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le Dieu feul. Nous n'ofons faire mention du pape: c'eft un homme d'une vie trop corrom- AN. 1248 pue & de trop mauvais exemple: priez pour l'empereur Frideric & pour fon fils Conrad, qui font juftes & parfaits. Conrad qui étoit en Allemagne protegeoit ces heretiques, croyant par ce moyen fe foutenir lui & fon pere. C'eft ainfi qu'en parle Albert qui vivoit alors,qui avoit quitté l'abbaye de Stade en Saxe pour entrer dans l'ordre des freres Mineurs.

IV. Meurtre de Marcellin

Frideric de fon côté fe rendoit odieux & méprifable. Il avoit paffé l'hyver devant Parme & fe tenoit sûr de la prendre,quand les affiegez par un évêque d'Acoup de defefpoir firent une fortie & prirent fon rezze, camp, c'eft-à-dire fa nouvelle ville qu'il avoit Matth. Pari nommée victoire. C'étoit le mardi dix-huitiéine . 643., Mon. Pad de Février. Frideric fut réduit à fe retirer à Cremone & perdit fon bagage & fon trefor: avec Petr.devin. Thadée de Sueffe à qui il en avoit laiffé la garde 11.ep.5.41. & qui fut mis en pieces par les Parmefans. Cette

défaite diminua beaucoup en Lombardie le credit

de Frideric.

p. 692.

Cependant il tenoit en prifon Marcellin Pete Ughel.to.x. évêque d'Arezze. Ce prélat étoit natif d'Anco-P. 469. Be d'une famille très noble & chef du parti Guelfe: auquel il attira par fes exhortations & par fes largeffes,

non feulement des citoiens, mais le peuple de la campagne. Il fut premierement évêque d'Afcoli, d'où le pape Gregoire IX. le

rezze avec

transfera à Arezze en 1237. Mais les Gibellins Epift. ap. ayant pris le deffus en Tofcane le chafferent d'A- Matth. Par. plufieurs autres, & il fe retira à Rome p. 660. fous Innocent IV. qui lui donna le commandement de l'armée des Guelfes dans la Marche d'Ancone: car il étoit plus guerrier qu'ecclefiaftique, & il eut plufieurs avantages fur les troupes. de l'empereur. Mais enfin il fut pris & demeura plus de trois mois en prifon, après lefquels Fri

deric étant encore à Victoire le condamna

fes.

AN. 1248. mort, & envoya ordre de le pendre, ce qui fut executé au château de faint Plamien où on le gardoit. Les officiers de l'empereur aïant reçu cet ordre prefferent l'évêque Marcellin d'excommunier publiquement le pape, les cardinaux & les autres prélats de leur communion, & de jurer fidelité à l'empereur Frideric: lui promettant à ce prix l'impunité avec de grandes richel Mais le prélat réitera l'excommunication contre Frideric, qu'il avoit déja prononcée plufieurs fois, puis fçachant qu'on l'alloit mener au fupplice, il reçut tous les facremens. Il s'attendoit à être noyé, mais comme il vit qu'on l'al loit pendre il chanta Te Deum & Gloria in excelfis. Les Sarrafins qui fervoient d'executeurs lui lierent les mains, l'attacherent à la queuë d'un' cheval & le traînerent ainfi à travers de la ville aux fourches patibulaires. Cependant il confef foit publiquement fes fautes aux freres Mineurs qui l'affiftoient des deux côtez, & déclaroit qu'il pardonnoit de bon cœur à tous fes ennemis. I fut pendu le premier dimanche de carême huitiéme jour de Mars 1248. & fon corps fut dé au gibet pendant trois jours. Les freres Mineurs le déroberent & l'enterrerent: mais il fut déterré, traîné dans la boue & remis au gibet, jufque à ce qu'il vint un ordre particulier de l'empereur pour l'en ôter. Le cardinal Rainier écrivit far ce fujet une lettre pathetique, qu'il conclut en exhortant les fideles à preferer la croifade contre Frideric à celle de la terre fain652. te, pour obvier au mal le plus preffant. Matthieu Paris dit que cette lettre auroit exciré contre Frideric une grande indignation, fi les par tifans du pape ne l'avoient détournée fur eux! par leur avarice, leurs fimonies, leurs ufures &

leurs autres vices.

gar

Après le concile de Lion, le pape Innocent envoya pour légat en Pologne Jacques Pantaleon AN. 1248, archidiacre de Liege & fon chapelain. Il étoit V.

C.

Jacques

de Troyes en Champagne & fils d'un favetier. Pantaleon 1 Etant venu jeune étudier à Paris il fut premie- légat en Pcrement maître ès-arts, puis docteur en droit logne. canon: enfuite s'étant appliqué à la théologie il S.Ant, n.3. devint fameux prédicateur, & enfin il fut ar- par. tit. 19. chidiacre de Liege. Lorfqu'il fut arrivé en Po- 13. logne il tint cette année 1248. un concile à To.xx.conc Brellau en Silefie, où le trouva Foulques ar- p..702. chevêque de Gnefne avec fept évêques, fçavoir Rain. n.49 Prandotha de Cracovie, Bogufal de Pofnanie, Thomas de Breslau, Michel d'Uladislau, André de Ploco, Nanker de Lebus, & Henri de Culm. Le legat ayant exposé à ces prélats les befoins preffans du faint fiége pour refifter à Frideric, leur demanda le tiers des revenus ecclefiaftiques pendant trois ans : ils accorderent le cinquiéme & envoyerent au pape la fomme entiere d'avance par Godefroi fon penitencier: dequoi le pape les remercia publiquement. L'ufage étoit en Pologne depuis que le chriftianif me y étoit établi, de commencer le carême dès la Septuagefime: mais plufieurs l'obfervoient mal, & il en arrivoit de grands differends entre les laïques & le clergé, car le peuple vouloit se conformer aux autres occidentaux, & les éques employoient les cenfures pour maintenir l'ancien ufage. C'eft pourquoi le légat Jacques & les évêques de Pologne examinerent fi on devoit garder cet ufage different de celui de l'églife Romaine & des autres pays catholiques, principalement des Latins. Car c'étoit un refte du rit Thomass. Grec, que les Polonois avoient reçu d'abord Jeûnes 2. comme les autres Sclaves. Tout bien confideré par. c.1. nå le légat du confentement des évêques & par l'autorité du pape permit à tous les Polonois

13.

tant ecclefiaftiques que feculiers de manger dela AN: 1248. viande jufques au jour des cendres.

Pruf. t. 463.

P. 466.

La légation de l'archidiacre Jacques s'étendoit en Pruffe & en Pomeranie, & après le concile de Breslau il paffa en Pruffe où il fit un grand reglement entre les neophytes ou nouveaux chrétiens d'une part, & de l'autre le maître & les chevaliers de l'ordre Teutonique, qui vouloient tenir ces neophytes dans une efpece de fervitu Poft Chron, de. Ce reglement comprend le temporel comme le fpirituel: mais j'en marquerai seulement ce qui regarde la religion. Les neophytes & leurs enfans legitimes pourront être clercs & entrer dans les communautez religieufes. Ils promettent de ne plus brûler les morts; & ne point enterrer avec eux des hommes ou des chevaux, des armes, des habits ou des chofes précieufes mais de les enterrer en des cimetieres fuivant l'ufage des chrétiens. Ils n'offriront plus de libations à l'idole qu'ils ont coûtume de faire une fois l'an après la recolte des fruits,& qu'ils adorent fous le nom de Curche, ni à d'autres faux dieux. Ils n'auront plus de ces impoftcurs qu'ils nomment Taliffons & Ligaftons: qui font comme les prêtres des payens, & qui dans les funerailles loüent les morts des larcins, des pilleries, des impuretez & des autres pechez qu'ils ont commis pendant leur vie: & qui regardent au ciel criant qu'ils voyent le défunt volant en l'air à cheval revêtu d'armes brillantes & paffant à un autre monde avec une grande fuite.

Ils n'auront plus ni deux ni plufieurs femmes, mais une feule, qu'ils épouferont en prefence de témoins & feront publier leurs mariages dans l'églife. Ils ne vendront plus leurs filles pour les donner en mariage: d'où il arrivoit quelquefois que le fils époufoit la veuve de fon pere:

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paren

mme faifant partie de la fucceffion. Ils obfer-
eront dans leurs mariages les degrez de
E fuivant les loix de l'églife, & n'auront pour
éritiers que leurs enfans légitimes. Aucun
'eux ne fera mourir fon fils ou fa fille de quel-
ue maniere que ce foit; mais fi-tôt qu'un en-
ant fera né ou dans les huit jours au plus
ard, ils le feront porter à l'églife & baptifer-
ar le prêtre en le plongeant trois fois dans
eau. Tout ceci eft remarquable, particuliere-
ment les trois immersions. Le réglement con-
inue: Et parce qu'ils ont été long-temps fans
prêtres & fans églifes, d'où il eft arrivé que
plufieurs font allez en enfer faute d'être bapti-
fez, & qu'il en refte encore plufieurs qui ne le

font

pas: ils fe feront baptifer dans un mois : fmon ils font convenus que l'on confifquera les biens des parens, qui par mépris n'auront pas fait baptifer leurs enfans dans ce terme: ou des adultes qui auront opiniâtrement refufé le baptême en étant requis, & ils feront chassez euxmêmes nuds en chemise hors des terres des Chrétiens, de peur qu'ils ne gâtent les autres par leurs mauvais difcours. Tout ceci eft bien éloigné de l'ancienne difcipline pour la préparation au baptême.

nemens

,

AN. 12484

On défigne enfuite les lieux où les Neophytes doivent batir des églifes: fçavoir treize en Pomeranie, fix en Varmie, trois en Natanie, le tout dans la Pentecôte prochaine, & ils promettent de les fournir de calices, de livres, d'or& d'autres chofes néceffaires. A leur défaut les chevaliers doivent les faire bâtir à leurs dépens, je dis les neophytes. Les chevaliers promirent auffi de doter ces églifes, & de fournir à l'entretien des curez en attendant qu'ils puffent recevoir les dîmes, que les neophytes promirent leur apporter chez eux. Ce régle

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