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charge de ceder au légat à latere, s'il en venois AN. 1255. un fur les lieux. Il lui ordonnoit auffi d'emprunter jufques à mille marcs de fterlins pour le fecours de l'empire, & d'engager pour cet effet les biens des églifes. Car les affaires des Latins déperiffoient de jour en jour en Romanie comme en Paleftine.

XIII.

L'empereur Grec Jean Ducas Vatace ayant été Mort de frappé d'apoplexie dès la fin de Février 1254. en Jean Vata mourut le trentiéme d'Octobre près de Nymce. Theod. Lafcaris em- phée, après avoir vecu foixante & deux ans, & pereur. en avoir regné trente-trois. Son fils Theodore. Georg. Lafcaris lui fucceda âgé de trente-trois ans : car. Acrop. n. il étoit né en même temps que le pere fut recon32. P. SS. Niceph. nu empereur. Le fiege patriarcal étoit vacant: Greg. lib. par le decès de Manuel, mort un peu avant l'em2. c. 8.n.4. pereur. Il avoit fuccedé à Methodius fucceffeur: Allat. de de Germain, qui étoit entré en negociation avec conf. 11. c. le pape Gregoire I X. pour la réunion des égli fes. Or le nouvel empereur étoit preffé de fe 1. 5. Sup. liv. faire couronner, pour aller à la guerre contre: Lxxx. n. les Bulgares, & il ne pouvoit être couronné que par le patriarche. Il jetta d'abord les yeux fur Acrop. Nicephore Blemmyde qu'il aimoit & en étoit ai-

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mé; car ce prince qui étoit fort fçavant avoit été fon difciple: mais Nicephore avoir peu d'em-preffement d'être patriarche, & l'empereur luimême n'étoit pas fâché qu'il le refusat. Car les princes veulent des patriarches foumis & complaifans, tels que font plûtôt les ignorans, quin'ont pas de confiance en leurs raifons: au lieu. que les fçavans font plus roides & refiftent aux. volontez des maîtres. Ce font les paroles de l'hittorien George Acropolite. L'empereur Theo-. dore choifit donc un moine nommé Arfene, qui, n'avoit étudié qu'un peu de grammaire, & n'etoit point dans les ordres facrez; & l'ayant fait. venir de fon monaftere, il le fit ordonner les: par

Evêques avec tant de diligence, qu'en une femaine ils le firent diacre, prêtre, & patriarche AN. 1255. de C. P.

XIV.

troubles de

En France la bulle Quafi lignum vita aïant été apportée aux docteurs de Paris, & les évê- Suite des ques d'Orleans & d'Auxerre, commis par le pa- l'univerfité pe pour cet effet, leur aiant enjoint de l'execu- de Paris. ter, ils refuferent d'obéir, difant qu'ils ne pou- Duboulai. voient recevoir dans leur corps des religieux d'un to. 3. p. 87. genre de vie different du leur, & qu'on ne pouvoit les y forcer. Les deux évêques fans avoir égard à leurs remontrances, & même à l'appel qu'ils interjetterent au pape, prononcerent fen-. tence d'excommunication contre toute l'univer fité qui toutefois perfifta dans fon refus de recevoir les freres Prêcheurs. C'étoit vers le temps p. 288. des vacances, & ces difputes furent caufe que plufieurs maîtres & plufieurs écoliers fortirent de Paris avant le temps: on croïoit même qu'ils n'y reviendroient pas ; & en effet plufieurs s'établirent ailleurs, jugeant que ce differend ne feroit pas fitôt terminé. Après la faint Remi ceux qui étoient reftez à Paris, s'affemblerent & refolurent d'écrire au pape, & de lui envoïer des députez, pour lui dire: qu'il n'y avoit plus de focieté entr'eux, ni de corps d'univerfitez à Paris, & qu'ils avoient renoncé à tous leurs privileges. La lettre dattée du fecond jour d'Octobre · 1255.cat au nom des docteurs & des écoliers particuliers qui demeurent à Paris, & elle contient en fubftance.

Il y a près de trois ans que les freres Prêcheurs perfécutent notre école, tant par les procès qu'ils nous fufcitent, que par la terreur de la puiffance féculiere; & depuis peu par leurs importuni

tez, ils ont obtenu de votre clemence une lettre

t

fubreptice Quafi lignum vita, qui trouble l'an- p. 289.. cien ordre de notre école, jufques à la ruïner

entierement. Nous fommes une multitude défarAN. 1255-mée d'étrangers, à qui les gens du païs font fouvent des infultes atroces ; & nous n'avons autre remede à y oppofer, que de fufpendre nos leçons, jufques à ce que le prince foit excité à nous fecourir. Or votre lettre nous ôte cet unique remede, en nous défendant de nous engager à cef fer nos leçons, finon du confentement des deux tiers des maîtres de chaque faculté. Car plus du tiers des docteurs, du moins en theologie, font des chanoines de l'églife de Paris, & des religieus des autres communautez ; à qui on ne pourroit perfuader une ceffation generale des leçons, comme nous l'avons experimenté, par la crainte qu'ils auroient de la tranflation de l'univerfité, ou de la retraite des écoliers.

Cependant voïant que vous avez jugé à propos de rétablir par votre pleine puiffance dans le corps de l'univerfité frere Bonhomme & frere Elie que nous en avions exclus pour leur rebellion: nous n'avons pas cru devoir résister à leur rétablissement, parce que nous ne pouvons vacquer à des procès, principalement contre des gens qui les aiment. Mais nous avons trouvé qu'il nous feroit moins fâcheux de nous priver des avantages de l'univerfité, que de fouffrir plus. long-temps la focieté de ces religieux: que nous avons éprouvé nous être préjudiciable, & que nous craignons qui ne foit dangereufe à toute l'é glife. Nous avons auffi confideré que la focieté fe forme d'ordinaire amitié, & non par force i & que fuivant la règle de droit on ne peut obliger perfonne à entrer ou à demeurer en focieté malgré lui. Nous nous fommes done féparez du corps de l'univerfité, renonçant à fes avantages & à fes privileges ; & ainfi nous avons évité focieté de ces religieux, fans contrevenir à

mandement.

par

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Toutefois ils ont tellement féduit les évêques d'Orleans & d'Auxerre, que ces prélats excedant AN. 1255les termes de leur commission, ont prononcé excommunication contre tous les maîtres & les écohers, qui dans vingt jours ne recevroient pas les deux freres Prêcheurs & leurs difciples: fans diftinguer ceux qui pouvoient & devoient les admettre, étant du même corps, & ceux qui ne le pouvoient n'en étant plus. Ce qui nous a obli- p. 290. gé d'appeller de nouveau à vôtre pieté. Mais fans avoir égard à nôtre appel, ces freres ne reffent de nous inquieter de tout leur pouvoir, quoique nous n'empêchions point qu'ils ayent autant d'écoles & d'écoliers qu'ils peuvent, & qu'eux & leurs difciples joüiffent de tous nos privileges. Nous ne voulons être ni leurs fupericars, ni leurs inferieurs; & nous ne leur demandons autre chofe, finor qu'ils nous lais fent en paix dans un quartier de la ville, fans s'ingerer par force dans nos maifons, nos écoles ou nos affemblées. De quoi nous les avons priez, & leur avons défendu autant que nous l'avons pu de vive voix, fçachant que par ordre du roi ils ont toûjours à leur difpofition une multitude de gens armiez.

Ces freres pouffez du malin efprit ont encore inventé une calomnic 'contre maître Guillaume de faint Amour, homme venerable, nôtre chapelain & profeffeur en theologie, qui leur cft odieux parce qu'il prend notre défenfe. Ils l'ont accusé fauffement d'avoir attaqué vôtre réputation, qui a toûjours été hors d'atteinte, & d'avoir lû plufieurs fois dans nos affemblées un libelle diffamatoire contre vous, voulant aufli nous rendre tous coupables de l'avoir écouté avec plaifir; & par le moyen de Gregoire vôtre nonce, qui paffoit à Paris, ils ont porté leurs plaintes contre ce docteur, au roi

& à l'évêque de Paris. Le docteur appellé devi AN. 1255. l'évêque, a demandé que le nonce fût auffi cité, pour dire de qui il avoit appris ce qu'on lairé prochoit, & reprefenter les memoires qu'il difoit avoir reçus contre lui. L'évêque n'ofa citer le nonce, ni le nonce comparoître en jugement:: mais variant en fes difcours, & niant enfuite ce qu'il avoit dit d'abord, il fe retira fubitement de la ville. Infin l'évêque après plufieurs délais, n'ayant trouvé aucune preuve contre Guillaume de faint Amour, qui offrit de fe purger canoni quement devant quatre mille clercs, le déchargea juridiquement de cette pourfuite. Ces inful tes & plufieurs autres qui feroient longues à rapporter, nous ont obligé de fufpendre jusques à prefent nos leçons.

P. 291.

292.

Les docteurs conclurent en priant le pape de déclarer nulle l'excommunication prononcée par les deux évêques, & leur rendre la liberté qu'ils avoient lors de fon avenément au pontificat. Autrement, ajoûtent-ils, fçachez que nous tranf porterons nôtre école à un autre royaume: ou bien nous nous retirerons chacun chez nous, pour y jouir de nôtre liberté naturelle, plûtôt, que de fouffrir la fervitude de cette focicté. forcée. Alors l'églife feroit en danger de tomber dans l'ignorance & l'aveuglement, & d'être. ravagée par les heretiques. Nous vous fupplions donc, faint pere, de nous donner promptement. une derniere réponse; fans nous tenir plus longtemps en fufpens, afin que nous puiffions pour-voir à nous & à nôtre école.

Dès l'année précedente l'évêque de Paris envoya au pape Innocent, un petit livre intitulé. Introduction à l'évangile éternel; & le pape Alexandre le fit examiner par trois cardinaux, fçavoir les évêques de Tufculum & de Palestri-. ne, & Hugues de faint Cher prêtre du titre de

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