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tamment le clergé d'Angleterre, de ne donner AN. 1244. aucun fubfide au pape à fon préjudice. Il ajoû toit: Si votre roi veut fuivre mes confeils, je délivrerai l'Angleterre du tribut dont le pape Innocent III. l'a chargé, & de toutes les autres vexations de la cour de Rome: mais fi votre roi ne veut pas me croire, je m'en vengerai rigoureufement fur tous les fujets que je trouverai dans mes états. Cette lettre de l'empereur lui gagna les cœurs de beaucoup d'Anglois; étant accompagnée de celle de Baudoiiin empereur de C. P. & de Raimond comte de Toulouse, qui rendoient témoignage de fa bonne difpofition pour la paix.

XIV.

condamné

Le pape Innocent étant à Genes y convoqua Frere Elie le chapitre general des freres Mineurs, qu'il étoit neceffaire de tenir tant pour élire un mipar le pape. piftre general, que pour réunir l'ordre divifé en Vading. deux partis. Haimon leur cinquiéme general

[244. n. 4.

étoit mort, après avoir rempli cette place près #.1, 3. de cinq ans ; & frere Elie prétendoit y rentrer comme ayant été dépofé injuftement. Or il avoir un grand parti, qui favorifoit le relâchement & la mingation de la regle: au lieu que les autres la vouloient fuivre à la rigueur. On nommoit ces derniers Zelateurs, Spirituels, ou Cefariens; à caufe de Cefaire leur chef, qu'Elie avoit tant perfecuté. De ce nombre étoient plufieurs difci ples de faint François ou de fes premiers compagnons, qui vivoient encore, comme Gilles d'Affife, Leon, & Rufin. Les Zelateurs fe gouvernoient par le confeil de ces anciens; & chois firent foixante & douze freres des plus vertueux Le & des plus fçavans, pour inftruire le pape, protecteur & toute la cour de Rome de la verité de leur état. L'autre parti traitoit ces Zela feurs de vifionaires & de querelleurs; & rele yoit l'autorité d'Elic, qui ayant été un des pre

miers compagnons de faint François & établi par lui-même fon vicaire, connoifsoit mieux qu'un AN. 1244autre fes intentions, qui avoit une longue experience du gouvernement de l'ordre dès fon inftitution: enfin qui avoit utilement fervi l'église en travaillant à la paix entre le pape & l'empereur Frideric.

On tint donc à Genes le chapitre general, qui ". 6. fut le huitiéme depuis la mort de faint François, & malgré la faction d'Elie prefent en perfonne, on élut pour miniftre general frere Crefcentio d'Iefi dans la Marche d'Ancone, dont il étoit alors provincial; homme venerable par fa doctrine & fon grand âge, qui étoit entré tard dans l'ordre, ayant auparavant profeffé pendant plufieurs années le droit & la medecine. Il fut élû le jour de faint François quatrième d'Octobre 1244. & fut le fixiéme general des freres Mineurs. Elie & fes partifans furent appellez de- n. 7. vant le pape, qui ayant découvert les artifices le dépouilla de tout privilege & de toute grace, & le déclara fimple frere: avec défense à aucun de lui obéir ni le tenir pour fuperieur, & à luide demeurer vagabond: mais il lui fut enjoint.

de fe

3

ranger fous l'obéiffance du general. Elie ne. put s'y réfoudre, il quitta l'ordre & s'enfuit auprès de l'empereur Frideric: c'est pourquoi le pape Innocent l'excommunia comme apoftat & rebelle à l'églife, lui défendant de porter l'habit de religieux, & le dépouillant de tout privilege

clerical.

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X V.

de Halés.

Monaft

Peu de temps après l'ordre des freres Mineurs perdit une de fes grandes lumieres fçavoir Alexandre Alexandre de Halés, ainfi nommé du lieu de fa naiffance, village dans le comté de Gloceftre, Angl. to. Le ou depuis en 1246. Richard comte de Cor- p. 928. nouaille fonda un monaftere de Cifteaux. Alexandre aïant appris les humanitez en Angleter

Id. 1230.

re, vint à Paris où il étudia la philofophie & AN. 1244. la theologic. Il étoit déja docteur & en grande Nic.Triver. réputation quand il embraffa l'inftitut des freres an.1222.to. Mineurs en 1222. Il avoit composé la fomme 8. Spicil de theologie qui fut reçue dans les écoles avec Vading, an. eod. n. 26. grand applaudiffement. Or quoique Jean Parent troifiéme general des freres Mineurs défendît depuis qu'aucun d'eux prît le nom de maître ou de Duboulai. docteur, Alexandre de Halés le garda toûjours, & plufieurs autres du même ordre le prirent enfuite; jufques à foûtenir avec chaleur ce titre contre les docteurs feculiers quide leur vouloient difputer auffi-bien qu'aux freres Precheurs, comme nous verrons bien-tôt.

2. 13.

p. 101.

8.

Vad. an.

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1.243.

Vad, 1242,

23. 2.

Alexandre gouverna l'école de theologie des 1222.8.29. freres Mineurs à Paris jufques à ce qu'il la ceda Id. 1138. B. à frere Jean de la Rochelle, qui étoit déja docSup. liv. teur regent en 1238. lorfqu'il donna son avis far la queftion de la pluralité des benefices. Enfuite Echard, enfeignerent dans cette école frere Guillaume de fism. S. Th. Meliton, puis frere Jean de Parme avant qu'il fut general de l'ordre en 1247. Alexandre de Hales & Jean de la Rochelle furent du nombre des quatre docteurs qui compoferent une déclaration fur la regle de faint François, par ordre du chapitre provincial & l'adrefferent au general de l'ordre & aux définiteurs. Nous ne prétendons pas, difent-ils, faire une nouvelle expofition ou une glofe fur la regle, comme quelques-uns nous imputent par un zele outré, mais feulement tirer l'intelligence pure de la regle de fes propres paroles. C'eft que faint François dans fon teftament avoit très-expreffément défendu d'ajouter aucune glofe à fa regle: mais il n'y avoit pas quatre ans qu'il étoit mort quand le pape Gregoire IX. déclara que les freres Mineurs n'étoient point obligez à obferver le teftament, & expliqua la regle en plu

Opufc. to..

p. 123.

Sup. liv.

LXXIX. 12.

25.n. 64.

feurs articles. Alexandre de Halés mourut le vingt-uniéme d'Août 1a45. & fut enterré dans AN. 1244. Echard. l'églife des Cordeliers à Paris. Ses œuvres font

en grand nombre, fçavoir des commentaires fur p. 245. Vatoute l'écriture fainte, & fur le maître des fen- ding. Scrip tences, mais fur tout fa fomme de theologie. P. 8.

fuit

9.19.7.447

C'eft le plus grand corps d'ouvrage qui eût encore paru fur cette matiere. L'auteur y Sup. liv. le même plan, & à peu près le même ordre Lxx. n. 34que le maître des fentences: mais il fe donne beaucoup plus de liberté pour raifoaner & traiter des queftions plus curieufes qu'utiles. Il di- p. 425 vife de même fon ouvrage en quatre parties dont chacune eft un gros volume: dans la premiete après une queftion préliminaire fur la theologie, il traite des attributs, puis de la trinité dans la feconde il traite des caufes en general, puis de la création : enfuite des anges, des créatures corporelles & de l'ouvrage des fix jours. Là il propofe la queftion, s'il y a un ciel empiré, & au lieu de le prouver par autorité, puifque l'experience n'en apprend rien, il fe contente d'apporter des raifons de le croire. A l'occafion de la création de l'homme; il q. 47. traite au long de la nature de l'ame raisonnable 7. 59. & de l'état du premier homme; & à l'occafion de fa chûte il traite du mal en general & du peché. Il foûtient qu'on ne doit point permettre 7. 94aux infideles de commander aux Chrétiens,

7. 88.

pour ne les pas expofer à perdre la foi : qu'on q. 161. ne doit point tolerer les heretiques manifeftes, memb. 2. & qu'on doit même leur ôter leurs biens. Enfin 7.163.m.114 que les fujets d'un prince apoftat fon difpenfez du ferment de fidelité: fur quoi il oppofe l'au- q. 165.m.44 torité du pape Gregoire VII. à celle de faint Ambroife.

Dans la troifiéme partie Alexandre de Halés waite de l'incarnation. En parlant de la fainte

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9.26.27. &...

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Vierge, il dit qu'elle n'a été fanctifiée ni avant AN. 1244. fa conception ni dans la conception même mais toutefois avant fa naiffance. Enfuite if traite de la loi naturelle, de la loi Mofaïque, de 7. 56. la loi évangelique, de la grace & de la foi. En 9. 61. 68. parlant de l'ordre des juges, il dit fuivant Hugues de faint Victor, que la puiffance fpirituelle 7. 49. m. 5. cft au-deffus de la temporelle par fa dignité, par 7.48. m. 1. fon antiquité & par la benediction qu'elle lui donne à quei il applique la ceremonie du facre des rois. Il ajoûte que c'est à la puiffance fpirituelle à inftituer la temporelle & à la juger; & que le pape ne peut être jugé que de Dieu feul.

4.3.

4. 4.

4.3.

Dans la quatrième partie il traite des facremens ; & en parlant de l'eucharistie, il dit que prefque par tout les laïques communient fous la feule efpece du pain. Parlant des indulgences à l'occafion de la pénitence, il dit que le pape peut remettre toute la peine, mais qu'il ne le doit faire que pour grande caufe, comme pour q. 11. m. 2. la croifade de la terre fainte. Sur le jeune il préfere celui des Latins, qui ne faifoient qu'un q. 28. m. 3. feul repas, au jeûne des Grecs, qui en faifoient plufieurs petits: il en marque l'heure à none, mais il prétend que l'heure n'eft pas de précep te. A l'occafion de l'aumône il traite la queftion de la mandicité volontaire des nouveaux religieux, par les mêmes raifons qui furent em4.31. ploïces depuis: ce qui montre que dès fon temps on agitoit cette queftion, qui s'échauffa encore plus après fa mort. Et comme on dif putoit aux religieux Mendians la faculté de précher & d'ouir les confeffions, même par commiffion du pape, il infifte particulierement far fon autorité; & foûtient qu'elle eft pleine, abfoluë & fupérieure à toutes les loix & les coûtumes: enfin que tout le pouvoir des prélats

M. 8.4.2.3. Thoma. jeunes. 2. par. c. 8.

9.32.m.4.

a. 3.

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