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de quarante ans, il fe retira dans la Romagne AN. 1237. à un mille de Cefene dans un défert où il fit une penitence fi-rude, que les circonftances qu'on en Rub lib. 6. rapporte paroiffent incroyables. Sa reputation lui attira plufieurs difciples; & fon autorité étoit telle qu'en 1225. les citoyens de Ravenne & ceux de Cervia le prirent pour arbitre de leurs differends.

P. 393.

Vading. Ses difciples fe difoient Ermites de l'ordre de 1237... faint Auguftin, & portoient des tuniques ceinapol. tes d'une corroye, tantôt tenant des bâtons à la

§. 4. 22. 3.

Neftoriens.

main, tantôt fans bâtons: ils demandoient l'aumône, & recevoient de l'argent comme autre chofe enfin ils varioient tellement leur exterieur, qu'on les prenoit quelquefois pour des freres Mineurs, ce qui diminuoit envers ceuxci la charité des fideles. C'eft dequoi il fe plaignirent aux légats, l'un defquels, fçavoir l'évêque d'Oftie étoit leur protecteur. Les légats en écrivirent au pape, qui répondit que les ermites devoient choifir un habit noir ou blanc avec des manches larges femblables à celles des coulles que portes les moines, avoir pardeffus de larges ceintures de cuir, & porter à la main des bâtons de cinq palmes de haut: que leurs habits ne fuffent pas fi longs qu'on ne pût voir leurs fouliers, & qu'en demandant l'aumône, ils diffent expreffément de quel ordre ils étoient. C'est ce que le par pe ordonna pour lors, & qu'il confirma trois ans après par fa bulle du vingt-quatrième de Mars 1240.

Réunion Cependant le pape reçut une lettre de Philipdes Jacobi pe prieur des freres Prêcheurs dans la terre tes & des fainte, où il difoit: Le patriarche des Jacobites Orientaux homme venerable par fon age, fa fcience & la vertu, eft venu cette année faire fes prieres à Jerufalem, avec une fuite nomRainald. breufe d'évêques & de moines de sa nation. Nous eod. n. 87.

Matth. Par.

1237. p.

372.

lui avons expliqué la foi catholique, & avec la

5 que

0. grace de Dieu nous l'avons amené à ce point, AN. 1237. le dimanche des Rameaux à la proceffion folemnelle qui fe fait du mont des Oliviers à Jerufalem, il a promis obéïffance à l'église RoAmaine, abjurant toute forte d'herefie, & nous a donné fa confeffion de foi écrite en Chaldéen & en Arabe: il a même pris notre habit en partant. Sous fon obédience font les Chaldéens, les Medes, les Perfes & les Armeniens, dont les païs font déja ravagez par les Tartares pour une grande partic. Son obedience s'étend fui foixante & dix provinces habitées d'une multitude innombrable de Chrétiens fujets toutefois & tributaires des Sarrafins, excepté les moines qui ne paient point de tribut. Deux archevêques ont fait la même foûmiffion, l'un Jacobite d'Egypte, l'autre Neftorien d'Orient, qui font reconnus pour fupérieurs en Syrie, & en Pheni cie ; & nous avons déja envoié quatre de nos freres en Armenie, pour apprendre la langue, voulant fatisfaire aux inftantes prieres du roi & des feigneurs.

Nous avons reçu plufieurs lettres du patriarche des Neftoriens, dont l'obédience s'étend dans la grande Inde, le roïaume du prêtre Jean & les états les plus proches de l'Orient; & il a promis à frere Guillaume de Montferrat, qui a demeuré quelque temps auprès de lui, de fe réunir à l'églife. Nous avons encore envoie de nos freres en Egypte vers le patriarche des Jacobites du païs, dont les erreurs font plus grandes que celles des Orientaux, & ils y ajoutent la circoncifion comme les Sarrafins: ce patriarche nous a auffi témoigné vouloir revenir à l'unité de l'églife. Il a deja retranché plufieurs erreurs & defendu de circoncire ceux de son obédience. Elle s'étend dans la petite Inde, l'Ethio

pie & la Lybie, outre l'Egypte: mais les EthioAN. 1237. piens & les Lybiens ne font point fujets des Sup. liv. Sarrafins. Quant aux Maronites du Mont Liban,

XXIII.

88.

Matth. Par. P. 372.

ils font revenus depuis long-temps à l'obéïssance de l'églife, & ils y perfeverent. Toutes ces nations acquiefcent à la doctrine de la Trinité & à nos prédications: les Grecs font les feuls qui perfeverent dans leur malice, & qui s'oppofent par tout à l'églife Romaine, en cachete ou à découvert. Ils blafphement tous nos facremens, & traitent de mauvaise & d'heretique toute fecte différente de la leur. Voïant donc une fi grande porte ouverte à l'évangile, nous nous fommes mis à apprendre les langues, nous en avons établi une école en chacun de nos convents ; & nous avons déja des freres qui prêchent en diverfes langues, principalement en Arabe, qui eft la plus commune dans le païs. La lettre finit par la mort du B. Jourdain general de l'ordre, ce qui montre qu'elle est écrite

en 1237.

Philippe écrivit en même temps à frere Godefroi penitencier du pape, qui fit part de ces nouvelles aux prieurs de l'ordre en France & en 11. ep. 172. Angleterre ; & le pape écrivit au patriarche des ap. Rain. n. Jacobites une lettre dattée du vingt-huitième de Juillet, où il témoigne une joïe extrême de la réunion. Mais le patriarche n'avoit fait cette démarche que par la crainte des Tartares : il s'étoit adreffé aux Mufulmans & aux autres dont il efperoit du fecours; & n'en aïant point reçu il s'adreffa aux Chrétiens qui en effet le fecoururent promptement. Enfuite la tempête étant paffée, les plus puiffans de fa communion le fi rent renoncer à celle de l'églife Romaine.

VI. Pierre

Vers ce temps-là le pape Gregoire appella auMauclerc près de lui Pierre de Dreux ancien duc de Breduc de Bre- tagne, pour être de fon confeil, au grand éton

Lagne.

nement de plufieurs: qui voïoient que le pape

liv. VI. B.

confioit les affaires les plus difficiles à un prin- AN. 1237. ce noté de plufieurs trahisons. Pierre de Dreux Matth. Par. de Braine étoit de la maison de France defcendu P. 369. du roi Louis le Gros: pendant fa jeuneffe il Lobineau: avoit étudié long-temps à Paris étant destiné à hift. Bret. l'état ecclefiaftique: mais il le quitta pour fui- 100. vre la profeffion des ames, d'où lui vint le furnom de Mauclerc. Ayant épousé l'heritiere de ». 96. Bretagne il en devint duc en 1214. & la gouverna vingt trois ans mais il fe revolta fouvent contre le roi de France fon fouverain, & rompit fouvent les alliances qu'il avoit avec le roi d'Angleterre. D'ailleurs il fut presque toûjours en differend avec les évêques & le clergé de la province. Dès l'année 1217. l'évêque & le Liv. viņ chapitre de Nantes fe plaignirent au pape Ho- ". 12. norius de fes vexations & de fes violences, & l'excommunication prononcée contre lui par l'évêque fut confirmée par l'archevêque de Tours. Les cenfures étant inutiles, l'évêque porta fa n. 26j plainte au roi Philippe Augufte en 1220. le duc fit un traité avec l'évêque, mais fans exc

cution..

Le duc Pierre fut encore excommunié par l'évêque de Rennes, & la fentence confirmée par le pape Gregoire IX. en 1228. Enfin ces dif- n. 528 ferends avec les évêques ayant été examinez par les deleguez du faint fiége, ils lui donnerent ". 84. l'abfolution en 1230. à certaines conditions qu'il n'observa pas, en forte que quatre ans après fur n. 119. les plaintes des évêques & des barons, le roi fit faire contre lui des enquêtes, par lesquelles il fut convaincu de plufieurs ufurpations fur leurs droits. Mais en 1237. Jeau fon fils aîné ayant n. 12 atteint l'âge de majorité, il lui ceda le duché de Bretagne, & ne fe qualifia plus que Pierre de Braine chevalier. Il étoit en cet état quand le

pape le mit de fon confeil en confideration de fa AN. 1237. nobleffe, de fa valeur, de sa capacité & de son experience dans la guerre,tant fur terre que fur mer. *. 137. Îl le choifit donc pour lui confier la conduite de l'armée chrétienne contre les infideles: & la difpenfation des fommes d'argent deftinées à l'entretien des croifez.

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Londres.

to. X1. conc.

p. 528.

En Angleterre le concile convoqué par le léConcile de gat Otton fe tint à Londres au temps marqué, c'est-à-dire le lendemain de l'octave de faint MarId. p. 377. tin dix-neuvième de Novembre. Ce premier jour le légat ne s'y trouva point, parce que les prélats l'avoient prié de leur donner la liberté d'examiner les decrets qu'il avoit propofez de faire, & d'en deliberer entre eux, de peur qu'il ne ftatuât quelque chofe à leur prejudice. On voit ici quelle étoit la liberté de ces conciles, où les légats préfidoient, & où ils apportoient des decrets tout dreffez que l'on n'ofoit examiner en leur prefence. Le lendemain vingtiéme 10. Novem, de Novembre le légat vint de grand matin dans l'églife cathedrale de faint Paul,où le roi à fa pricre avoit fait cacher en divers lieux jufques à deux cens hommes armez. Car le légat craignoit fort pour fa perfonne: parce qu'on difoit qu'il vouloit ufer d'une extrême rigueur contre ceux qui avoient plufieurs benefices, principalement contre les bâtards. La foule étoit fi grande dans F'églife, qu'il eut peine à y entrer; il alla d'abord devant le grand autel, où il se revêtit d'un furplis, & par deffus de la chape de choeur fourrée de verd avec la mître en tête. Enfuite il marcha en proceffion à fon fiége, étant précedé par les deux archevêques de Cantorberi & d'Yorc. Ce fiége étoit fort élevé & orné magnifiquement de tapis & de rideaux: le légat y monta, & les deux archevêques s'affirent à fes côtez, celui de Cantorberi à la droite & celui d'Yorc à la gauche.

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