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touchant la confervation de la foi, de la paix& AN. 1248. de la liberté ecclefiaftique ; & voici ce qui m'y paroit de plus remarquable: On renouvellera tous

les trois ans le ferment de la paix, fuivant les staSup. liv. tuts des conciles. On peut voir entre autres celui 1xxix. . de Toulouse en 1229. Le concile de Valence con58. p. 28. tinuë: On ajoûtera maintenant à ce ferment de ne

P. 433.
Conc. Val.

C. 2.

donner aucun fecours à Frideric fchifmatique & perturbateur de la paix: & fi par hazard il venoit en ces provinces, ou quelqu'un de fa part, person6. 22. 23. ne ne le recevra ou ne lui obéira. Enfuite on renouvelle l'excommunication contre lui & fes fauteurs, contre ceux qui l'ont appellé ou l'appelleront; & on les délare infames & incapables de tout acte legitime.

*.6.7.8.

c. 9.

Pour reprimer les parjures devenus très-frequens on enjoint aux évêques de faire exactement obferver les peines portées par les canons. Ceux qui n'executent pas les fentences des inquifiteurs feront traitez comme fauteurs d'hereti6. 13. ques. Ceux qui quittent de leur autorité les croix qu'ils doivent porter fur leurs habits. comme aïant abjuré l'herefie, feront jugez comme heretiques. . 15. Nous avons appris, dit le concile, que quelques excommuniez font des ftatuts où des ordonnances contre ceux qui les excommunient ou qui dénoncent les excommunications ; ce qui eft prefque heretique étant fait au mépris des clefs de l'églife. C'est pourquoi nous ordonnons que ceux qui auront fait de tels statuts foient excommuniez pour cela même, & que l'on cesse l'office divin par tout où ils fe trouveront. Mais pouvoit-on efperer que la feconde cenfure fe. 20. roit plus refpectée que la premiere? Ce conciSup. liv. le défend auffi les conjurations & les confrairies, ce qui femble regarder la ligue faite l'année precedente par les barons de France conce le clergé,

LX XXII.

2. 48.

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Cependant le roi faint Louis arrivant dans

Rain. an.

ifle de Chipre y fut reçu par Henri de Lufignan AN. 1248. oi du païs, auquel le pape Innocent avoit auffi XI. donné le roïaume de Jerufalem; le regardant Saint Louis comme vacant par la condamnation de Frideric en Chipre. & de Conrad fon fils. Loüis par le confeil de fes 1247.22.55. barons & de ceux du roïaume de Chipre réfo- Gefta Dulut de paffer l'hiver dans cette ifle; ne pouvant chefne. paffez à temps aller en Egypte, parce que fes vaif- 347feaux & fes galeres, fes arbalêtriers & le refte de

fes gens n'étoient pas encore arrivez. Or il avoit réfolu de porter la guerre en Egypte, pour atta-quer dans fon païs le fultan qui étoit maître de la terre fainte, comme on avoit fait trente ans auparavant. Le roi de Chipre avec prefque toute Sup. livi la nobleffe & les prélats de ce roïaume fe croi- LXXVIII. 2. ferent, & le terme du départ pour toute l'armée 15. fut fixée à Pâques de l'année fuivante. Pendant le fejour en Chipre le roi termina plufieurs differends entre les feigneurs croifez, qu'il étoit toûjours difficile de contenir, étant indépendans les uns des autres & peu foumis à leurs fouverains. L'archevêque Latin de Nicofie capitale de l'ifle avoit un differend avec les gentilshommes du païs pour lequel ils étoient prefque tous excommuniez le légat Eudes de Châteauxroux fe rendit médiateur entre les parties, les accommoda, & fit abfoudre les gentilshommes. L'archevêque Grec étoit banni de l'ifle depuis longtemps comme fchifmatique & défobéissant à l'archevêque Latin: mais il revint alors & fe foûmit avec les autres Grecs qui avoient été excommuniez. Le légat leur donna abfolution ; & ils abjurerent devant lui quelques erreurs.

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Il y avoit en Chipre des Sarrafins captifs dont plufieurs demandoient inftamment le baptême, quoiqu'on les avertît expreffément qu'ils n'obtiendroient pas pour cela leur liberté. Les

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légat en catechifa cinquante-fept, c'est-à-dire, les AN. 1249. fit catechumenes le jour de l'épiphanie fix Janvier 1249. & après en avoir baptifé trente de fa main, il alla à la proceffion des Grecs fur un certain fleuve où en prefence du roi de France & du roi de Chipre ils reconnurent qu'il n'y avoit qu'un Dieu, une foi & un baptême, & qu'ils faifoient cette ceremonie en mémoire de ce qu'à pareil jour notre Seigneur fut baptise par faint Jean dans le Jourdain. Ils tremperent la croix dans l'eau en difant: Le Pere eft lumiere, le Fils lumiere, le Saint-Efprit lumiere. Ils firent là des prieres pour le pape, mais ils n'en voulurent point faire pour l'empereur Vatace, parce que le pape l'avoit excommunié. C'est ce que raconte le légat lui-même dans une lettre au pape.

jo. 7. Spicil. P. 223.

P. 215.

ditam.

XII. Il dit auffi que le lundi après la fainte Luce, Ambaffade c'est-à-dire le quatorziéme de Decembre 1248. de Tartares arriverent en Chipre des ambassadeurs d'un roi à S. Louis. des Tartares, qui étant venus à Nicofie prefenDuchefne terent à faint Louis une lettre de leur maître P. 348. nommé Ercalthaï,écrite en langue Perfienne & en Matth. Ad- lettres Arabiques, où après un grand compli ment du ftile empoulé des Orientaux, il difoit: Je prie Dieu qu'il donne la victoire aux armées. des rois de la Chrétienté & les faffe triompher des ennemis de la croix, & enfuite: Nous vouJons que tous les Chrétiens foient libres & en sûreté dans leurs biens, que les églifes ruinées foient rebâties & qu'ils prient pour nous en repos: Kiocaï roi de la terre ordonne qu'il n'y ait point de difference dans la loi de Dieu entre le Latin, le Grec, l'Armenien, le Neftorien, le Jacobite, & tous ceux qui adorent la croix, ils font tous un chez nous, & nous vous prions de les favorifer tous également : la lettre por toit créance pour les deux ambaffadeurs David

part.

AN. 1249

& Marc. Celui qui eft nommé Kiocaï eft Caïouc-ca, & Ercalthaï ne parle que de fa Quand cette lettre fut prefentée à faint Louis p. 347. il avoit auprès de lui un frere Prêcheur nommé André de Longjumeau qui connoiffoit David le premier de ces ambaffadeurs. pour l'avoir vu dans l'armée des Tartares, quand il y avoit été avec les autres de la part du pape. Le roi fit traduire en Latin par ce frere André la lettre du Tartare, & en envoïa copie en France à la reine Blanche. Peu de temps auparavant p.248.Spio le rei de Chipre & le comte de foppé avoient p. 217. prefenté à faint Louis une lettre du connétable d'Armenie qui leur étoit adreffée. Elle étoit écrite pendant un voïage vers le Can des Tartares, & le connétable difoit: Il y a huit mois que nous marchons jour & nuit, & on dit que nous ne fommes pas encore à mi-chemin du lieu où eft le Can. Et enfuite parlant du païs qu'il nomme Tangath: C'eft de là que les trois rois vinrent à Bethlehem, & les gens de ce païs font chrétiens J'ai été dans leurs églifes, & j'y ai vû JESUS-CHRIST dépeint & les trois rois offrant leurs prefens. C'eft par eux que le Can & tous les fiens viennent de fe faire chrétiens. Ils ont devant leurs portes des églifes & fonnent les cloches: enforte que quiconque va voir le Can eft obligé d'aller d'abord à l'églife faluer JESUS-CHRIST, foit qu'il foit Sarrafin on Chrétien, foit qu'il le

veüille ou non.

Nous avons auffi trouvé plufieurs Chrétiens. répandus dans l'Orient & plufieurs belles & anciennes églifes que les Turcs ont ruinées : dequoi les Chrétiens vinrent fe plaindre à l'aïeul du Can d'aprefent. Il les reçut avec grand honneur, leur donna la liberté & défendit de leur faire aucune peine dequoi les Sarrafins reçufent une grande confufion. Mais ces Chrétiens

manquent de prédicateurs pour les inftruire, ce AN. 1249. qui eft un grand reproche contre ceux qui le devroient faire. Dans l'Inde que l'apôtre faint Thomas a convertie, il y a un roi Chrétien qui fouffroit beaucoup de rois Sarrafins ses voisins, jufques à l'arrivée des Tartares, dont il s'eft rendu vaffal, & avec leur fecours il a fait de tels progrès que tout l'Orient eft plein d'esclaves Indiens. J'en ai vu plus de cinquante mille que ce roi envoïoit vendre. Le connétable d'Armenie eft croïable tout au plus fur ce qu'il dit avoir vû ; mais quant ce qu'on lui avoit dit de la converfion du Can des Tartares; les relations que j'ai rapportées & celles que je rapporterai enfuite en montrent la fauffeté. Toutefois les prétendus ambaffadeurs d'Ercalthaï difoient la même chose. Sup. liv. Saint Louis après avoir reçu la lettre dont ils xxx11. 7. étoient porteurs, les interrogea en prefence du $5.56. c. légat, de fon confeil & de quelques prélats, & leur demanda: Comment votre maître a-t'il appris mon arrivée ? D'où font venus les Tartares, & par quels motifs? Quels païs habitentils maintenant Leur roi a-t'il une grande armée? A quelle occafion a-t'il reçû la foi ? Combien y a-t'il d'années ? & plufieurs autres ont-t'ils été baptifez avec lui? Il fit les mêmes queftions fur Ercalthaï. Il demanda pourquoi Bachon avoit fi mal reçu les envoïez du pape. Par ce Bachon j'entends Baïothnoi. Le roi demanda encore fi le fultan de Moful étoit chrétien: enfin de quel païs étoient les ambaffadeurs, & depuis quand ils étoient Chrétiens.

Ils répondirent le fultan de Mosul a envoïé au Can une lettre qu'il avoit reçuë du fultan d'Egypte, où il parloit de votre arrivée, difant fauffement qu'il avoit pris & emmené en Egypte foixante de vos vaiffeaux: afin de perfuader au fultan de Mosul qu'il ne devoit point

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