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à Cordoue dans la grande mofquée où elles AN. 1236. étoient fufpendues à la renverfe & fervoient de lampes, ce que les chrétiens regardoient comme un opprobre. Mais le roi Ferdinand les fit reporter à faint Jacques fur les épaules des Maures, Comme la ville de Cordoue eft fituée dans un pays très-abondant & très-agreable, la nouvelle de la prife s'étant répandue en Espagne, il y accourut des habitans de toutes parts qui la prefefoient aux lieux de leur naiffance: enforte que les maifons manquerent plûtôt que les hommes pour les habiter. On y rétablit le fiege épifcopal fous la métropole de Tolede; & on la comptoir pour une des plus grandes villes du monde après Rome, C. P. & Seville.

. p. 214. ap. Rain. Br.588

p. 215. So.

n.

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Le pape Gregoire ayant appris cette heureufe nouvelle écrivit aux prélats d'Espagne d'encourager le roi Ferdinand à poursuivre fes conquêtes fur les infideles, & tous les peuples de leurs diocefes à l'y aider, foit de leurs perfonnes, foit de leurs biens leur promettant la même indulgence que pour le voyage de la terre fainte. La lettre eft du quatrième de Septembre 1236. En même temps à la priere du roi, it ordonna à l'archevêque de Tolede & aux évêques de Burgos & d'Osma, de lui faire païer trois ans durant un fubfide annuel de mille pieces d'or monnoye du pays fur les revenus des églifes & des monafteres pour les frais de cette guerre. Vers le même temps le roi Ferdinand ayant découvert des heretiques à Palentia ordonna qu'ils fuffent marquez au vifage d'un fer chaud: ce qui les fit rentrer en eux mêmes, & demander à revenir dans le fein de l'églife; & le pape ef. 282. donna à l'évêque du lieu la commiflion de les abibid. foudre.

LVIII. Juifs mal

Traitez.

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La même année les Juifs furent maltraitez en plufieurs lieux, particulierement en Espagne ou

on en fit un grand carnage. En France les croi- AN. 1236. fez de Guienne, de Poitou, d'Anjou & de Bre- Matt. Par. tagne en tuerent un grand nombre, fans épar- 1236. p. gner les enfans & les femmes enceintes. Ils en 364., Blefferent plufieurs mortellement, & en foulerent d'autres aux pieds de leurs chevaux: laiffant

les

con

pu

Lobineau

hift. p. 235.

corps des morts expofez aux bêtes. Ils brûlerent leurs livres, pillèrent leurs biens, & menaçoient de leur faire encore pis: le tout fous prétexte qu'ils refufoient de recevoir le baptême. x. ep. 2127 Les Juifs en porterent leurs plaintes au pape Gre- ap. Rain. goire, qui écrivit fur ce fujet à l'archevêque 1236.7.48 de Bourdeaux, & aux évêques de Saintes, d'Angoulême & de Poitiers une lettre où il dit, que fes croifez devoient fe preparer à la guerre tre les infideles par la crainte de Dieu, la reté de cœur & la charité ; & qu'encore que JESUS-CHRIST n'excluë perfonne de la grace du baptême, toutefois il fait mifericorde à qui il lui plaît, & il ne faut contraindre perfonne à recevoir ce facrement: parce que comme l'homme eft tombé par fon libre arbitre, il doit auffi fe relever par fon libre arbitre, étant appellé ep. 213. par la grace. La lettre eft du neuviéme de Sep- M. Parisà tembre 1236. Le pape écrivit à faint Louis fur ibid. le même fujet, afin qu'il reprimât la fureur des croifez. Les Juifs d'Angleterre épouvantez de ces exemples donnerent de l'argent au roi Henri, & obtinrent une proclamation publique portant défenfe de leur faire aucun mauvais trai

tement.

Nous voïons une pareille défense de maltrai

LIX.

ter les Juifs faite en particulier aux croifez, dans Concile de un concile de Tours tenu par l'aschevêque Juhel Tours. le mardi avant la faint Barnabé, c'est-à-dire le

dixième de Juin de la même année 1236. On y to. xi. conci publiaun reglement contenant quatorze articles, p. 104 dont le premier porte, que les croifez arrêtez

pour crime par le juge feculier feront revendiquez AN. 1236. par le juge ecclefiaftique, qui n'aura aucun égard leurs privileges, & leur ôtera même la croix, s'il les trouve coupables d'homicides ou d'autre crime énorme. Le concile ajoûte: Nous défendons étroitement aux croisez & aux autres chrétiens de tuer ou battre les Juifs, leur ôter leurs biens ou leur faire quelque autre tort, puifque l'églife les fouffre, ne voulant point la mort du c.3. pecheur, mais fa converfion. Les évêques auront foin de la fubfiftance des nouveaux convertis, de peur qu'ils ne retournent à leurs erreurs fous prétexte de pauvreté.

£. 2. 4.

Les avocats auront étudié en droit trois ans, les officiaux cinq ans. Les juges déleguez par le faint fiege dans la province de Tours prendront les précautions neceffaires contre les fraudes des parties qui obtiennent des refcrits en cour de Roc. s. me. Il falloit que ces délegations fuffent bien frec. 7. quentes. Les teftamens feront reprefentez à l'évêque ou à celui qui exerce fa jurifdiction, dans dix jours après la mort du teftateur; & il aura 12. qu'ils foient fidellement executez. Les faux témoins feront fuftigez, fi le juge ne trouve રે t. 8. propos de les en difpenfer par une amende. Ceux qui ont deux femmes en même temps feront pu bliquement dénoncez infames, & mis fur l'échelle publique, puis fuftigez s'ils ne s'en rachetent par une amende. On punira de même ceux qui feront convaincus de fortilege.

[c. 12 foin

Le fiege métropolitain de Bourges fut digne Gall. Chr. ment rempli cette année par Philippe Berruier, 10.1.p.176. Simon de Sully étoit mort quatre ans aupara Patr. Bitur. 6.70.p.110. Vant, le huitiéme Août 1232. & on compte Alberic. fiege pour vacant pendant cet intervalle: tou#541.554 tefois après quelques autres élections ont élut un

le

docteur nommé Pierre de Châteauroux, qui fur déposé deux ans après ; & la provifion étant

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dévolue au pape, il transfera à Bourges Philippe évêque d'Orleans depuis quatorze ans. Il AN. 1236. étoit archevêque dès la fin d'Août 1236. & le fut Patr. c. 71. vingt-quatre ans, pendant lefquels il cultiva plus p. 112. qu'il n'avoit encore fait toutes les vertus chréSup. liv. tiennes & épifcopales. La même année deux ar- 1. 61. Gall. chidiacres de Paris tous deux docteurs celebres Ch. to. 2. furent élus archevêques, Geofroi de Besançon p. 252.

& Aimeri de Lion.

me de fon

LXXVIII.

Alber.

LX.

Robert

En Angleterre le roi Henri cette année vingtié- P. 560. regne établit Ranulfe abbé de Ramefei fon jufticier, pour tenir les plaids avec trois Groffe-tête autres commiffaires dans les cemtez de Bede- évêque de

fort & de Bouquincam. L'évêque de Lincolne, Lincolne. dans le diocefe duquel étoit cet abbé, Monaft. écrivit Ang. to. x. fur ce fujet à faint Edmond archevêque de Can. p. 241, ap, zorberi, & lui dit : Si l'abbé accepte cette com- Rain. n.5 2 miffion, il fe charge de juger même les causes de fang, & il n'en fera pas quitte pour se lever quand on fera prêt à prononcer la condamnation, vû même que cette action fera connoître le jugement qui doit fuivre. De plus felon les il n'eft pas permis à aucun clerc d'exercer une jurifdiction féculiere, fous peine d'être privé des fonctions ecclefiaftiques, & de punition plus fevere contre les religieux. C'est pourquoi je me jette à vos pieds, & vous fupplic inftamment de perfuader au roi qu'il revoque la commiffion, de peur que vous ne vous rendiez vous-même coupable de cet abus, qui tend

canons,

à la

perte des ames. Que fi le roi ne veut pas revoquer la commiffion, & fi l'abbé veut l'exerser au préjudice de fou ame, dont je fuis charge je vous fupplie de me donner confeil. Car je ne m'oppole point à ce défordre en menafant l'abbé des cenfures ecclefiaftiques, je m'at

tire ce reproche du prophete Ezechiel: Vous Exech. xxi 'avez pas marché contre, & ne vous êtes pas 15.

oppofé comme un mur pour la maison d'Ifraël. AN. 1236. Mais fi je m'y oppose, les officiers du roi faifiront & pilleront mes biens ; & comme on n'a point encore vû en ces quartiers de semblable oppofition, je ferai la rifèe des sages du monde. Toutefois comme aucun peril temporel ne peut entrer en comparaison avec le moindre péril éternel : j'ai de la honte de vous avoir demandé confeil en une affaire fi claire: Je vous demande donc votre ordre de m'oppofer de tout mon pouvoir en cette rencontre pour la liberté de l'églife & le falut des ames: car appuïé de votre autorité je pourrai avec l'aide de Dieu me soûtenir contre les efforts des méchans.

Godeüin. de praful. P. 348. Angl. Sac. tom. 2. p. 325.

L'évêque de Lincolne qui écrivit cette lettre étoit Robert Groffe-tête, en Anglois Grouthead. Il étoit né à Stodbroc au comté de Suffolc de

baffe condition & de parens pauvres ; mais il se diftingua par fa doctrine & par fa vertu. Il étudia premierement à Oxford; puis à Paris, où il reçut le degré de docteur, & acquit une gran de réputation. Etant revenu en Angleterre il fut Matth. Pa- archidiacre de Leiceftre, puis évêque de Linrif. 1235. colne, après la mort de Hugues de Velles arriP. 345. vée le feptiéme de Fevrier 1235. Robert Groffetête fut facré à Reding par faint Edmont archevêque de Cantorberi, le troifiéme jour de Juin de la même année. Les moines de Cantorberi reclamerent contre ce facre, prétendant qu'il ne devoit fe faire que dans leur église : toutefois pour ne pas faire perdre aux prélats qui s'étoient affemblez, leur peine & leur dépenfe, ils y confentirent fans tirer à confequence. Robert tint le fiege de Lincolne dix-huit ans.

LXI.

Plaintes de

L'empereur Frideric fe rendit à Ausbourg l'empereur dans le temps qu'il avoit marqué, & en partit la & juftifica- veille de la faint Jacques vingt-quatrième de Juiltion du pa- let 1236. pour entrer en Italic accompagné de

pe

mille

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