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inferieurs eft émané du pape comme du chef qui influë fur les membres, non feulement: fuivant AN. 1244. l'ordre de la hierarchie; mais felon qu'il juge à propos pour l'utilité de l'églife. Sur quoi l'auteur allegue plufieurs chapitres de Gratien, la plûpart tirez des fauffes decretales.

XVI.

Cifteaux.

Le chapitre general de l'ordre de Cifteaux fe tenoit dans le même temps que celui des freres S. Louis au Mineurs, ayant commencé fuivant la coûtume à chapitre de la faint Michel 1244. Or le pape Innocent étant Matth. Par averti auparavant que le roi faint Louis y devoit p. 571, venir, écrivit au chapitre une lettre étudiée, où il prioit inftamment tous les abbez qui s'y trouveroient, de conjurer le roi à genoux & à mains jointes, que fuivant l'ancienne coûtume de France il prit la protection du pape contre Frideric qu'il nommoit fils de Sathan; & s'il étoit neceffaire qu'il reçût le pape dans fon roïaume : comme Alexandre III. y avoit été reçu contre la perfecution de l'empereur Frideric I. & faint Thomas de Cantorberi contre celle de Henri II. roi Lxx. n. 17+ Sup. livi d'Angleterre..

Saint Louis vint en effet au chapitre de Cifteaux fe recommander aux prieres des moines. Il étoit accompagné de la reine Blanche fa mere, à qui le pape avoit accordé la permiffion d'entrer avec douze femmes dans les maisons de l'ordre de Cifteaux, pour y faire fes prieres. La roi avoit encore à fa fuite deux de fes freres, Robert comte d'Artois & Alphonfe comte de avec fix autres comtes de France.

Poitiers

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Quand ils furent près de l'églife de Cifteaux à un trait d'arbalêtre, ils defcendirent de cheval par refpect, & marcherent jufques à l'église en ordre & priant Dieu. Tous les abbez & la communauté qui étoit de cinq cens moines, vinrent au devant en proceffion, pour recevoir plus diguement le roi, qui venoit pour la premiere

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fois à leur monaftere. Le roi s'affit dans le cha

AN. 1244. pitre au milieu des abbez & des feigneurs, met tant par refpect fa mere au-deffus de lui; & alors tous les abbez & les moines à genoux les mains jointes & avec larmes lui firent la priere que le pape leur avoit preferite. Le roi fe mit auffi à genoux devant eux, & leur dit, qu'autant que fon honneur le permettroit, il défendroit l'églife contre les infultes de l'empereur Frideric, & recevroit volontiers le pape pendant fon exil, fi les barons le lui confeilloient: parce qu'un roi de France ne pouvoit se dispenser de fuivre leur avis. Les abbez rendirent au roi de grandes actions de graces, & lui accorderent une participation fpeciale à leurs bonnes œuvres. Or l'empereur Frideric avoit auffi à ce chapitre fes ambaffadeurs, pour s'opposer à la demande pape.

XVII.

·Matth.

du

Saint Louis affembla donc les feigneurs de fon

Le pape royaume pour prendre leur avis fur ce fujet, vient àlion. Comme ils étoient affemblez, le pape envoya Weftmunft. demander permiffion de venir à Reims dont le fitP. 318. ge étoit alors vacant. L'archevêque Henri de Alber. 57. Braine étoit mort dès le fixième de Juillet 1240. Marlot. après treize ans & quatre mois de pontificat. La 10. 2.p.529. longue vacance de ce fiége vint de la divifion en531. 533. tre les chanoines & de l'ambition des prétendans: entre lefquels on remarque-Robert de Torote, Aur. Val. qui de l'évêché de Langres avoit été tranferéà celui de Liege cette année 1 240. & qui pour parvenir à l'archevêché de Reims fit de grandes exactions fur fes fujets & fur fon clergé,

Aegid.

6. 134.

car on n'épargnoit pas l'argent en ces occafions; & toutefois il ne put y réüffit. Enfin cette même année 1244. Duchefne. Jubel de Mayenne archevêque de Tours fut trans

10.5.P.342. feré à Reims.

Sur la propofition du pape les barons de Fran ce-répondirent, qu'ils ne fouffriroient point qu'il

vint s'établir dans le roïaume. Ils craignoient que fa prefence n'offufquât la dignité roïale, & AN. 1244. trouvoient trop de difference entre leur jeune roi & un homme confommé dans les affaires : enfin ils fçavoient que la cour de Rome étoit à charge à fes hôtes. Le roi répondit donc au pape conformement à l'avis des feigneurs : mais dans les termes les plus honnêtes. Le pape envoïa auffi Matth. Par faire au roi d'Arragon la même demande d'ê- p. 176. tre reçu dans fes états, &. il fut refufé de

même.

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Quant au roi d'Angleterre le pape fe contena de lui faire écrire par quelques cardinaux comme de leur propre mouvement en ces termes: Nous vous donnons en ami un confeil utile & honorable. C'eft d'envoïer au pape une ambaffade, pour le prier de vouloir bien honorer de fa prefence le roïaume d'Angleterre, auquel il a un droit particulier, & nous ferons notre poffible pour le faire condefcendre à votre priere. Ce vous feroit une gloire immortelle, que le fouverain pontife vînt en perfonne en Angleterre, ce qui n'eft jamais arrivé,que nous fçachions: & nous nous fouvenons avec plaifir de Jui avoir oui dire qu'il verroit volontiers les délices de Oüeft-minfter & les richesses de Londres. Le roi d'Angleterre reçut agréablement cette propofition & auroit facilement donné dans le piege, fi des perfonnes fages ne l'en avoient détourné en difant : C'eft deja trop que nous foïons infectez des ufures & des fimonies des Romains, fans que le pape vienne ici lui-même piller les biens de l'églife & du roiaume.

Le pape Innocent ainfi refufé fe détermina à venir à Lion, ville ncutre alors appartenant à fon archevêque. Il partit donc de Genes, où il ne fe croïoit pas trop en sûreté & paffa par les terres du comte de Savoïe, où il étoit

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an. 1244.

vers la faint Luc, c'est-à-dire à la mi-Octobre: AN. 1244. enfin il arriva à Lion vers le mi-Decembre. Le Mon. Pad, comte de Savoie étoit Amé IV. dont le frere Thomas efcorta le pape jufques à Lion. Thomas avoit époufe en premieres nôces Jeanne comteffe de Flandres fille de Baudouin empereur de C. P. mais cette princeffe étant morte fans enfans en 1244. Thomas fe remaria avec Beatrix de Fiefque nièce du pape ; dont il eut entre autres enfans Amé V. depuis comte de

XVIII.

P. 341.

Chr. S.

Dion. Spicil. to. 2. p. 815.

Savoïc.

Peu de jours avant que le pape arrivât à Lion Maladie de le roi faint Louis tomba malade à Pontoife d'une S. Louis. groffe fievre accompagnée d'une violente difNang. Du- fenterie. Il en fut attaqué le famedi avant la fainte chefne t. 5. Luce, c'est-à-dire, le dixiéme de Decembre, & on le jugea bien-tôt en grand danger. La nouvelle s'en étant répanduë jetta les François dans une extrême affliction: car ce prince, quoiqu'il n'eût pas encore trente ans, étoit déja regardé comme le protecteur de la religion. Plufieurs prélats & plufieurs feigneurs accoururent à Pontoife: & après avoir attendu deux jours, voïant croître la maladie du roi, ils envoïerent à toutes les églifes cathedrales, afin que F'on fit pour lui des aumônes, des prieres & des proceffions. La maladie étant venue à tel point que les médecins défefperoient de fa vie, lui & la reine fa mere prierent Eudes Clement abbé de faint Denis de tirer les corps des faints martyrs de leur caveau & les mettre en évidence: car après Dieu & la fainte Vierge le roi y avoit fa principale confiance. L'abbé alla done le jeudi avant Noël, c'eft-à dire, le vingt-deuxième de Decembre faire orner l'églife comme aux fe tes les plus folemnelles ; & le peuple de Paris l'aïant appris s'y rendit en foule. L'élevation des corps faints fe fit le lendemain vendredi en pre

fence de Charles ou Pierre Charlot évêque de Noyon & de Pierre du Cuiffi évêque de Meaux. AN. 1244. On mit les chaffes fur l'autel, puis on les porta en proceffion dans l'églife & le cloître, chant nuds pieds, & répandant beaucoup de larmes: & de ce jour le roi commença à se mieux porter.

mar

368. Sanut

P. 217.

Il avoit été à la derniere extrémité, & fi bas qu'une des dames qui le gardoient le croïant paffé, lui voulut couvrir le vifage d'un drap : Joinville. mais une dame qui étoit de l'autre côté du lit ne p. 22. le voulut point fouffrir, ni qu'on l'enfevelît: Duchefne. difant qu'il étoit encore en vie: & là-deffus la p. 487 chr: parole lui revint. On l'avoit crû mort jufques à Sen. 10. 3. Lion, où le pape en fut fenfiblement affligé. Le Spicil. p. roi étant revenu à lui, demanda l'évêque de Paris, & quand il fut venu, il le pria de lui mettre fur l'épaule la croix de pelerin pour le voïage d'outre mer. Les deux reines fa mere & fa femme le prioient d'attendre qu'il fût entierement guerri, & qu'alors il feroit ce qui lui plairoit: mais il déclara qu'il ne prendroit aucune nourriture qu'on ne lui eût donné la croix; & l'évêque de Paris n'ofant le refuser la lui attacha fondant en larmes, auffi-bien que l'évêque de Meaux & tous les autres qui étoient prefens. Il remit à deux ans l'accompliffement de fon vous mais fi-tôt qu'il fut gueri il écrivit aux Chrétiens d'outre-mer pour les encourager leur mandant qu'il étoit croifé, & qu'ils défendiffent vigoureufement leurs villes & leurs fortereffes, jufques à ce qu'il allât à leur fecours.

Hs en avoient plus de befoin que jamais, dans XIX. la défolation de la terre fainte caufée par de nou- Corefmiens veaux barbares inconnus aux Chrétiens jufques à Jerufaalors. Les auteurs du temps les nomment diversement, mais plus generalement Corefmiens Bibl.Orient. & l'opinion la plus vrai-semblable eft qu'ils ve- p. 1001.

lem.

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