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affifteront à tout l'office divin, particulieremen An. 1238. à la conference & à complies. Ils pratiqueront l'hofpitalité charitablement & agréablement. Ils feront écrire avec la régle les conftitutions des papes qui les regardent & qui font dans la compilation de Gregoire IX. & feront foigneux de les apprendre. Ces conftitutions font enfuite rapportées. Matthieu Paris moine noir lui-même p. 406. ajoûte à la fin de ce récit, que les abbez assemblez par le légat reçurent unanimement cette reforme comme venue du ciel, & la firent publier dans tous leurs chapitres, châtiant rigoureufe

XIV.

P.396.

ment tous les contrevenans.

Le légat Otton étant venu à Oxford y fut re Le légat in- çu avec grand honneur & logé près de la ville fulté à Ox- à Ofnei abbaïe de chanoines réguliers de l'ordre fort. de faint Auguftin. Les écoliers lui envoïerent Matth, Par. avant le dîner un prefent honnête pour la table Menaf. Ang & vinrent après le dîner pour le faluer. Mais le 1. 2. p. 136. portier Italien entr'ouvrant la porte leur parla M. Vvefm. rudement & leur refufa l'entrée, les chargeant 2.98. d'injures. Les écoliers forcerent la porte & entrerent avec impetuofité ; & les Romains voulant les repouffer, il fe forma un combat à coups de poing & de bâton. Le maître d'hôtel étoit le frere du légat, qui lui avoit donné cette commif 4. Reg. xxv. fion craignant d'être empoifonné, & les écoliers. 8. juxta 70. l'appelloient par dérifion Nabuzardamı du nom

7.397.

d'un maître d'hôtel de Nabucodonofor. Etant dans la cuisine pour donner fes ordres, il vit un pauvre prêtre Hibernois à la porte, où il attendoit quelques reftes de la defferte ; & le maître d'hôtel en colere lui jetta au visage de l'eau boüijllante d'une chaudiere.

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Alors un clerc de la frontiere de Galles s'écria: Quelle honte ! Pourquoi le fouffrons-nous? Il banda un arc qu'il portoit car le tumulte croiffant quelques écoliers avoient pris les ax

mes qu'ils trouveient fous leurs mains. Celui-ci donc tira une fleche, & en perça au travers du AN. 1238. corps le frere du légat qui tomba mort.

On

fit un grand cri; le légat effraïé se fauva dans la tour de l'églife revêtu d'une chape de chanoine, & ferma les portes fur lui : mais la nuit aiant féparé le combat, il monta un bon cheval & vint en diligence trouver le roi fon protecteur. Cependant les écoliers en furie le cherchoient par tout en criant? Où est-il, cet ufurier, ce fimoniaque infatiable d'argent, qui féduit le roi, qui enrichit des étrangers de nos dépouilles ? Ces cris qu'il entendoit en partant hâterent fa courfe ; & la plupart des gens de fa fuite demeurerent cachez dans l'abbaïe, Le roi touché des plaintes du légat envoïa promptement à Oxford le comte de Varenne avec main-forte, pour délivrer les Romains qui s'étoient cachez, & prendre les écoliers, dont trente furent emprisonnez dans un château voifin. Mais le légat aïant affemblé quelques évêques mit en interdit la ville d'Oxford, fufpendit tous les exercices de l'univerfité, & excommunia tous ceux qui avoient pris part à cette violence: enfuite les prifonniers furent transferez à Londres, & dépouillez de leurs biens.

Le légat voulant avoir fatisfaction de cette infulte, convoqua l'archevêque d'Yorc & tous les évêques d'Angleterre pour s'affembler à Lon dres le dix-feptième de Mai 1238. Les évêques, confidererent attentivement l'importance de conferver l'université d'Oxford, qui étoit en Angleterre comme une feconde églife, & ils reprefenterent au légat que la querelle avoit commencé par fes domeftiques, & qu'à la fin les écoliers avoient été les plus maltraitez. Et convinrent toutefois de lui faire fatisfaction, &

en effet s'étant affemblez à faint Paul ils en AN. 1238. vinrent à pied jufqu'au logis du légat à près d'un mille de distance; & fe prefenterent de vant lui fans manteaux, fans ceintures & dé. chauffez, lui demandant humblement pardon. Il le leur accorda, rétablir l'université à Oxford dont il leva l'interdit, & leur donna des lettres pour empêcher que cet accident ne leur attirât aucun reproche d'infamie.

XV.

ces con

394.

,

Le légat Otton ne réüffit pas à l'égard de la Pluralité pluralité des benefices. Car le pape aiant condes benefi- fulté fur ce fujet en conféquence de la remondamnée. trance de l'évêque de Vorchestre écrivit au Sup. n. 7. légat en ces termes : Nous avons appris qu'il ap. Matth. y a des clercs en Angleterre qui ont plufieurs Parif. p. benefices, & qu'à cause du pouvoir de leurs parens on ne pourroit proceder contre eux fuivant le decret du concile general, fans trou bler le roïaume, & donner occafion de répan dre du fang. Or nous confiderons, qu'encore qu'on ne doive jamais commettre de peché pour ce fuEviter le fcandale, on peut toutefois pour jet differer le bien que l'on doit faire. C'eft pourquoi nous vous mandons de furfeoir, fi vous ne pouvez proceder contre ces clercs fans trop de fcandale.

Guillaume évêque de Paris fit décider cette année la queftion de la pluralité des benefices. Dibouľái Elle avoit déja été agitée dans une dispute fo30. 3. 164. lemnelle, où tous les docteurs en théologie exAlberic, cepté deux déciderent contre la pluralite. Ces 561. deux étoient Philippe de Greve chancelier de Duboulai l'univerfité qui mourut en 1237. fans avoir 2.3.p.705. changé de fentiment ; & Arnold ou Arnoul,

qui fut évêque d'Amiens la même année. Philippe étoit docteur & prédicateur fameux, mais fort oppofé aux religieux mandians. Il reftede

lui plufieurs fermons.

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P

19.

Quant à la feconde affemblée Thomas de Canetinpre de l'ordre des freres Prêcheurs en parle AN. 1238. ainfi: L'an 1238. j'étois à Paris, où l'évêque Cantipr. 1. Guillaume qui avoit regenté en theologie con- de Apib.c voqua tous les docteurs dans le chapitre des freres Prêcheurs. On y propofa la question de la pluralité des benefices, & après une longue difpute on décida que l'on ne pouvoit en con fcience en tenir deux, pourvû que l'un des deux valût quinze livres parifis: c'étoit près de deux v. Leblanc, cens livres de nôtre monoïe, car le four tour. p.190. nois en valoit plus de dix de nôtres, & le pas rifis à proportion. ainfi que déciderent Guillaume évêque de Paris, frere Hugues de l'ordre des freres Prêcheurs de puis cardinal, frere Guerri & frere Geofroi du même ordre de celui des freres Mineurs Jean de la Rochelle; & plufieurs autres docteurs en theologie le déciderent enfuite dans leurs éco

les.

L'auteur continue: C'eft

Nous avons fur ce fujet un traité de Guillau- De Collat me de Paris, où il explique les raifons qui lui benef.c.6. font condamner la pluralité des benefices. Il to. 2. in fin.. avouë d'abord que les opinions font partagées, & que plufieurs perfonnages confiderables foûtiennent l'affirmative, en forte qu'il femble temeraire de décider au contraire. Paroles qui montrent que ce traité eft écrit avant la décision que je viens de rapporter, & peut-être même avant que l'auteur fut évêque. Il continue: Si la queftion eft douteufe, le doute même montre certainement qu'il n'eft pas permis d'avoir plufieurs benefices. Car perfonne ne doute qu'il

pas permis de s'expofer au péril de commettre un peché mortel. De plus perfonne ne foutient l'affirmative en cette question, que celui qui a plufieurs benefices ou qui defire les avoir; & dès-là il se fait juge en fa propre cause :- aus

contraire celui qui foutient la negative, s'oblige AN. 1238. à n'avoir jamais qu'un benefice.

de

Il vient enfuite à des raifons plus particulie res. Le revenu ecclefiaftique eft donné pour la fubfiftance de celui qui fert l'églife: or il ne peut en fervir qu'une, & ne doit avoir qu'une fois fa fubfiftance: ce n'eft donc point la cha rité qui en fait garder plufieurs, mais la feule" cupidité. La pluralité ne s'étendoit guere alors qu'aux prébendes & aux dignitez des chapitres: car la pluralité des benefices à charge d'ames étoit trop odieuse, & il y avoit encore peu commendes ou de benefices fimples. Auffi l'auteur prend tous fes exemples des chanoines, & montre que celui qui a plufieurs prébendes en diverfes églifes fruftre l'intention des fondateurs; qui ont voulu qu'en chacune il y eût un certain nombre de chanoines. Cette pluralité, dit-il, prive l'églife d'un grand nombre d'officiers & fait qu'elle eft mal fervie, tandis qu'un feul confume la fubfiftance de plufieurs. Enfin il est évident que celui qui entaffe plufieurs benefices, n'y regarde que le temporel, & nullement le fpirituel, ni la fonction. Outre l'interêt prefent une autre raifon faifoit alors defirer les prebendes en diverfes cathedrales, fçavoir 6. Nangis. l'efperance d'en être élû évêque. Saint Louis fuiGauf. p. vit dans la pratique la décifion de l'école de Pa455. to. 5. ris pour la diftribution des benefices qui dépen"Duchefne. doient de lui: car quelque fcience ou quelque reputation qu'eût un ecclefiaftique, s'il avoit déja un benefice, il ne lui en conferoit point d'autre, qu'il ne refignât le premier purement & fimplement.

369.

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Thomas comte de Savoye eut quinze enfans, neuf fils & fix filles, dont l'une fut Beatrix comteffe de Provence mere d'Eleonor reine d'Angleterre. Cinq des fils entrerent dans l'état

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