Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

la meffe, qui fut celebrée par le légat Eudes - Châteauroux & il y fit un pieux fermon. AN. 1251. e roi avoit toûjours des ornemens précieux e diverfes couleurs felon les folemnitez, & en enoit un foin particulier. De Nazareth il alla vingt-huitiéme de Mars à Cefarée, où il de- 220. eura le refte de l'année 1251. & une partie de la ivante, occupé principalement à la faire for- 90. fier.

Sanut. p.

Joinv.p.89

Peu de temps après qu'il y fut arrivé, revinent les freres Prêcheurs qu'il avoit envoïez n Tartarie deux ans auparavant, fçavoir André le Longjumeau & fes compagnons. Ils dirent que s'étant embarquez en Chipre ils aborderent au port d'Antioche, & que de là jufques au lieu où étoit le Can des Tartares, ils mirent bien in an à marcher faifant dix lieuës par jour. Tout le païs qu'ils traverferent étoit foûmis aux Tartares, & en plufieurs lieux ils trouvoient dans les villes & les villages de grands monceaux d'os d'hommes morts. Caiouc-can étoit mort quand ils arriverent, & fa veuve fut régente jufques à l'élection, qui fut déferée à Batou comme l'aîné de la famille. Il choifit Moncaca au- Albulfar rement Mangou petit-fils de Ginguiz-can com- p. 326. me lui, & il fut élû l'an 649. de l'hegire, 1251. de JESUS-CHRIST. Les freres Prêcheurs furent témoins de cette élection : on les reçut avec honneur, & ils trouverent le nouveau Can affez favorable aux Chrétiens, mais ils n'apprirent rien d'Ercalthaï, dont on avoit apporté une lettre à faint Louis. Sur leur relation le roi écrivit au pape que plufieurs Tartares, avoient re- 1253.7.47 çu le baptême, & qu'il s'en convertiroit un plus grand nombre fi on leur prêchoit la foi. Mais, ajoûtoit-t'il, la puiffance du calife de Bagdad fait qu'il y a très-peu d'evêques dans le païs, f'eft pourquoi il feroit à propos d'ordonner évê

Tome XVII.

Y

ap. Rain.

ques quelques freres Prêcheurs ou Mineurs q AN. 1251. l'on y doit envoïer, afin qu'ils puffent confere les ordres & les autres facremens qui appartien nent aux évêques, & donner les difpenfes nécel faires touchant les mariages & l'obfervation des jeûnes.

contre le

pape.

de

la let

XXXIII. De Cefarée faint Louis écrivit à la reine BlanPlaintes che fa mere, à fes freres, & à ses sujets, leur demandant un prompt fecours d'hommes, vivres & d'argent. La reine aïant reçu tre, affembla tous les nobles du roïaume pour les confulter fur ce fujet : & ils fe plaignirent hautement de la conduite du pape qui excitoit une Ch. Matth. nouvelle guerre dans la Chrétienté. C'eft que Spin. Conrad fils de l'empereur Frideric étoit entré en Italie dès le mois de Mai de cette année 1251. pour prendre poffeffion du roïaume de Sicile: & les Venitiens lui aïant fourni une flotte, il defcendit à Pescaire le vingt-fixiéme d'Août. Tous les barons du païs allerent au-devant de lui; il marcha avec toutes les troupes contre les comtes d'Aquin & de Sore qui s'étoient déclarez pour le pape & les défit le jour de faint Matth. Par. Martin. Or le pape faifoit prêcher la croifade contre Conrad, particulierement en Brabant, en Flandre & en France; même avec une indulgence plus grande que celle de la terre fainte, car elle devoit s'étendre au pere & à la mere dụ

8.713.

croifé.

[ocr errors]

La nobleffe de France difoit donc à cette occa fion: Le pape fait prêcher une nouvelle croi fade contre des Chrétiens pour étendre fa domination & oublie le roi notre maître qui fouffre tant pour la foi. La reine Blanche touchée de cette remontrance fit faifir les terres de tous ces nouveaux croifez, difant: Que le pape entretienne ceux qui vont à fon fervice, & & qu'ils partent pour ne plus revenir. Les fei

eurs en uferent de même à l'égard des croifez à leurs terres ce qui fit tomber la croisade. AN. 12524 s firent auffi de fortes reprimandes aux freres êcheurs & aux freres Mineurs qui l'avoient êchée. Nous vous bâtissons, difoient-ils, des glifes & des maifons, nous vous recevons, Ous vous nourriffons & Vous entretenons. Quel bien vous fait le pape? il vous fatigue & ous tourmente il vous fait les receveurs de es impôts & vous rend odieux à vos bienfaiceurs. Ils s'excufoient fur l'obéiffance qu'ils lui evoient.

f. 719.

Vers le commencement de l'an 1252. le pape Matth. Pa crivit au roi d'Angleterre, pour lui perfuader p. 717. d'aller au fecours du roi de France à la terre ainte, ou s'il n'y alloit pas en perfonne, du moins qu'il n'empêchât pas ceux qui vouloient aller. Ce qui fervit de prétexte à ce prince pour exiger de nouvelles taxes des Juifs de fon oyaume. Vers la fête de Pâques il affembla à Londres tous les feigneurs croifez pour délibeer fur le fecours de la terre fainte, & le jeudi f. 720. de la feconde femaine après Pâques il fit prêcher folemnellement la croifade à Oüeftminster; mais il s'y trouva peu d'auditeurs à caufe l'indignation contre les exactions de la cour de Rome: car le roi fous prétexte de ce voyage qu'il ne fit point, avoit déja obtenu du pape une decime pour trois ans fur le clergé & le peuple de fon royaume. Ce qui l'avoit fait foupçonner de n'avoir pris la croix que pour cet effet. Toutefois il jura de partir de la faint Jean en trois ans, & fit ce ferment met tant la main à la poitrine comme les prêtres, puis fur les évangiles, mais les affiftans ne s'y fierent pas davantage.

Pour exciter à la croifade d'outre-mer le pa- ap. Rain, mi pe ajoûta de nouvelles graces à l'indulgence ple- 26. niere: donnant pouvoir à l'évêque d'Avignon

d'abfoudre ceux qui avoient frappé des clero AN. 1252. brûlé des églifes de difpenfer les cleres desir regularitez qu'ils avoient encouruës: permett aux bátards de recevoir les ordres facrez & des benefices: commuer au vœu de la croifade tous les autres vœux, excepté celui de religion. La lettre eft du treiziéme de Février 1252. C'est ainfi qu'on prodiguoit les dif enfes au préjudice de la difcipline.

tri.

XXXIV.

Dès l'année précedente pendant que le pape Evêchez de étoit à Milan, il avoit repris Lodi auparavant Lodi & d'A- attaché au parti de Frideric; jufques là que le Mon. Pad. pape Gregoire IX. l'avoit privé de l'évêché, Ughel.to.4. pour avoir commis de grands excès contre des P.920.921. ecclefiaftiques & des religieux, & même avoir Rain. n. s. brûlé un frere Mineur. Ottobel alors évêque de

Vghell.1.1.

P. 59.

Lodi fut tellement affligé de voir fa ville ainfi dégradée, qu'il en mourut de déplaifir l'an 1242 & Il n'eut point de fucceffeur pendant dix ans. Mais enfin la ville étant rentrée en grace auprès d'Innocent IV. il lui rendit la dignité épifcopale & approuva l'élection de Bonjean pour leur évêque: comme il paroît par fa lettre du neuviéme de Janvier 1252.

La petite ville d'Atri dans l'Abbruzze ulterieure s'étant déclarée pour le pape, le cardinal Rain. n. 6. Pierre de Colmieu évêque d'Albane l'érigea en cité par l'autorité du pape & en ville épifcopale, fans toutefois lui donner d'évêque particulier: mais l'unifant à perpetuité à l'évêché de Penna dont elle dépendoit, & dont Beralde étoit alors évêque. Le pape confirma cette érection par fa bulle du quinziéme Mars 1252. & ces deux évêchez de Penna & d'Atri font toujours depuis demeurez unis & dépendans immediatement du faint fiége. Or j'avoue que je ne vois pas quel avantage fpirituel revenoit de cette érection d'éyechez.

Cependant Pierre de Verone inquifiteur à Mi

faint Pierre

Vita ap.

n combattoit fortement les heretiques. Il leur AN. 1252% froit fouvent de fe jetter dans un feu pour preu- XXXV. e de la foi catholique, s'ils vouloient y entrer Martyre de vec lui: il difoit qu'il ne mourroit jamais que de Verone. e leur main, & affuroit qu'il feroit enterré Milan. Sa priere ordinaire à l'élevation de l'ho- Bol. to. xtie étoit de ne mourir que pour la foi. Lep. 696. imanche des rameaux vingt-quatriéme de Mars p. 698.. 252. prêchant à Milan devant près de dix mille erfonnes, il dit à haute voix: Je fçai certainenent que les heretiques ont concerte ma mort & qu'ils ont mis de l'argent en dépôt pour cet effet. Mais qu'ils faffent ce qu'ils voudront, je ferai plus contre eux après ma mort que je n'ai fait de mon vivant. Enfuite il s'en retourna à Côme où il étoit prieur.

Corio.

263.

Les conjurez étoient Etienne gonfalonier d'A- p. 681. liate, Mainfroi, Clitoro de Giuffano petite ville entre Milan & Côme, Guido Sachella & Jacques de Clufe: le prix convenu pour payer les affaffins étoit de quarante livres monnoye de Milan, qui furent dépofées entre les mains de Thomas de Guiffano. Il prirent pour executeur Pierre Balfamo furnommé Carin & celui-ci choifit pour compagnon Aubertin Porro furnommé Mignifo. Ils laifferent paffer les fêtes de Pâques, & Carin demeura trois jours à Côme, où s'allant informer tous les jours au convent des freres Prêcheurs quand Pierre devoit en partir pour aller à Milan, il apprit qu'il étoit parti avant: le jour le famedi dans l'octave de Pâques fixiéme d'Avril. Carin" pria Mainfroi de lui prêter fon cheval, pour joindre plus aisément frere Pierre qui étoit à pied : mais Mainfroi le refufa, de peur que ce ne fût un indice contre lui. Carin fe mit donc à courir à pied pour ne pas perdre ane. fi belle occafion; & il n'eut pas de peine à

« AnteriorContinuar »