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mourut en Poüille, & ces accidens joints age AN. 1249. trahison de Pierre des Vignes le toucherent feles fiblement Enfin il fut frappé lui-même de le maladie que l'on nommoit le feu facré; & fel fentant humilié de tant d'adverfitez, il offrit au pape des conditions honnêtes de paix. Mais le pape les refufa, ce qui lui attira l'indignation de plufieurs nobles & les rendit favorables à Frideric.

XVI.

à Damiete. Gefta Dus

chefne p. 353

Matth. Par.

additam. t. 1090.

Le roi faint Louis ayant réfolu de paffer en S. Louis Egypte & d'attaquer Damiete, s'embarqua dans Fifle de Chipre au port de Limeffon le jour de l'Afcenfion treiziéme de Mai 1249. & après avoir été retenu quelque temps par les vents contraires, il arriva devant Damiete le vendre di d'après la Trinité quatrième de Juin. Dès qu'on l'eût apperçu tous les feigneurs se ralfemblerent auprès du roi qui commença à les encourager en ces termes: Mes amis, nous serons invincibles fi la charité nous rend infeparables. Ce n'eft pas fans un coup de providen ce que nous nous trouvons ici inopinément, abordons hardiment quelque grande que foit la refiftance des ennemis. Ne confiderez point ici ma perfonne; c'eft vous qui êtes le roi & l'églife: Je ne fuis qu'un feul homme, dont Dieu, quand il lui plaira, emportera la vie d'un foufle comme celle d'un autre. Tout évenement nous eft favorable; fi nous fuccombons nous fommes martyrs, fi nous fommes vainqueurs Dieu en fera glorifié & la reputation de la France & de toute la Chrétienté augmentée. Il y auroit de l'extravagance à penfer que Dieu qui prévoit tout, m'eût envoyé ici en vain. I a quelque grand deffein; combattons pour lui & il triomphera pour nous, non pour notre Join, gloire, mais pour la fienne. Louis étoit alors 1.43. dans fa trente-cinquième année, d'une taille

rantageuse qu'il paroiffoit au-deffus des autres

epuis les épaules. Il avoit très-bonne mine prin- AN. 1249, ipalement étant armé, & toutefois le vifage doux affable, les cheveux blonds, la barbe rafée ivant la mode du temps.

La defcente fut refolue; mais comme la mer 'eft pas profonde en ce rivage il fallut quitter les grands vaiffeaux & entrer dans les galeres & les barques. Le légat avec fa croix à découvert étoit dans la même barque que le roi, & elle étoit precedée de celle qui portoit l'Oriflame. Et comme on ne trouva pas même affez d'eau pour arriver jufques à terre dans ces bâtimens plats: l'armée Chrétienne & leroi tout le premier fauta dans la mer tout armé & marcha dans l'eau jufques aux épaules, quoique le riNage fut borde d'ennemis qui tiroient inceffamment. Mais les chrétiens les repoufferent & les forcerent à fe retirer. Ils abandonnerent même Damiere pendant la nuit; & le jour fuivant dimanche fixiéme de Juin les chrétiens la trouverent vuide & en prirent poffeffion. Le légat avec le patriarche de Jerufalem, les évêques prefens & un grand clergé, le roi faint Louis & plufieurs autres y entrerent en proceffion nuds pieds, en prefence du roi de Chipre & de quantité de feigneurs & d'autres perfonnes. Le legat commença par reconcilier la mosquée, qui dans l'autre prife de la ville trente ans auparavant avoit été dediée à la fainte Vierge en Sup. liv. T'honneur de laquelle il y celebra folemnellement LXXv111. la meffe ; & le roi fe propofa d'établir à Da- 29. miete un évêque comme il y en avoit autrefois & des chanoines. -réfolut d'y paffer l'été pendant l'inondation du Nil, qui alloit commen& marcher enfuite au Caire capitale du pays. Durant fon féjour à Damiete il en dota l'églife cathedrale, lui donnant des grands reve:

cer,

Balux, Mif

cel. tom. 4.

p.

491.495,

nus tant dedans que dehors la ville avec des fiefs AN. 1249. pour dix chevaliers. L'acte eft datté du mois de Novembre de cette année. Mais trois ans après l'an 1252. Damiete étant retournée au pouvoir des infideles, le roi qui étoit encore en Palestine donna à l'évêque dépouillé une pension viagere de deux cens livres parifis à prendre for Les coffres.

XVII.

Raimond dernier

comte de Toulouse.

Alphonfe comte de Poitiers frere du roi qui Mort de l'avoit laiffé en France fe préparoit cependant à lui amener du fecours. Il fe mit en chemin vers la faint Jean de cette année 1249. & se rendit à Aigues-mortes avec Jeanne fon époufe, dont le Geftap.355. pere Raimond comte de Toulouse vint les y trouver. Alphonfe & Jeanne s'embarquerent le lende main de la faint Barthelemi vingt-fixiéme d'Août & arriverent à Damiete le dimanche avant la faint Simon, c'eft-à-dire le 24. d'Octobre.

Guill. Pod.

Quelques temps auparavant le comte Raimond Laur. c. 48. avoit fait brûler à Agen environ quatre-vingt heretiques, de ceux qu'ils nommoient croyans, convaincus par leur propre confeffion ou autrement. Au retour d'Aigues-mortes il fut faifi d'une fievre à Millau en Rouergue, & s'avança jufques à un village près de Rodes nommé Pris, où l demeura allité. Là Durand évêque d'Albi vint de premier le trouver, & le comte fe confeffa à un fameux ermite nommé frere Guillaume d'Albaronc & reçût la communion de la main de l'évêque avec de grands témoignages d'humilité. Car lors que le faint Sacrement entra il fe leva de fon lit, tout foible qu'il étoit, alla au-devant jufques au milieu du logis & communia à genoux. Quatre autres évêques fe rendirent auprès de lui, fçavoir ceux de Toulouse, d'Agen, de Cahors & de Rhodés, avec les feigneurs, plufieurs chevaliers & les confuls de Touloufe Ils étoient tous d'avis qu'il y vint

ais il fe fit reporter à Millau & y fit fon teftaent, par lequel il choifit fa fépulture à Fon- AN. 1249. evraud, près la reine Jeanne fa mere il or- Catel.Comt donna la reftitution de tous les biens qu'il avoit p. 373. mal acquis, & laiffa de grands legs à divers. 375* monafteres. Puis par un acte féparé il déclara que fon deffein étoit, s'il revenoit en fanté, d'accomplir le vœu qu'il avoit fait d'aller à la croifade d'outre-mer; mais que s'il ne pouvoit l'accomplir, il ordonnoit que fon heritier envoïât à la terre fainte cinquante chevaliers pour y faire

le service pendant un an. Il ordonna encore que Matth. Parè l'argent qu'il avoit provenant du vingtiéme levé p. 668, fur les églifes, des legs pieux & du rachat des vœux, fût rendu au pape. Cet acte eft du vingtquatrième de Septembre 1249. & le comte Raimond après avoir reçu l'extrême-onction mourut le vingt-fept, âgé de cinquante ans. En lui finit la race des comtes de Toulouse, & le comté paffa au frere du roi Alphonfe comte de Poitiers, qui avoit époufé Jeanne fille unique de Raimond. L'extinction de cette puiffante famille fut regardée comme une punition divine, pour la protection qu'elle avoit donnée à l'herefie.

G. Poda

Laur.

MS.

Après que le comte de Poitiers fut arrivé à XVIII Damiete, le roi faint Louis en partit le vingtié la Mafloure Journée de me de Novembre 1 2 49. réfolu d'attaquer le Ep. S. Lud. Caire, & marcha contre l'armée des Sarra- Duchesne fins campée au lieu nommé la Maffore ou Man- p. 428. foure. Il apprit en chemin la mort du fultan d'Egypte Melic Saleh fils de Camel, arrivée le fecond jour de Saaban l'an 647. c'est-à-dire le onzième de Novembre 1249. mais elle fut tenue fecrette attendant la venue de Tourancha fon fils qui étoit en Diarbecre. Cependant les affaires furent gouvernées par Sejareldor veuve du fultan & par L'émir Facardin, qui eut le commandement des

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troupes. Les François vinrent devant la MalouAN. 1250. re le mardi avant Noël vingt-uniéme de Decembre, mais ils ne purent en approcher à caufe d'un canal tiré du Nil qui feparoit les deux armées. Les notres le nommoient le fleuve de Tanis, & les gens du païs Aschmoum. Comme il n'étoit pas gueable, les François commencerent à faire une chauffée pour le traverser: mais les Sarrafins leur réfifterent vigoureusement, ruinant leurs travaux & brûlant leurs machines.

Enfin un Arabe Bedoüin aïant enseigné un gué aux François, ils pafferent le Tanis le jour du mardi gras huitiéme de Fevrier 1250. & aïant furpris les ennemis dans leur camp, ils en tuerent plufieurs, entre autres l'émir Facardin. Robert comte d'Artois paffa plus avant contre l'ordre exprès du roi fon frere, & voulut fans Matth. Par. differer attaquer la Maffoure. Comme le maître p. 683. du Temple plus fage & plus experimenté s'efforçoit de le retenir, le jeune prince lui répondit en colere: Voilà l'efprit féditieux & la trahison des Templiers & des Hofpitaliers. On a bien raifon de dire que tout l'Orient feroit con quis il y a long temps, fi ces prétendus religieux ne nous en empêchoient par leurs artifices: ils craignent de voir finir leur domination & leurs richeffes fi ce païs étoit foumis aux chrétiens. C'eft pour cela qu'ils ont alliance avec les Sarrafins, qu'ils trahiffent les croifez & les font périr par le fer & par le poifon. Frideric n'at'il pas éprouvé leurs tromperies? Le maître du temple & celui de l'hôpital outrez de ces reproches fuivirent le comte d'Artois, il entrerent dans dans la Maffoure qu'ils trouverent ouverte: mais les Sarrafins s'étant apperçus du petit nombre des François, revinrent fur leurs pas &les envelopperent dans cette place, enforte que la plupart

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