cours contre Frideric: il s'en excufa fur la guerre AN. 1143. qu'il avoit à foûtenir contre les Maures, outre qu'il étoit obligé de ménager l'empereur pour l'interêt de fon fils. Il chargea donc l'abbe de faint Fagon de toutes ces affaires ; & tels étoient les trois nonces que le pape Innocent IV. envoïa à l'empereur Frideric, & qu'il fit tous trois cardinaux peu de temps après.

Rain. 1243. 7. 24.

L'inftruction qu'il leur donna portoit en subftance qu'ils demanderoient la liberté de tous les prélats & les autres ecclefiaftiques qui avoient été pris fur les galeres de Genes & que l'empereur tenoit encore en prifon ; & recevroient les offres fur la fatisfaction qu'il voudroit faire pour les caufes de fon excommunication. Les nonces devoient auffi offrir fatisfaction de la part de l'églife, fi elle avoit fait quelque tort à l'empereur, & pour juger lequel des deux avoit fujet de fe plaindre, le pape étoit prêt d'appeller les rois, les prélats & les princes tant féculiers qu'ecclefiaftiques en quelque lieu sûr, & s'en rapporter à leur jugement. Il demandoit auffi que tous fes amis & fes adherans fuffent comPbil.n. 17. pris dans la paix. Mais cette négociation fut fans effet, parce que l'empereur de fon côté propofoit des plaintes & des demandes aufquelRic. S. Ger. les le pape ne crut pas devoir déferer. Cependant plufieurs villes d'Italie, entre autres Vi

P. 1041.

P. 9.37.

t. 1942.

pape,

& la

Matth. Par. terbe, revinrent à l'obéïffance du réputation de l'empereur déchut notablement, Ric. S. Ger. Le pape quitta Anagni à la fin du mois d'Octobre & vint à Rome, où il fut reçu avec grand honneur par le fénat & le peuple ; & Raimond comte de Touloufe qui étoit encore en Italie, vint l'y trouver pour traiter de la paix entre lui Evêchez de & l'empereur.

Pruffe..

Guillaume évêque de Modene étant à Anagni Chr. Pruff. auprès du pape Innocent, l'inftruifit du progrès

P. 477

e la religion avoit fait par les conquêtes des -evaliers Teutoniques dans la Pruffe où il étoit AN. 1243: gat, & le pape lui donna commiffion de la artager en plufieurs diocefes & d'en marquer es bornes.

C'eft ce que le légat executa par es lettres patentes dattées d'Anagni le quatrième de Juillet 1243. Il y divife tout le pays en qua- p. 123. tre évêchez le premier de Culme, borné au couchant par la Viftule, le fecond plus au Nort étoit celui de Pomefanie, dont la cathe-drale étoit à l'Ifle-Marie ou Marienvert: le troi-fiéme de Varmie, ayant la mer au couchant la Lituanie au levant & fa refidence à Brunfberg: le quatrième de Sambie encore plus au Nort, dont le fiége étoit à Fischausen fur la mer: ce pays n'étoit pas encore converti. Après avoir marqué les bornes de ces évêchez, le légat ajoûte:

Et parce que les chevaliers Teutoniques por-tent tout le poids de la dépense & des combats, & qu'ils font obligez d'infeoder les terres à plu fieurs perfonnes: nous avons divifé les terres de Pruffe en trois parts, dont les chevaliers en: auront deux & les évêques l'autre, avec toutdroit & jarifdiction, excepté le fpirituel que: l'évêque aura fur les deux tiers appartenant aux chevaliers; & l'évêque aura le choix de la part des terres qui lui appartiendra. Le pape confir- p. 4794ma ce partage par fa bulle du huitiéme d'Octo- P. 480. bre de la même année adreffée au maître &aux chevaliers de l'ordre Teutonique: mais dès le trentiéme de Juillet il écrivit à l'évêque de Pruffe, lui déclarant la commiffion qu'il avoit donnée au légat, & comment il s'en étoit acquitté & en conféquence il ordonne à l'évêque de choisir celui des nouveaux diocefes qu'il aimera le mieux, revoquant les alienations qu'il pourroit avoir faites, & voulant qu'il reçoive

Rain. 12431.

12.32.

- le temporel de fon églife de la main du légat au AN. 1243. nom de l'églife Romaine.

19.

LXXIX. n.

6.

p. 223.

Sup. liv. Cet évêque de Pruffe étoit Chrétien auparaLXXVII. n. vant moine de Cifteaux, qui travailloit depuis* trente ans à la converfion des payens de cette province. Il choifit le diocefe de Culme, &y 1xxx, #. 2. mourut peu de temps après: fon fucceffeur fut Chr.Pr.diff. Henri de l'ordre des freres Prêcheurs. Le prep. 222. mier évêque de Varmie fut Anfelme Minien religieux de l'ordre Teutonique: son fiége fut à Brunsberg & enfuite à Elbing. It abattit un chêne que les Pruffiens reveroient en l'honneur de leur dieu Curch. On compte pour premier évêque de Pomefanie Erneft de l'ordre des freres. Prêcheurs, qui tint ce fiége vingt-deux ans, deP.227. puis 1247 jufques en 1269. Enfin le premier évêque de Sambie fut Henri de Brun, qui vint en Pruffe avec Ottocar roi de Boheme. Ces évêques procurerent la fondation de plufieurs églifes & de plufieurs monafteres, qui font encore

8.225.

IV.

celebres.

L'archevêché de Cantorberi étoit vacant deEglife d'An- puis la mort de faint Edmond, & le roi Hengleterre. ri vouloit procurer ce grand fiége à Boniface oncle maternel de la reine Eleonor son épouse, déja élu évêque de Bellai. Il fut donc encore Matth. Par, élu par les moines de Cantorberi pour être leur 8.494. archevêque dès l'an 1241. Ce n'eft pas qu'ils connuffent fa doctrine, fes mœurs & fa capacité pour remplir ce grand fiége: ils fçavoient feulement qu'il étoit oncle de la reine, de belle taille & bien fait de fa perfonne. Mais ils faifoient cette élection pour contenter le roi, fçachant qu'il étoit parfaitement d'accord avec le pape,, & que s'ils élifoient un autre fujet, le roi ne manqueroit pas de prétexte pour faire caffer l'élection. Toutefois quelques-uns des moines de 5.35. Cantorberi se repentirent de cette foiblesse, &

495.

pour en faire pénitence pallerent dans l'ordre des Chartreux. Pour appuier l'élection de Boniface AN. 1243. le roi d'Angleterre fit faire un écrit, où à la perfuafion de la reine il le dépeignoit comme très-recommandable par fes mœurs & fa doctrine, quoiqu'il ne le counûît point : il autorifa cet écrit de fon fceau, & de ceux de la plu part des prélats d'Angleterre, évêques, & abbez:: mais plufieurs refuferent de rendre ce témoigna ge contre leur confcience. Cette atteftation fut envoïée au pape Innocent, & il confirma l'élection de Boniface pour Cantorberi en 1243.

Cependant les moines de Vinchestre se voïant délivrez de Guillaume de Savoie frere de Bo niface, & appuïez fur la bulle du pape, qui maintenoit leur liberté dans l'élection, perfiftoient à defirer Guillaume de Rele alors évêque de Norvic, & l'avoient poftulé pour leur évêque.. De quoi le roi irrité envoïa des gens en 1241. Matth. Far Fleur demander fierement qui étoient ceux qui p. 495.509. refufoient de lui obéir & qui s'opiniâtroient à poftuler Guillaume de Rele. Après donc quel que information on chaffa de la maifon les moines trouvez coupables, fans égard à la vieillef fe, à l'ordination ni à la qualité des perfonnes & on les mit en prison; où ils fouffrirent la faim, le froid, les autres incommoditez & furent chargez d'injures & de coups. En même temps le roi vouloit obliger l'évêque de Norvic à renoncer par écrit à fa poftulation pour Vincheftre, car il Y avoit confenti, & l'évêque refufoit de le faire, difant que fi le pape vouloit le transferer il étoit obligé de lui obéir. Ce refus augmenta l'indignation du roi contre Guillaume. de Rele: principalement quand le pape Innocent IV. eut confirmé fon élection pour Vincheftre en 1243. & que les moines de Norvic eurent prefen- p. 36. té au roi un autre évêque, fçavoir Gautier de Sufeld..

P- $35

Le roi fit éclater fa colere contre ce dernier AN. 1243 premierement en ce qu'à fon retour de Guïenne il refufa de le recevoir au baifer, quoiqu'il y admît toute la nobleffe & principalement les prélats, & ne lui dit pas même une parole amiable. Au contraire il envoïa dans les terres de l'évêché des garnifons qui y firent plus de mal qu'il ne leur étoit commandé; & fit garder étroitement les portes de la ville de Vinchestre, en forP. 537. te que l'évêque n'y pût entrer. Il fut même défendre par cri public, que perfonne le reçût dans fa maifon ou lui fournît des vivres même pout de l'argent, fous peine d'être réputé ennemi du roi & de l'état. Il fit faifir le revenu de l'évêché de Norvic, pour lui ôter toute subsistance ; & envoïa à Rome pour faire cafser sa tranflation prétendant qu'il l'avoit obtenuë par furprife. Le prélat ainfi traité vint fe prefenter à une des portes de Vincheftre nuds, pieds, & accompagné de fon clergé, demandant humblement la liberté d'entrer dans fon églife: mais il trouva la porte fermée, & le maire de la ville avec les officiers, du roi, qui le rejetterent fiererement le chargeant d'injures. Il alla aing à toutes les portes, & fe voiant refufé, il mit en interdit la ville avec l'églife cathedrale & toutes les autres, & excommunia ceux d'entre les moines qui s'étoient déclarez contre lui.

2.3.4.819.

Depuis trois ans faint, Louis poursuivoit PierreChar- la confirmation de l'élection de Pierre Charlot lot évêque fon oncle à l'évêché de Noyon.. C'étoit un fils de Noyon. naturel du roi Philippe Augufte, qui l'avoit Gal. Chr. fait légitimer par le pape Honorius III, à l'effet Du Tiller. de tenir des benefices, & le fit pourvoir avant F'âge de quinze ans de la tréforerie de faint Martin de Tours, comme il paroît par le témoi Duchefne. gnage du poëte Guillaume le Breton fon pré #.5.p.256. ecptcur. Nicolas de Roye évêque de Noyon

P. 103.