re alla jufques à déchirer fes habits & les jetAN. 1239. ter dans le feu. Alors les moines du chapitre P. 465. de Vincheftre envoyez à Rome obtinrent du pape une bulle, portant qu'ils ne pourroient élire pour leur évêque aucun étranger odieux au royaume, par quelque recommandation ou juffion que ce fut, mais qu'ils éliroient librement & canoniquement celui qu'ils croiroient le plus digne. De quoi le roi entra en une furieufe colere: comme s'il n'eût pû trouver d'Anglois capable de remplir ce fiege.

P. 413

ces

XXXII.

Frideric.

La même année le dix-neuvième de Juin nâquit à Londres un fils à ce prince qu'il fit nommer Edouard. L'évêque de Carlile le catechifa, c'eft-à-dire qu'il fit fur lui les exorcifmes; le légat Otton le baptifa, quoiqu'il ne fut pas prêtre, & faint Edmond archevêque de Cantorberi le confirma. Il eft remarquable que l'on divisât les ceremonies du catecumenat, & que l'on donnât encore la confirmation tout de fuite. L'enfant eut neuf parains, trois évêques, Roger de Londres, Gautier de Carlile, Guillau me de Rele élur de Norvic: trois comtes & trois autres dont étoit Simond le Normand archidiacre de Norvic.

Cependant le pape envoya en qualité de légat Le pape ex- Jacques évêque de Paleftrine autrefois moine de cite les prin- Cifteaux, pour publier par toute la France la fencontre tence d'excommunication contre l'empereur G. Nang. Frideric. Il étoit porteur d'une lettre du pape Duchefne, Gregoire au roi faint Louis, où après s'être 20.5.p.335. étendu fur les louanges des rois de France to. XI. cone. qu'il reconnoît avoir été de tout temps fermes P.366. dans la foi & zelez protecteurs de l'églife; il Gal. p. 1o, ajoûte: C'eft pourquoi nous recourons à vous

Preuv. lib.

avec une grande confiance pour vous découvrir les playes que Frideric fait à l'églife; en s'ingerant aux divins myteres dont il s'éloignoir

comme un païen avant fa condamnation ; & publiant contre nous des lettres remplies d'impoftu- AN. 1239. res. Il recommande enfuite au roi le légat: & dit qu'il y a plus de mérite à combattre Frideric ennemi de la foi, qu'à retirer la terre fainte d'entre les mains des infideles. La lettre eft du vingt- Ric. S. Ger uniéme d'Octobre 1239. & le légat partit au mê- p. 1033. me mois : mais craignant de tomber entre les mains de Frideric, il fe déguifa en pelerin, & avec un feul compagnon il alla par terre jusques à Genes où il s'embarqua.

Sup. liv. KX11.3.43*

Le pape écrivit auffi en Allemagne deux let- Ball. Greg. tres contre Frideric adreffées à Albert archidia- IX. n. 13. cre de Paffau & à Philippe d'Affife fon nonce. Dans la premiere dattée du vingt-quatrième de Septembre, il fe plaint que quelques-uns donnent du fecours à Frideric contre Dieu & l'églife Romaine, & que ce prince voulant à tort retenir l'empire, maltraite les feigneurs qui refufent de confentir à fes crimes, fans avoir égard à leurs privileges, il les emprifonne, les profcrit, les fait tuer en trahifon & les expofe eux affaffins païens: chofe inouie d'un prince chrétien. Il a chaffé du roïaume de Sicile, qui eft le patrimoine de faint Pierre, quelques évêques, après les avoir dépouillez de leurs biens coclefiaftiques & autres. Il a profané des églises dépouillé des pauvres, des veuves, des orphelins & des religieux; & en a même fait brûler un de l'ordre des freres Mineurs fans forme de procès. Au mépris de notre fentence d'excommunication, il a fait celebrer publiquement devant lui l'office divin; & dit que cette fentence ne doit point être obfervée: en quoi il fe déclare heretique. Le pape conclut en défendant à tous les prélats, les feigneurs & les fideles d'Allemagne de donner aucun fecours à Frideric; & ordonnant aux deux commiffaires de faire executer

:

cette défense, en excommuniant les contrere -AN. 1239. nans. La feconde lettre dattée du vingt-troifie me de Novembre n'eft que la répetition de la

Matth. Par.

P. 453.

an. 1239. $240.

même défense, & un ordre réïteré pour l'execution.

Mais les prélats d'Allemagne furent peu touchez de ces menaces: ils prierent le pape de ne All. Stad. les point contraindre à publier ces cenfures contre l'empereur; & de fonger au contraire à faire la paix avec lui, pour appaifer le scandale excité dans l'églife. Bertold patriarche d'Aquilée eut fi peu d'égard aux cenfures du pape, qu'il communiqua avec l'empereur Fridèric en toutes manieres, aux divins offices, aux baisers & à ap. Ughel, la table. Le pape lui en fit de grands reproches .s.p. 88. par fa lettre du dix-neuviéme de Décembre

1239. lui offrant toutefois l'abfolution de l'excommunication qu'il avoit encouruë, pourvû qu'il vint au plûtôt en fa prefence. Et je vous accorde, dit-il, cette grace, en confideration de Bela roi de Hongrie & de Coloman fon frere Tos neveux. Bertold étoit fils du duc de Moravie & frere de Gertrude reine de Hongrie mere, du roi Bela IV. & de fainte Elifabeth. Sainte Heduige reine de Pologne étoit encore foeur de. Bertold.

11. p.74. Les chevaliers Teutoniques prirent auffi le parap. Rain. n. ti de Frideric; & le pape les menaça s'ils y perfiftoient, de révoquer tous leurs privileges. Il

36.

étoit revenu d'Anagni à Rome dès le mois de Novembre; & le dix-huitiéme du même mois jour Ric. S. Ger. de l'octave de faint Martin, il confirma l'excomP. 1033. munication contre Frideric; & excommunia de nouveau Hents fon fils naturel, qui au mois de Septembre précedent s'étoit emparé de la Marche XXXIII. d'Ancone, car le pape prétendoit qu'elle apparFrere Elie tenoit à l'église.

déposé pour

la feconde fois.

L'empereur Fride ricétant cependant en Tof

34.

c.

Sup. liv.

63.

tane, celebra à Pife la fête de Noël avec grande folemnité; & affifta aux divins offices dans la AN. 1239. grande églife, fans avoir égard à l'interdit pro- Ric. S. Ger. Vita Greg. noncé par le pape contre les lieux où il fe trouvetoit. Là vint le trouver frere Elie dépofé depuis ap. Rain. n. peu du generalat des freres Mineurs. Dès l'année Vading. 1236. il avoit été rétabli dans cette charge à la 1236. n. 1. place de Jean Parent, qui ceda au parti le plus 2. 3. fort, & fe retira humblement après avoir gou-xxx. verné l'ordre pendant fix ans. Elie fuivant toû jours fon ancienne conduite travailloit à introduire le relâchement fous prétexte de prudence; & foutenoit qu'il y avoit très-peu de perfonnes capables de fuivre les traces de faint François. Il avoit un grand parti, & les puiffances ecclefiaftiques & feculieres le favorifoient à caufe de fon habileté dans les affaires & de fa politeffe, Mais les zelateurs de l'observance lui refistoient courageufement, ayant à leur tête un Alleman nommé frere Cefaire de Spire, homme docte & vertueux. Ils s'adrefferent d'abord à Elie qui les écouta paifiblement & les paya de belles paroles: mais il alla cependant trouver le pape, & lui dit : Nous avons quelques freres fimples & ignoraus, qui ne laiffent pas d'être en grande eftime, mê me au dehors, parce qu'ils ont été difciples & compagnons de faint François : ils font attachez à leurs fentimens, & comme s'ils n'avoient point de fuperieur, ils vont de côté & d'autre enfeignant des pratiques fingulieres au préjudice de la religion. J'ai cru être obligé en confcience d'en avertir votre fainteté. Le pape ainfi prévenu donna à frere Elie un ample pouvoir de reprimer ces féditieux. Elie qui ne demandoit antre chofe étant revenu à Aflife commença à perfecuter les Cefariens: ainfi nommoit-il ceux qui lui étoient oppofez. Il en exila plufieurs, il en mit plufieurs en prifon, entre autres frere

J

MY

Cefaire avec les fers aux pieds & aux mains: EAN. 1239. fuite on lui ôta les fers, mais il demeura enfermé pendant les deux années entieres de 1237.& 1238. Au commencement de 1239. trouvant la porte de fa prifon ouverte, il fortit pour fe promener un peu par un grand froid. Celui qui le gardoit étoit un frere-lai brutal, qui croyant qu'il vouloit s'enfuir, courut fur lui avec un bâton, & l'en frappa fi rudement à la tête qu'il en mourut fur la place.

Le pape ayant appris cet accident, & voyant qu'Elie l'avoit trompé, convoqua à Rome un chapitre general de tous les miniftres provinciaux, qui fut tenu le lendemain de la Pentecôte feiziéme de Mai. Le pape y dépofa Elie pour la feconde fois, & ordonna d'élire en fa prefence un autre general. On élut frere Albert de Pife provincial d'Angleterre, & le pape confirma l'élection : mais Albert mourut au bout de trois mois & demi, vers la nôtre-Dame de

Sup. liv. Septembre. A la Touffaints on élut à fa place Haimon de Feversham Anglois, un des deux qui avoient été envoyez vers Germain patriarche Grec de C. P. Elie conçut un tel dépit de Ric. S. Ger. de le voir dépofé, qu'il alla trouver l'empereur Frideric & s'attacha à lui. Il déctioit l'église Romaine comme pleine d'ufure, de fimonie Matth. Par. & d'avarice. Il difoit que le pape entreprenoit

2. 1033.

fur les droits de l'empire, & ne fongeoit qu'à amaffer de l'argent par divers artifices; au lieu d'employer les prieres, les proceffions & les jeûnes pour fe délivrer d'oppreffion. Il accufoit le pape de détourner l'argent deftiné pour le fecours de la terre fainte de fceller des bulles fecretement dans fa chambre, fans la partici pation des cardinaux, & de donner à fes nonces des bulles, féellées en blanc, pour les rem plir à leur gré. Il le chargeoit de plufieurs au