Imágenes de páginas
PDF
EPUB

honte qui eft une grande partie de la penitence, AN. 1254, quand on se confeffe, non à son curé que l'on a toûjours prefent, mais à un étranger, que fouvent on ne voit qu'en passant, & auquel il eft difficile, ou même impossible d'avoir recours au befoin; nous vous défendons expressément de recevoir indifferemment dans vos églises les paroiliens d'autrui les dimanches & les fêtes, & de les admettre à la penitence fans la permiffion de leur curé: puifque fuivant le concile general, fi quelqu'un veut pour une jufte cause se confeffer à un prêtre étranger, il doit obtenir la permiffion du fien, ou fe confeffer premierement à lui, & en recevoir l'absolution.”

Et pour ne pas fouftraire aux églises paroiffiales la devotion qui leur est duë;-vous ne ferez point dans vos églifes de fermons à l'heure de la melle à laquelle les paroiffiens doivent aller dans les leurs, de peur que le peuple ne quitte les paroiffes pour entendre vos fermons. Vous n'irez point non plus prêcher à d'autres paroif fes, fi vous n'y êtes invitez par le curé, ou fi vous ne lui en avez humblement demandé la permifhon. Et pour rendre aux évêques l'honneur qui leur est dû, le jour que l'évêque diocefain, ou un autre à fa place prêchera folemnellement, principalement dans l'églife. cathedrale, aucun de vous ne prêchera dans le même Heu; de peur que la predication trop frequente ne devienne ennuyeufe & méprifable. Que fi en quelque cas permis vous donnez la sepulture en vos églifes aux paroiffiens d'une autre, vous remettrez à l'évêque ou au curé la moitié, les tiers ou le quart de ce que vous aurez reçu à cette occafion: fuivant le decret du pape Gregoire. Cet te bulle eft dattée de Naples le vingt-uniéme de Novembre 1254. Etant adreffée à tous les religieux,elle fuppofe que quelques-uns ont des cures. comme les chanoines reguliers.

[ocr errors]

LVI. Mort d'In

nocent IV.

ap. Petr. de Vin.II.c.s.

Cependant le nouveau légat du royaume de Sicile, Guillaume cardinal diacre de faint Eu- AN. 1254. ftache, étendoit fon autorité d'une maniere qui faifoit dire aux partifans de Mainfroi, que ce prélat agiffoit non en gouverneur, mais en maîAnonym. tre; & que le pape vouloit s'approprier le roïau- ap. Ughell. me, & exterminer la race de l'empereur Frideric. P. 771. D'ailleurs un feigneur nommé Burel, qui avoit Ep. Manfr quitté Mainfroi s'attacher au pape, pour fut tué par les gens de Mainfroi & affez près de lui,quaique fans fon ordre à ce qu'il prétendoit:mais le pape crut le contraire, & Mainfroi ne fe croyant pas en sûreté, s'éloigna du pape qui étoit encore à Capoue, & par des chemins détournez, s'alla jet- An. p.792. ter dans Nocera, habitée par des Sarrafins qui l'y 794. reçurent à bras ouverts, le fecond jour de Novembre. Il y trouva de grands trefors, raffembla en peu de temps une armée nombreuse, & comme le légat & l'armée du pape occupoient Troye p. 801 & Fogia près de Nocera, une partie des troupes de Mainfroi s'engagea dans un combat qui lui donna occafion d'entrer dans Fogia le mercredi fecond jour de Decembre 1254. La garnifon l'abandonna la nuit fuivante, & en même temps le légat ayant pris l'épouvante, s'enfuit aufli de Troye avec précipitation: ainfi Mainfroi demeura maître de l'une & de l'autre place.

Le légat fe retira à Naples, où il trouva que le pape Innocent IV. étoit mort le septiéme du même mois de Decembre, après avoir tenu le faint fiége onze ans cinq mois & quatorze jours. Il fut enterré dans l'églife cathedrale de Naples, & le faint fiége ne vaqua que dix-fept jours.

Fin du livre quatre-vingt-troifiéme.

AN. 1254.

1. Alexandre

IV. pape.
Anonym.

ap. Ughell.

************:

LIVRE QUATRE-VINGT-QUATRIE ME

Es cardinaux & toute la cour de Rome étoient fi épouvantez de la victoire de Mainfroi, qu'ils vouloient quitter Naples & retourner en Campanie. Mais le marquis Berthold les 10. 9.p.803. raffura, & les preffa tant de s'aflembler & de faiPapeb.cona. re un pape', que le jour de Noël ils élurent le cardinal Rainald évêque d'Oftie, qui prit le nom d'Alexandre IV. & fut couronné le dimanche fuivant jour de faint Jean l'évangelifte vingtfeptiéme de Decembre 1254. Il étoit de la famille init. Ughel. des comtes de Segni, fils de Philippe frere du pato. 1. p. 83. pe Gregoire IX. ne au château de Jenne dépendant Matth. Par, de l'abbaye de Sublac au diocese d'Anagni, où il

Rain. to. 2.

.771.

Rain. 1255.

2.2.3.

demeura long-temps & fut chanoine de la cathedrale. Le pape fon oncle le fit premierement car> dinal diacre du titre de faint Eustache, puis évêque d'Oftie en 123 1. Il étoit pieux, appliqué à la priere, & pratiquant l'abstinence : mais il paffoit pour trop facile à écouter les flateurs. Dès le dernier jour de Decembre, il écrivit felon la coutume, une lettre circulaire à tous les évêques pour leur donner part de fa premotion, & leur demander le fecours de leurs prieres.

Ses premiers foins furent d'arrêter les progrès de Mainfroi; & pour cet effet il donna la Anonym. légation du royaume de Sicile à Octavien Vadi.p.806 Ubaldin, cardinal diacre du titre de fainte Ma32·5·5. n.o 3. rie in via lata, qui fit fon vicaire general, un frere Mineur nommé Rufin chapelain & penitencier du pape, homme de grande reputation pour fon induftrie. Et comme Mainfroi n'envoyoit point au pape le complimenter fuivant la coûtume des princes fur fon avenement au

ntificat: le pape envoïa un évêque le citer à mparoître en fa cour à la Purification de Notre- AN. 1255ame pour répondre fur le meurtre de Burel Anglone, & fur l'injure qu'il avoit faite an int fiege, en chaffant de Poüille le légat Guil ume & l'armée de l'églife. A cette citation ainfroi répondit par lettre, qu'il n'avoit point it d'injure à l'églife Romaine, en foûtenant on droit & celui de fon neveu. Toutefois enaite il fe laiffa perfuader d'envoïer au pape deux e fes fecretaires pour traiter de la paix, fans terrompre le progrès de fes conquêtes.

p. 8074.

II.

Nort.

La religion faifoit du progrès en Livonie, & pape Innocent IV. avoit permis à l'archevê Eglifes du que de fixer fon fiege en telle cathedrale de sa dépendance qu'il jugeroit à propos: c'eft pourquoi le fiege de Riga étant venu à vacquer, l'archevêque choisit cette églife pour fa métropoliaine: & le pape Alexandre confirma ce choix par fa bulle du vingtiéme de Fevrier 1255. Riga 1. ep. 3422 fut donc dès-lors la métropole de Livonie, d'Ef- ap. Rain. tonie & de Pruffe. Peu de temps après le 11. 64. pape ordonna à cet archevêque d'établir, s'il le jugeoit à propos, un nouvel évêché en faveur des païens du voifinage, que deux freres nobles Ot ton de Lunebourg & Tyderic de Kivel avoient attirez à la religion chrétienne. Le tout fans préjudice du droit des chevaliers Teutoniques. La ep. 294. Ri lettre est du dix-neuvième de Mars.

22.639

Peu auparavant le pape avoit accordé à Mendog roi de Lituanie, la faculté de faire couronner roi fon fils par tel évêque Latin qu'il lui plairoit; & lui avoit donné les terres qu'il pourroit conquerir fur les païens de Ruffie. Mais cetSup. liv. te même année 1255. Mendog tourna fes armes LXXXIII. n. contre les chrétiens, brûla la ville de Lublin en 43. Pologne, & emmena plufieurs efclaves en Litua- Rain. an. nie. Aufli sa prétenduë converfion n'avoit rien 1253.",376

3.8.

de folide; & fes fucceffeurs demeurerent payens s

AN. 1255. encore cent trente ans.

Dusbourg. Ch. Pruf.

Dès la fin de l'année précedente une grande armée de croisez vint au fecours des Chrétiens de P. 173. Dubrav.lib. Pruffe. Elle étoit conduite par Ottocar nouveau 17. p. 137. roi de Bohême avec Otton marquis de Brandebourg fon neveu, qui fut fon marêchal en cette entreprife le duc d'Autriche, le marquis de Moravie, Henri archevêque de Cologne, Anfelme évêque d'Olmuts furent de ce voïage, & un fi grand nombre de croifez de toute l'Alle magne, qu'ils montoient à foixante mille combattans. Ils arriverent l'hyver ; & épargnant les terres des Chrétiens ils brûlerent & faccagerent celles des infideles. Après un combat où les Prufficns furent défaits.& grand nombre pris prifonniers: le roi Ottocar donna la vie à tous ceux qui qui fe firent baptifer, ou qui revinrent à l'églife après avoir apoftafié; tous les autres furent paffez au fil de l'épée. Les deux chefs des Pruffiens s'étoient enfermez dans une ville, où manquant de provifions ils ne pouvoient foûtenir un fiege ils demanderent confeil aux habitans qui répondirent: Nous avons déja réfolu d'embraffer la religion chrétienne, plutôt que de pétir avec nos enfans & nos biens. Et nous auf, dirent les capitaines, nous y donnons les mains, puifque nous voïons clairement que nous com

battons en vain contre Dieu.

Ils envoïerent au roi Ottocar des députez, offrant de fe rendre le lendemain à difcretion, il les reçut, & dès le matin les deux capitaines des Pruffiens furent baptifez par l'évêque d'Ol muts; le roi fut parrain de l'un, le marquis Otton de l'autre, & ils leur donnerent chacun leur nom, le noi les revêtit l'un & l'autre d'une robe de foie blanche mêlée d'or & les appella fes amis. Ea fuite le refte des païens, non feulement du lieu,

mais

« AnteriorContinuar »