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jufques à Paris, qui lui prefenterent des pieces d'écarlate & des vafes précieux: en quoi ils fu- AN. 1237. Trent blâmez, tant pour les prefens que pour la qualité; car par l'écarlate ils fembloient le reconnoître pour légat. Otton ne prit pas tout ce qu'on lui offrit à fon arrivée ; & ce refus contraire à la coûtume des Romains modera l'indignation conçue contre lui. Quant aux revenus des benefices vacans il les diftribua largement à ceux de fa faite. Le roi vint le recevoir au bord de la mer, s'inclina jusques à fes genoux, & le conduifit avec honneur au dedans du roïaume. Les évêques, les abbez & les autres prélats le reçurent avec toute forte de refpect en proceffion & au fon des cloches.

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Le légat commença par reconcilier plufieurs Matth. Par. d'entre les grands, qui étoient mal enfemble de- p. 374. puis long-temps: comme Pierre évêque de Vincheftre, Hubert comte de Cant & plufieurs autres. Enfuite il écrivit à tous les prélats d'Angleterre de fe trouver à Londres au jour de l'octave de faint Martin dans l'église de faint Paul pour connoître les pouvoirs qu'il avoit reçus du pape, & y tenir un concile touchant la réformation de l'églife Anglicane. Or le roi d'An- p. 376. gleterre s'étoit rendu odieux aux grands du roïaume , en méprifant leurs confeils comme ceux de fon frere Richard comte de Cornouaille, pour écouter des étrangers. Ils difoient qu'il s'étoit livré aux Romains, principalement au légat jufqu'à dire en particulier & en public, qu'il ne pouvoit difpofer de rien dans fon roïaume fans le confentement du pape ou du légat: en forte qu'il ne fembloit pas être roi, mais vaffal du pape. Cependant on apportoit toûjours au legat de riches prefens des palefrois, de la vaiffelle, des habits, des fourrures, de l'argent, des provifions de bouche. Le feul évêque de

Vincheftre fçachant qu'il devoit paffer à Londres, AN. 1237. lui envoïa cinquante boeufs gras, cent charges de pur froment, & huit muids d'excellent vin. Les autres à proportion.

P. 377.

Le légat fe trouva à une affemblée de seigneurs que le roi Henri avoit convoquée à Yorc pour l'exaltation de la fainte Croix, c'eftà-dire à la mi-Septembre. Alexandre roi d'Ecoffe y vint auffi appellé par le roi d'Angleterre & par le légat, & les deux rois terminerent leurs differends. Le légat voulut enfuite entrer en Ecoffe fuivant fa commiffion pour y régler les affaires ecclefiaftiques comme en Angleterre mais le roi d'Ecoffe lui dit: Je ne me fouviens point d'avoir vû de légat dans mon roïaume, & il n'eft pas befoin d'y en appeller, tout y va bien graces à Dieu. Je n'ai point même oui dire qu'il en foit venu du temps de mes prédeceffeurs, & je ne le fouffrirai point, tant que je ferai en mon bon fens. Toutefois parce que vous avez la réputation d'être un faint homme, je vous avertis, fi vous entrez dans mon roïaume, d'être bien fur vos gardes, de peur qu'il ne vous arrive accident. Car les habitans font des hommes fauvages & indomptez, alterez du fang humain, que je ne puis foûmettre moi-même, ni les retenir s'ils veulent vous infulter. Ils ont même voulu depuis peu me chaffer du roïaume comme vous pouvez avoir appris. Le légat aïant oui ce difcours modera fon defir d'entrer en Ecoffe, & ne quitta plus le roi d'Angleterre qui lui étoit fotmis en tout. Mais il laifa avec le roi d'Ecoffe un Italien fon Union des parent, que ce prince fit chevalier, & lui donna une terre pour ne paroître pas en tout refifter au pape.

II.

chevaliers

de Chrift avec les Teutoniques.

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En Livonie le chevaliers de Chrift & les croifez furent défaits par les infideles, qui

1236.

Petr. de

en firent un grand carnage vers la fête de faint Maurice, c'eft-à-dire, le vingt-deuxième de Sep- AN. 1237 tembre 1236. Volquin fecond maître de l'ordre Alb. Stad. y fut tué avec cinquante de fes chevaliers. Or il y avoit déja fix ans qu'il avoit envoïé une dépu- Dufburg. tation folemnelle à Herman de Salze maître geChr. Pruff neral des chevaliers Teutoniques pour procurer. 18. l'union de fon ordre avec celui de ces chevaliers; & Herman étoit allé avec frere Jean de Magdebourg député de Volquin, folliciter le pape pour cette affaire. Cependant frere Gerlac le Roux vint de Livonie, & apporta la nouvelle de la défaite des Chrétiens & de la mort de Volquin: ce qui détermina le pape à conclure l'affaire. Il revêtit frere Jean & frere Gerlac de l'habit des chevaliers Teutoniques, leur donnant le manteau blanc avec la croix noire; & enjoiguit d'en faire de même à tous les autres chevaliers de l'ordre de Chrift en Livonie, nommez autrement freres de l'épée. Le pape autorifa cet- x1. ep. 64. te union par une bulle adreffée aux trois évê- ap. Rain, ques de Riga, de Derpt & d'Ofidic, fiege qui 1237.11.64 m'eft inconnu ; où il dit en fubftance que les freres de l'ordre de Chrift ont plufieurs fois demandé d'être incorporez à celui des freres Teutoniques de fainte Marie: efperant par cette union foûmettre plus facilement les infideles. C'est pourquoi, continuë-t'il, nous avons jugé à propos de les unir avec tous leurs biens, en forte qu'ils demeurent fous la jurifdiction des évêques diocefains & de leurs autres fupérieurs. La butle eft du treiziéme de Mai 1237. en ce même temps le pape écrivit à Guillaume ancien évêque ep. 66. ibid. de Modene & fon légat en Livonie, de rendre ap. Rain. favorable le roi de Dannemarc aux chevaliers 1240.1.31 Teutoniques, lorfqu'ils viendroient s'établir

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dans fes états.

Mais peu d'années après ces chevaliers donne

rent fujet à l'évêque de Pruffe de faire au pape AN. 1237. de grandes plaintes contre eux. Ils détournoient les naturels du païs d'embraffer la foi chrétienne, afin d'exercer fur eux une domination plus dure: ils traitoient fi cruellement les nouveaux Chrétiens, que plufieurs retournoient à leur ancienne fuperftition. Quoique les chevaliers euffent reçu de l'évêque de grandes terres & d'autres bienfaits, & qu'ils euffent juré de lui conferver fes droits, ils ne laiffoient pas de les lui difputer & d'ufurper fes revenus ; & ils avoient tué un noble Pruffien qui lui avoit été donné en ôtage, parce qu'il ne vouloit pas leur païer une certaine fomme d'argent. C'eft ce qui paroît par une lettre du pape écrite en 1240. à l'évêque de Mindin, portant ordre d'obliger ces religieux à donner fatisfaction à l'évêque de Pruffe.

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Le pape certifie les ftigmates.

de S. Fran

çois.

En Bohême Frideric évêque d'Olmuts publia une patente, portant que ni faint François, ni aucun autre faint ne devoit être peint dans l'églife avec les ftigmates, que qui foûtenoit le con traire pechoit, & ne méritoit point de créanVading ce: comme étant ennemi de la foi. Evechard de ann. 1237. l'ordre des freres Prêcheurs paffa plus avant: B. 1. 2. 3. car étant venu à Oppau ville alors de Moravie, Rain. n.60. maintenant de Silefie, il prêcha publiquement que faint François n'avoit point porté les ftigmates fur fon corps; que les freres Mineurs étoient des impofteurs & de faux prédicateurs, qui ne le difoient que pour faire valoir la quête ; & qu'il pouvoit les excommunier par l'autorité du pape. Le pape l'aïant appris écrivit aux fuperieurs de l'ordre, de fufpendre ce religieux de la prédica tion, & de le lui envoïer pour être puni felon fes mérites, & en même temps il écrivit à l'évêque d'Olmuts en particulier & en general à tous les fideles d'Allemagne, pour certifier la vérité des ftigmates de faint François, comme aïant

été le principal motif de sa canonisation. Ces lettres font du mois d'Avril 1237.

AN. 1237.

IV.

Ric. S. Gerà

an. 1237.

Pendant ce même mois l'empereur Frideric qui étoit en Allemagne envoya au pape Gre- Ermites de goire Herman maître de l'ordre Teutonique, & faint Aule docteur Pierre des Vignes fon chancelier guftin. pour le prier de procurer la paix à la Lombardie, en l'obligeant de conferver les droits de l'empire. Le pape les écouta en presence des car- xr. ep. 83. dinaux, & manda à l'empereur qu'il avoit en- ap. Rain, në voyé pour cet effet deux cardinaux légats en f Lombardie, Rainald évêque d'Oftie, & Tho- Mon. Pad. mas prêtre du titre de fainte Sabine. La lettre eft Chr. 1137. du vingt-deuxième de Juin 1237. L'empereur entra en Italie avec son armée au mois de Septembre, fut reçu à Mantouë, prit quelques places, & fit le dégat dans le Breffan. Enflé de ces fuc- Vita Greg. cez, il ne voulut pas feulement donner audience ap. Rain, ne aux légats du pape, & ils furent obligez de s'en

retourner à Rome.

Ric. S. Ger.

6.

Pendant qu'ils étoient en Lombardio ils reçurent des plaintes de la part des freres Mineurs contre les Ermites difciples de Jean le Bon de l'ordre de faint Auguftin. Il nâquit à Mantouë l'an 1168. & fut nommé Jean du nom de fon pere, & furnommé le Bon du nom de fa mere Bonne. Après la mort de fon pere il parcourut S. Antons divers pays faifant le métier de Jongleur: ainfi tit.24.c.13 nommoit-on alors ceux qui chantoient &pologet.§. 20 Vading. Ajoüoient des inftrumens pour divertir les au- n.6. tres. Sa mere cependant prioit & répandoit beaucoup de larmes pour fa converfion; & Dieu Texauça, car Jean étant tombé griévement malade, fit de ferieufes refléxions fur les perils du fiecle, & fit vœu de fe donner entierement à Dieu s'il lui rendoit la fanté. Etant gueri il fit une confeffion exacte à l'évêque de Mantouë, puis fa mere étant morte, & lui âgé

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