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qui lui répondit: Vous devez fçavoir qu'encore AN. 1246. que le comte de Boulogne ait été commis àla garde du royaume, pour en faire ceffer les abus1.11.ep.593. intolerables qui s'y commettoient: il n'a pas été 246.7.42. de notre intention de déroger en rien au droit,

ap. Rain.an.

XLV.

ou à la dignité du roi, s'il vient en état de gouverner par lui-même. C'eft pourquoi nous ecrivons au comte, s'il vous a fait quelque tort, ou frà l'égard du roi il a excedé les bornes que nous lui avons prefcrites, de le reparer inceffamment. La lettre eft du vingt-cinquiéme de Juin 1246.. Toutefois le roi Sanche mourut dépouillé & exilé, & Alphonfe garda leroyaume, & regna trentetrois ans..

En Angleterre le roi Henri tint un parlement. Plaintes à Londres le dimanche de la mi-carême, qui des Anglois cette année 1246. fut le dix-huitiéme de Mars..

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contre le pa- Le roi y reprefenta aux prélats & aux feigneurs,, Matth. Par. qu'il avoit envoyé des ambaffadeurs au concile. p. 609.611. de Lion, qui lui avoient rapporté plufieurs let

tres du pape, portant moderation des entreprifes de la cour de Rome, & plufieurs belles promeffes, au préjudice defquelles le pape continuoit & augmentoit l'oppreffion de l'églife d'Angleterre furquoi il leur propofa fes griefs reart. 1.6. digez en fept articles contenant ce qui fuit: Le pape non content du denier faint Pierre, exige. de tout le clergé d'Angleterre une groffe contribution & fait affeoir & lever des tailles genera2. 7. les, fans le confentement du roi. Il ne permet. point. aux patrons de prefenter aux églifes vacantes, mais il les confere à des Romains, qui. n'entendent point la langue du pays, & qui em4 portent l'argent hors du royaume. Dans les be-nefices poffedez par ces Italiens on neglige le foin des ames, le fervice divin, la prédication, Phofpitalité & l'affiftance des pauvres, l'orne-ment & la réparation des bâtimens qui tombent

en ruine: un Italien fuccede à un autre Italien dans le même benefice, & les Anglois font tirez AN. 1246. hors du roïaume pour plaider. Le pape exige des 3. penfions & excede le nombre des provifions aufquelles il s'étoit reftraint. Il ufe trop fréquem- s. ment de la claufe, nonobftant, qui anéantit les fermens, les coûtumes, les contrats, les statuts, les privileges, & toutes fortes de droits.

Sur cette propofition du roi le parlement d'Angleterre réfolut, que pour le refpect du faint fiege on envoïeroit encore une ambassade au pape avec cinq lettres la premiere des évêques fuffragans de la province de Cantorberi, la feconde des abbez & des moines des provinces. de Cantorberi & d'Yorc, c'est-à-dire, de l'Angleterre entiere: la troifiéme des feigneurs, des nobles, de tout le clergé & le peuple: les deux autres lettres étoient du roi Henri, l'une adreffée au pape, l'autre aux cardinaux : cette derniere dattée de vingt-huitiéme de Mars. Elles commençoient toutes par de grandes démonstrations de refpect: puis on reprefentoit l'indignation des Anglois contre les abus dont on s'étoit plaint dans le parlement, & la neceffité d'y apporter un prompt remede: autrement qu'il arriveroit un grand fcandale, la divifion entre le roïaume & le facerdoce, le foulevement contre le roi comme obligé à proteger fes fujets, & même contre l'églife Romaine. Ces lettres furent Matth. Par. envoïées par le docteur Guillaume de Pouic ju- p. 617. rifconfulte & par Henri de la Mare chevalier,

qui partirent le lendemain de Pâques neuviéme d'Avril.

Cependant les agens que le roi Henri avoit déja en cour de Rome, obtinrent une moderation des provifions de benefices en faveur des Italiens: fçavoir que fi le pape ou les cardinaux Youloient en avoir pour quelqu'un de leurs né

ap. Rain.

2.39.

veux, il prieroient inftamment le roi de le troaAN. 1246. ver bon. Le pape accorda auffi à ce prince une bulle, par laquelle il ordonne aux prélats, & 111.cp.417. aux feigneurs à qui il avoit donné des terres, & ann. 1246. chateaux, des franchises ou d'autres droits, de les lui rendre, quoique ces donations fuffent confirmées par ferment attendu que ce ferment étoit contraire à celui qu'il avoit auparavant fait à fon facre, de conferver en leur entier les droits de fa couronne. La bulle eft du vingt-fixiéme de Mars 1246.

Matth. Par. P. 618.

Mais d'ailleurs le pape étant informé, que depuis quelque temps il étoit mort en Angleterre quelques ecclefiaftiques très-riches, fans avoir difpofe de leurs biens: fit publier en ceroïaume un decret portant que les fucceffions des clercs décedez fans faire teftament cederoient déformais à fon profit; & il chargea de l'execution de ce decret des freres Prêcheurs & des freres Mincurs. Ce que le roi d'Angleterre aïant appris, il détefta l'avarice de la cour de Rome, & empêcha l'execution du decret, comme préjudiciable à lui & à fon roïaume. Il défendit auffi qu'on levât au profit du pape le taillage impose fur le clergé d'Angleterre, jufques au retour des ambaffadeurs qu'il envoïoit en cour de Rome. 19. Cette oppofition du roi & du pape inquietoit les Anglois; plufieurs craignant la legereté du roi, fe rangeoient du côté du pape : quoiqu'ils n'euffent jamais vu que ces levées de deniers euffent. été avantageufes à l'églife. Ainfi parle Matthieu Paris..

2.621.

Le pape envoïa enfuite une commission au provincial des freres Mineurs en Angleterre, par laquelle il lui ordonnoit d'établir des freres tant de fon ordre que de celui des Prêcheurs,pour informer contre les ufuriers, & leur faire reftituer l'argent mal acquis, qui feroit emploïé au

cours de l'empire de C. P. Ils avoient encore ouvoir d'abfoudre de leurs pechez ceux qui AN. 1246. · oudroient se croiser pour cette entreprife, ou

la

/ contribuer de leurs biens. Pouvoir de recueil-
ir ce qui avoit été laissé teftament
par
pour
reftitution des biens mal acquis, ou qui feroit
aillé pendant trois ans, de même ce qui de-
voit être diftribué en œuvres pies à la difcretion
des executeurs teftamentaires, fans deftination
certaine du teftateur ou ce qui devoit être refti-
tué fans que l'on fçût à qui. Ces religieux de-
voient faire le recouvrement de tous ces deniers,
pour être employez au fecours de Conftantino-
ple.

XLVI.

mandians.

P.607.

les

Les religieux mandians fe rendoient odieux aux anciens moines & aux prêtres feculiers, en Plaintes faifant trop valoir les privileges des papes, qui contre ordonnoient aux évêques de les admettre à la religieux prédication & à l'adminiftration de la penitence. Ils exigeoient qu'on fit lire publiquement ces privileges dans les églifes; & demandoient à ceux qu'ils rencontroient, même à des religieux: Vous êtes-vous confeffez? Oui, répondoit le particulier. A qui? A mon curé. C'est un ignorant, qui n'a jamais étudié en theologie ni en decret. Venez à nous qui fçavons diftinguer la lepre de la lepre, & qui avons reçu les grands pouvoirs que vous voïez. Ainfi plufieurs laïques, p. 608.. principalement les nobles & leurs femmes, méprifant leurs curez & leurs prélats, fe confeffoient aux freres Prêcheurs: & ce mépris étoit fort fenfible aux fuperieurs ordinaires. Les paroiffiens péchoient plus hardiment n'étant plus retenus par la crainte d'en rendre compte à leurs Curez, & fe difoient l'un à l'autre Prenons librement nos plaifirs: nous nous confefferons fans peine à quelqu'un de ces freres Prêcheurs cu Mineurs qui pafferont chez nous ; que nous

:

n'avons jamais vûs & que nous ne verrons ja AN. L246. mais. Quelques freres Prêcheurs vinrent à l'églife de faint Alban où l'archidiacre tenoit fon fynode fuivant la coûtume; & l'un d'eux demanda impericufement que l'on fit filence, pour entendre fa predication. Mais l'archidiacre l'arrêta, traitant leur conduite de nouveauté; & difant qu'il fe vouloit tenir à l'ancien ufage, fuivant lequel chacun se doit confeffer à son propre prêtre, & pour le prouver il rapporta le canon du concile de Latran tenu fous Innocent III. en1215.

XLVII.

Matt. Par.

D'ailleurs les religieux mandians méprifoient College des les moines comme ignorans, ce que faifoient Bernardins. auffi les docteurs feculiers, principalement les an. 1246. legiftes & les canoniftes. Pour le mettre à couvert de ce reproche, Etienne de Lexinton abbé: Duboulai. de Clairvaux réfolut d'établir à Paris une maison 20.3.p.184. où les moines de Cifteaux allaffent faire leurs Dubois t. 2. études. Il étoit Anglois d'une famille noble &

p. 665.

P.436.

dès-lors très-diftinguée, & avoit trois freres en des poftes confiderables, entre autres Henri depuisévêque de Lincoln. Etienne de Lexinton fit fes études à Paris, où il prit des leçons de faint Edme. depuis archevêque de Cantorberi,& par fes exhortations il entra dans l'ordre de Citeaux. Après en avoir eu une abbaye en Angleterre il fut élu à celNeufria. le de Savigni en Normandie l'an 1229. puis à celPiap. 686, le de Clairvaux en 1242. Deux ans après il obtint Dubreuil du pape Innocent IV. la permiffion de bâtir à Paris un college pour les jeunes moines de fon or-dre, puis il acquit du chapitre de nôtre Dame cinq arpens & demi de vignes près de faint Victor qu'il échangea depuis avec l'abbé & les religieux contre des terres un peu plus éloignées de l'abbaye au lieu dit le Chardonnet. Cet échange fe fit en 1246. &, telle fut l'origine du college des Bernardins le plus ancien de l'univerfité de Paris.

2.625.

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