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mettre fa confiance en vôtre arrivée. A cette occafion Ercalthaï en ayant appris la nouvelle nous AN. 12491 a envoyez vers vous pour vous avertir que les Tartares fe propofent d'affieger l'été prochain le calife de Bagdad; & vous prier d'attaquer l'E, gypte; afin que le calife n'en puiffe tirer aucun fecours. Après avoir répondu fur l'origine des Tartares & fur leur maniere de vivre, ils ajoûterent: Kiocaï qui regne à prefent eft fils d'uné. chrétienne fille du prêtre-Jean: par les exhortations de fa mere & d'un faint évêque nommé Malaffias il a reçu le baptême le jour de l'Epiphanie, avec dix-huit fils de rois & plufieurs capitaines. Il y en a toutefois encore plufieurs qui ne font pas baptifez. Ercalthaï qui nous a envoyez eft chrétien depuis plufieurs années, & quoiqu'il ne foit pas de la race royale: il eft puiffant & le tient maintenant à l'orient de la Perfe. Pour Bachon

,

il eft payen & a pour confeillers des Sarrafins,... c'eft pourquoi il a mal reçu les envoyez du pape : mais il n'a plus tant de puiffance & dépend à prefent d'Ercalthaï Le fultan de Moful eft fils d'une : Chrétienne aime cordialement les chrétiens, obferve leurs fêtes & ne fuit en rien la loi de Mahomet; & s'il en trouvoit l'occasion favorable il fe feroit volontiers Chrétien. Quant à nous nous fommes d'une ville diftante de Moful de deux journées, & nous fommes Chrétiens depuis nos ancêtres. Le nom du pape eft maintenant celebre chez les Tartares, & l'intention d'Ercalthaï notre maître eft d'attaquer cet été le calife de Bagdad, & de vanger l'injure faite à JESUS-CHRIST par les Corofmins. Telle fut la réponse des ambaffadeurs.

Spicil.

Duchefne.

prirent congé du roi le vingt-cinquiéme de Janvier 1249. & partirent de Nicofie deux P. 222. jours après accompagnez de trois freres Prê- P. 350. cheurs André, Jean & Guillaume, que Louis Joinvil. p.

envoyoit au roi des Tartares avec des prefensten ▲N. 1249. fçavoir une croix faite du bois de la vraie croix, une tente d'écarlate où étoit representée en broderie la vie de JESUS-CHRIST, & quelques au tres curiofitez qui pouvoient attirer ce prince à la religion. Louis écrivit à même fin au Ĉan & à Ercalthaï ; & le légat leur écrivit auffi & aux prélats qui étoient fous leur obéissance, exhortant ces princes à reconnoître la primauté de l'église Romaine & l'autorité du pape; & les prélats à être unis entre eux, & conferver la foi des piemiers conciles.

23.

XIII.

Laurent de l'ordre des freres Mineurs peniJean de tencier du pape & légat en Orient depuis deux Parme légat ans avoit mandé qu'il voyoit ouverture à la en Grece. réünion des Grecs, tant de la part de l'empereur Sup. liv. LXXXII. %. Jean Vatace que du patriarche Manuel Caritopule. C'eft pourquoi le pape Innocent leur enS. Ant. 3. voya en 1249. Jean de Parme general de l'or part. tit. 24. dre en qualité de légat: qui étant arrivé à NiVading. an. cée s'attira tellement l'eftime & le refpect de 1249. Boll, l'empereur, du patriarche, du clergé & du peu19. Mart. ple, qu'ils croïoient voir un des anciens peres #. 8. p. 60. & un vrai difciple de JESUS-CHRIST. Ses com

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pagnons édifierent auffi beaucoup les Grecs par leur pieté entre autres frere Gerard que l'on dit avoir eu l'efprit de prophetie. Jean de Par me conduifit si bien fa negociation, que l'empereur & le patriarche envoyerent des apocrifaires au pape Innocent ; mais ayant été pillez en chemin ils furent obligez de s'arrêter ; & enfuite de retourner vers leurs maîtres, n'ayant pû arriver auprès du pape par la difficulté des temps. Enfin la mort du pape & celle de l'empereur Gree rompirent les mesures que l'on avoit prifes pour la réunion.. Mais Jean de Parme étoit revenu plu fieurs années auparavant, & il étoit auprès du par pe dès la fin de 1251.

XIV.

L'empereur Jean Vatace aïant perdu fa preniere femme Irene Lafcaris, époufa vers l'an AN. 1249. 244. Anne fille bâtarde de l'empereur Frideric Fermeté de & fœur de Mainfroi. Elle étoit encore fort jeu- Nicephore e, & entre les femmes qui vinrent à sa suite Blemmyde. l y en avoit une nommée Marcefine qui lui te- Gregoras oit lieu comme de gouvernante. Celle-ci éga- p. 26. ement belle & artificieufe fçut fi bien charmer Matth. Par. l'empereur, qu'il en devint éperduement amou-Cang famil. reux, jusques à lui donner les fouliers de pour- by. p.2234pre & les autres marques de la dignité imperiale: enforte qu'elle poffedoit feule le cœur du prince & l'autorité dans la cour, & que la jeune imperatrice étoit peu confiderée en comparaifon.

Un jour Marcefine autant par curiofité que par dévotion alla au monaftere que Nicephore Blemmyde perfonnage très-considerable par fa doctrine & fa pieté, avoit fondé en l'honneur de faint Gregoire Thaumaturge au lieu nommé Emathie & dont il étoit abbé. Marcefine y vint avec une nombreuse fuite & un grand appareil, faifant parade des ornemens d'imperatrice qu'elle portoit. Mais avant qu'elle entrât dans le vestibule, Nicephore fit fermer en dedans la porte de l'églife: ne croïant pas devoir permettre qu'une perfonne fi indigne, contre laquelle il s'étoit hautement déclarée de vive voix & par écrit, prophanât ce faint lieu par fa prefence: principalement pendant le faint facrifice que l'on celebroit alors.

Marcefine fe fentit cruellement offenfée de ce traitement; & entra dans une furieuse colere, qui fut encore échauffée par les courtisans fes flatteurs. Elle retourna donc vers l'empereur, lui reprefentant l'affront qu'elle avoit reçu & qui retomboit fur lui-même, & l'excitant de tout fon pouvoir à en tirer vengeance: en quoi

p. 562.

:

elle étoit merveilleufement fecondée par les cour AN. 1249. tifans qui s'accommodoient au temps. Mais l'empereur fentoit depuis long-temps de cuifans remors de la vie fcandaleufe qu'il menoit avec Marcefine, & attendoit que Dieu lui fit la grace de le tirer par la pénitence d'un fi miferable état. C'eft pourquoi quand fes courtisans le prefferent de venger l'affront fait à Marcefine, il répondit fondant en larmes & jettant un profond foupir Pourquoi me pouffez-vous à punir un homme jufte? Si j'avois voulu vivre fans honte & fans reproche, je n'avois qu'à conferver en fon entier la dignité imperiale : mais puifque je me fuis couvert d'infamie & l'empire même, il eft jufte que j'en fouffre la peine & que je recueille le fruit de mes pechez.

p. Allat.

Nicephore Blemmyde qui apparemment ne fçavoit pas la difpofition de l'empereur, & qui voïoit les fuites que fa fermeté devoit naturellement avoir; crut à propos de s'en justifier dans le public; & écrivit une lettre circulaire, où de Conf. p. après avoir raconté le fait & exageré Finfolen717.not. ad ce de Marcefine, il reprefente le refpe&t que l'on G. Acrop.p. doit aux loix de Dieu & de l'églife; & que les miniftres les doivent obferver avec un courage invincible, fans être ébranlé par aucun respect humain, ni touché de crainte ou d'efperance finon pour les peines ou les recompenfes éter nelles.

2.54.

XV.

L'empereur Frideric étoit retourné en Poüille Difgraces où il tomba griévement malade cette année 1249 de Frideric, & les médecins lui confeillerent une purgation, Matth. Par. puis un bain préparé exprès pour fon mal. Or le docteur Pierre des Vignes confident de Frideric avoit auprès de lui un médecin, qui fut chargé de préparer la médecine & le bain, par le confeil de Pierre y mêla du poifon mor

8.662.

&.

AN. 1249

Les ennemis du pape difoient qu'il avoit rté Pierre à ce crime par prefens & par pro effes. Frideric fut averti du complot; & and le medecin vint avec Pierre lui prefenter breuvage il lui commanda d'en boire le preier, ayant mis des gardes derriere afin qu'ils e puffent échaper. Le medecin furpris & efayé feignit de faire un faux pas, & fe laiffant omber en devant répandit la plus grande partie u breuvage: mais Frideric fit donner le peu qui eftoit à des criminels condamnez qui moururent uffi-tôt. Il fit pendre le medecin & aveugler Pierre de Vignes, & après l'avoir promené en plueurs villes d'Italie, il le livra aux Pifans qui le naïffoient mortellement : mais Pierre prevint eur vengeance & fe caffa la tête contre une coJonne à laquelle on l'avoit attaché. Malefpini c. 131. Florentin auteur du temps, dit que Pierre fut accufe de trahifon par envie de fon grand pouvoir, & le loue pour la fageffe & fon éloquence.Nous en pouvons juger par fes lettres que nous avons en grand nombre, écrites la plûpart au nom de l'empereur Frideric, & qui montrent le mauvais goût de fon ftecle.

22.23.

Entre ces lettres il y en a deux de Frideric Petr.devin. à faint Louis pendant fon voyage: la premiere liv.111. ep.. pour fçavoir de fes nouvelles fur le bruit que fa flotte avoit été diffipée par une tempête la feconde en lui envoyant des vivres & des chevaux: où il témoigne le defir qu'il avoit d'aller en perfonne à la croifade, fi les affaires que lui fufcite le pape ne l'en empêchoient. Au mois Matth. Pari de Mai de cette année 1249. Hents fils naturel p. 665. de Frideric & roi de Sardagne ayant marché Malefp. contre les Bolonois fut pris dans une embuscade & mis en prifon, où ils le garderent jufqu'à nonobftant les menaces de Frideric. Yers le même temps un autre de ses fils naturels

fa mort,

c. 140.

P. Vin. Il ep. 34.M.P

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