ouleva ouvertement n. 10. 1 cant les ordres du pa- 12. xcommunication & la inuerent d'enterrer leurs e; & au contraire déterfoûmise au pape, & après rps le jetterent aux chiens. tre qui étoit revenu aux or, le frapperent jufques à effu& le tinrent en prifon jufques à telle rançon qu'ils voulurent. Enun ftatut portant défense à aucun roître avec la croix fur fes habits, de la vie. En punition de ces excès anda à l'évêque de Ratisbonne de dél'outre l'excommunication & l'interdit, les étoient privez des fiefs qu'ils tenoient life: avec pouvoir de les conferer à ceux i demeureroient fideles, ou qui combatnt contre fes ennemis. Défenfe de contracavec les rebelles & de leur répondre en jufe touchant les dettes ou les dépôts qu'ils pourient redemander, & abfolution des fermens its fur ce fujet. Et afin que la peine paffe à la ofterité des coupables, nous voulons, ajoûte le ape, que vous priviez leurs enfans de benefices

à paffer avec le roi au mois de Mars prochain, & AN. 1248 il donna le même ordre aux croisez de Frife, Hollande & de Zelande.

II.

Mais peu de temps après le pape fit prêcher Croifade en en Allemagne contre Frideric une autre croifaAllemagne de, qui ne pouvoit manquer de nuire à celle deric. de la terre fainte. Ce prince avoit fait publier Pet. Vin, une ordonnance portant, que tout ecclefiaftique Lab.. ep.4. ou religieux, qui fur le mandement du pape ou

contre Fri

L

44.

de fon légat auroit manqué de celebrer la melle ou les autres offices divins, ou d'adminiftrer les facremens, feroit chaffé de la ville, ou du lieu de fa demeure, & dépouillé de fes biens patrimoniaux & ecclefiaftiques: qui feroient ajugez, fçavoir les biens ecclefiaftiques aux clercs qui obeïroient à cette ordonnance, & les biens pa trimoniaux aux parens, qui fuccederoient ab inteftat. L'ordonnance ajoûtoit défense à aucun religieux de paffer d'une ville à l'autre, fans lettres teftimoniales du magiftrat du lieu d'où ils partiroient, & à la charge qu'ils feroient de bonnes mœurs, & connus des fervireurs de l'empe

reur.

: Cette ordonnance étant venue à la connoiffance du pape, il fulmina de nouveau contro Frideric; & le jeudi faint feizième jour d'Avril 1248. il réïtera l'excommunication prononcée contre lui & renouvellée tous les ans: avec menace de proceder plus rigoureufement s'il perV. ep.cur. fiftoit dans fa contumace. C'eft ce que porte la lettre à tous les prélats d'Allemagne en datte du Rain.n.2.3. dix-huitiéme d'Avril, qui étoit le famedi-faint; & la même fut adreffée aux prélats d'Italie. Et Id. n. 7. cenfure qu'aux précedentes le pape executant comme Frideric ne fut pas plus fenfible à cette fa menace, manda le quatriéme de Mai aux évé ques de Frifingue, de Paffau, de Ratisbone & d'autres, de prêcher ardemment la croilada

8.

contre lui & contre fon fils Conrad, comme pervertiffant la foi & ruinant la liberté de l'é- AN. 1248. glife; & le pape promet à ceux qui fe croiseront pour ce fujet la même indulgence que s'ils alloient à la terre fainte. Cette croifade caufa ሀ. de grands mouvemens en Allemagne, & entra dans les caufes de la guerre civile de Bohême, dont le roi Venceflas IV. furnommé le borgne. foûtenoit le parti du pape. Car plufieurs feigneurs. mécontens du roi, prirent celui de Frideric, & engagerent dans leur révolte Primiflas fils aîné du roi.

A Ratisbonne le peuple fe fouleva ouvertement ». 10. IN contre l'évêque qui executant les ordres du pa- 12. pe, les avoit frappez d'excommunication & la ville d'interdit. Ils continuerent d'enterrer leurs morts dans le cimetiere ; & au contraire déterrerent une comteffe foûmife au pape, & après avoir traîné fon corps le jetterent aux chiens. Ils prirent un prêtre qui étoit revenu aux ordres de l'évêque, le frapperent jufques à effufion de fang; & le tinrent en prifon jufques à ce qu'il païat telle rançon qu'ils voulurent. Enfin ils firent un ftatut portant défense à aucun croifé de paroître avec la croix fur fes habits, fous peine de la vie. En punition de ces excès

le

pape manda à l'évêque de Ratisbonne de déclarer qu'outre l'excommunication & l'interdit, les rebelles étoient privez des fiefs qu'ils tenoient de l'églife: avec pouvoir de les conferer à ceux qui lui demeureroient fideles, ou qui combattroient contre fes ennemis. Défense de contracter avec les rebelles & de leur répondre en juftice touchant les dettes ou les dépôts qu'ils pourroient redemander, & abfolution des fermens faits fur ce fujet. Et afin que la peine paffe à la pofterité des coupables, nous voulons, ajoûte le pape, que vous priviez leurs enfans de benefices

jufqu'à la quatrième generation, & que vous dé AN. 1248. clariez revoquez & nuls tous les privileges qui leur ont été accordez. La lettre eft du treizième de Mai.

III.

Souabe. Alb. Stad. an. 1248.

Le mépris des cenfures ecclefiaftiques fut Nouvelle pouffé en Allemagne jufques à l'herefie declarée: herefie en enforte que cette année 1248. ceux qui la fottenoient la prêcherent publiquement dans la ville de Hall en Souabe, où ils affemblerent les feigneurs du païs au fon des cloches. Ils difoient que le pape étoit heretique, les évêques fimoniaques & les prêtres fans autorité de lier & délier, à caufe de leurs pechez: que tous ces genslà féduifoient le monde depuis long-temps. Que les prêtres étant en peché mortel ne pouvoient confacrer. Qu'aucun homme vivant, ni pape, ni évêque ne pouvoit interdire l'office divin; & que ceux qui défendoient de le celebrer étoient des heretiques & des féducteurs. Auffi donnerent-ils la liberté dans les villes interdites d'en tendre la messe & de recevoir les facremens, com me étant le moïen de fe purifier des pechez. Ils difoient encore que les freres Prêcheurs & les Mineurs pervertiffoient l'églife par leurs faux. fermons ; & que leur vie étoit mauvaise, bien que celle des Cifterciens & de tous les autres moines..

aufli

Ils prétendoient être les feuls qui diffent la vé rité & qui fuiviffent la foi par les oeuvres. Et fi nous n'étions venus, ajoûtoient-ils, avant que Dieu laifsât fon églife en peril, il auroit tire des pierres d'autres prédicateurs, pour éclairer fon églife de la vraie doctrine. Nous faisons le contraire de vos prédicateurs, qui jufques ici ont enfeveli la verité & prêché le menfonge. Ce lui qui parloit ainfi conclur fon fermon en di fant: L'indulgence que nous vous donnons n'eft pas feinte & compofée par le pape, elle vient.