les écoles publiques.

,

Or la difcipline des colleges tendoit non feulement à l'instruction des écoliers qu'on y entretenoit & que nous appellons Bourfiers; mais à régler leurs mœurs & les former à la vie clericale. Ils vivoient en commun celebroient l'office divin, avoient leurs heures reglées d'étude & de divertiffement, & plufieurs pedagogues ou regens veilloient fur eux pour les conduire & & les contenir dans leur devoir; c'étoit comme de petits feminaires. Enfin cette inftitution & tout le refte de la police des univerfitez fut fi generalement approuvée, que tous les païs du rit latin fuivirent l'exemple de la Fran

IV.

tudes.

2.

ce & de l'Italie, & depuis le treiziéme ficcle on vit paroître de jour en jour de nouvelles univerfitez.

Voïons maintenant quelles étoient ces étuCours d'é- des que l'on embraffoit avec tant d'ardeur, & fi on les avoit perfectionnées en augmentant le nombre des étudians & des maîtres. C'étoit fans doute l'intention, mais le malheur du temps no Hift. liv. le permit pas. Le goût des bonnes études étoit X1v. ». 19. perdu, & on n'étoit pas encore revenu de l'erreur des fçavans du neuvième fiecle, qui voulant émbrafler toutes les études n'étudioient rien 3. Difc. exactement. On fuppofoit toûjours que pour être admis aux leçons de theologie, il falloit avoir appris les arts liberaux ; c'est-à-dire, au moins la grammaire, la rhétorique, la logique & les autres parties de la philofophie; & de là nous eft venu ce cours réglé d'études qui fubfifte encore. Le plan étoit beau fi l'exécution eût été poffible mais la vie de l'homme eft trop courte pour approfondir chacun de ces Hi, liv. arts comme on prétendoit faire, & s'appliquer .. 23. enfuite aux fciences fupérieures. Suppofé me me que quelque heureux genie pût y réüffir, il ne faudroit pas le propofer à tout le monde ; & d'ailleurs la vraie fcience ecclefiaftique n'a pas befoin de tous ces préliminaires. L'antiquité ne les demandoit pas aux évêques mêmes; & Aug. epift. faint Auguftin en nomme un de fon voifinage 34 al.168. qui n'avoit point étudié les lettres humaines, & qu'il eftimoit toutefois fi bon theologien, qu'il fui renvoïc le donatifte Proculeien pour être confondu. C'eft que ce bon évêque ne laiffoit pas de s'être fuffifamment inftruit par la méditation continuelle de l'écriture fainte & la lecture des auteurs ecclefiaftiques, qui avoient écrit en Latin fa langue naturelle. Les études fuperficielles font croire qu'on fçait ce qu'on no

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