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roi Guillau

TOR.

Matth. Par.

cerent

Au commencement de cette année 1256. Guif AN. 1256. laume de Hollande roi des Romains perit mal XXVIII. heureusement en faisant la guerre aux Frifons. Mort du Comme il marchoit fur un marais gelé, la glame de Hol- ce rompit fous les pieds de fon cheval armé comlande. me lui, & plus il fit d'efforts pour fe relever, plus Annal. Ste- ilenfonçoit. Les Frifons furvinrent, qui le perde plufieurs coups, quoiqu'il offrit une groffe rançon, & le mirent en pieces: aink mourut ce prince à la fin du mois de Janvier, & le pape l'ayant appris eut grand regret, Matthieu Paris,aux fommes immenfes qu'il avoit employées pour le foûtenir. Il craignit auffi que l'on ne voulût élire empereur le jeune Conradin, fçachant que plufieurs feigneurs Allemans étoient affectionnez à fon pere Conrad & en general à la maifon de Suabe, qui regnoit depuis près de fixvingt ans.

P.795.

dis

Croyant donc que le temps de l'élection étoit proche, il écrivit à l'archevêque de Mayence ap. Rain, l'un des électeurs. La lettre eft du vingt-huitiéme de Juillet 1256. & porte en fubftance: L'im portance de cette affaire demande une attention Alex. IV. finguliere & une meure déliberation, conft. 7.

82.3.

Bullar.

fur-tout

pour élire un fujet qui foit fidelle & devoüé à l'églife, & dont les ancêtres ayent été dans les memes fentimens. Or vous fçavez comment le défunt empereur Frideric & fes ancêtres en ont usé à l'égard de l'églife leur mere, & quelle recompenfe ils lui ont rendue des biens qu'ils avoient reçus d'elle. Ils l'ont traitée comme s'ils tendoient à fa destruction, & ont excedé la cruauté de tous les autres perfecuteurs. D'où l'on peut juger ce que l'on doit efperer s'il reste quel que puiffance dans cette famille, puifqu'un mauvais arbre ne produit que de mauvais fruits C'est pourquoi il faut bien fe garder de penfer a jeune Conrad, ni de l'élire en quelque façon

que ce foit: :: parce que fon bas âge le rend entierement incapable de confentir à fon élection, ni AN. 1256. de proteger l'églife & d'exercer les fonctions Toïales. Ainfi nous vous défendons très-étroitement de l'élire fous peine d'excommunication que nous prononçons dès-à-prefent contre vous en ce cas, & avant que de proceder à l'élection, vous ferez la même défense de notre part à tous les autres électeurs, tant ecclefiaftiques que féculiers. La même lettre fut envoïée à l'archevêque de Treves & à celui de Cologne: mais l'élection ne fe fit que l'année fuivante.

pour

11. 23.

L'archevêque de Mayence étoit Gerard qui teSup. liv. noit ce fiege depuis cinq ans, & avoit toûjours LXXXIII. été Guillaume de Hollande. Il fut pris cette Addit. ad année 1256. avec fon oncle le comte d'Eberstin, Lambert. par les gens d'Albertin duc de Brunfvic, que ce Piftor. to.. comte avoit offenfé; & le prélat demeura un an p. 158. en prifon. Enfin il fut délivré par Richard comte de Cornuaille frere du roi d'Angleterre qui vou lant fe faire élire empereur, répandit beaucoup d'argent entre les électeurs ; & donna huit mille marcs pour délivrer l'archevêque de Mayence, dont la prifon rétarda fans doute l'élection du roi des Romains.

XXIX.

1256.1.26.

Quand le pape Alexandre eut appris l'accommodement fait entre l'univerfité de Paris & les Affaire de freres Prêcheurs par l'autorité des quatre arche- l'univerfité. vêques, il écrivit à l'évêque de Paris une bulle Vading. qui commence par Cunctis proceffibus: où il fe Duboulai. déclare ouvertement pour les freres Prêcheurs p. 302. contre les docteurs qu'il charge d'injures & de reproches pour n'avoir pas obfervé la bulle Quafi lignum vita, ni les fentences des évêques commis pour la faire executer; & les accufe de mauvaife foi en ce qu'ils ont prétendu ne plus faire corps d'univerfité, & ont fufpendu leurs leçons par une pure malice. Il dit que les freres ne font

3

venus à cette compofition, qu'à force d'être faAN. 1256. tiguez par les mauvais traitemens & les infultes des docteurs, qu'ils l'ont faite imprudemment & fans le confentement du faint fiege, & que les docteurs eux-mêmes ne l'ont pas obfervée, s'oppofant à ceux qui vouloient entendre les fermens & les leçons des freres, ou affifter au principe de frere Thomas d'Aquin. C'étoit le nom d'un acte public de theologie qui a dégeneré en fimple formalité. Les freres, ajoûte le pape, qui veulent avoir la paix avec tout le monde & qui aiment leurs perfecuteurs, nous ont fait fupplier de révoquer les fentences portées à leur occafion contre les docteurs & les écoliers, puifque la paix eft faite entre eux. Mais nous n'avons point reçu leur priere, & nous avons abfolument rejetté cette paix faite par attentat fans notre participation, & au fonds injufte & opposée à notre conftitution, que nous voulons être inviola blement obfervée.

Au contraire, de peur qu'une fi détestable rebellion contre l'église Romaine ne foit d'un pernicieux exemple, nous privons de toutes dignitez & benefices, & de la fonction de docteur Guillaume de faint Amour, Eudes de Doüai, Nicolas de Bar-fur-Aube, & Chrétien chanoine de Beauvais, comme étant les principaux auteurs de cette revolte. Et fi, contre notre défense, ils ofent enfeigner ou monter en chaire, nous les déclarons indignes de tous benefices, & ordonnons qu'ils foient chaffez de tout le roïaume de France. Il enjoint enfuite à l'évêque fous peine d'excommunication, de faire publier cette bulle dans Paris, & d'avertir les collateurs qu'ils pourvoient aux benefices des docteurs rebelles. La bulle eft dix-feptiéme de Juin. Il eft remar quable que le pape n'y parle point des quatre archevêques, qui avoient été les arbitres de

l'accom

l'accommodement qu'il condamne. Enfuite il écrivit au roi faint Louis, le priant de faire AN. 1256. executer cette bulle, de bannir les docteurs re- Bulla vera belles, & d'empêcher que l'école de Paris ne foit fidei. Vad. diffipée ou transferée ailleurs.

2. 28. Dub. P. 306.G.S. Cependant l'archevêque de Sens tint un con- Am. refp. cile à Paris où fe trouverent douze évêques : fix p. 306. Dude la province de Reims, fçavoir ceux de Soif- boul.p.3091 fons, de Beauvais, de Noyon, d'Arras, d'Amiens,

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& de Teroüanne: fix de la province de Sens:
Chartres, Paris, Orleans, Meaux, Troyes &
Nevers. En ce concile le maître de l'ordre des
freres Prêcheurs fe plaignit, que quelques fécu-
liers docteurs en theologie avoient enfeigné &
prêché publiquement plufieurs fauffetez & plu-
fieurs erreurs contre les bonnes mœurs dont
quelques-unes tournoient au préjudice de leur
ordre. Les prélats appellerent Guillaume de faint
Amour & Laurent tous deux docteurs ré-
gens en theologie à Paris, avec quelques autres
étudians hommes de probité, & demanderent à
faint Amour s'il avoit enfeigné quelques erreurs
ou blâmé l'ordre des freres Prêcheurs approuvé
par le pape. Il le nia, & dit qu'il étoit prêt de
foûtenir ce qu'il avoit prêché s'il étoit vrai; ou
de le retracter s'il méritoit correction. Les pré-
lats après avoir déliberé offrirent de tenir un con-
cile où ils appellerent des theologiens des pro-
vinces voisines, & demanderent aux parties s'ils
obferveroient ce qui feroit decidé par le concile.
Saint Amour l'accepta avec joïe & le demanda
inftamment à genoux, tant en fon nom que des
autres docteurs, offrant de recevoir telle correc-
tion qu'il plairoit au concile. Mais le maître des
freres Prêcheurs & ceux qui l'accompagnoient
dirent, qu'ils n'en étoient pas d'accord, & que
ce concile n'auroit autorité que dans la province
de Sens; au lieu que leur ordre dont la réputa-
Tome XVII.
Cc

XXX. Livre des perils des derniers

temps.

11. Tim.

H. I.

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tion étoit attaquée, s'étendoit dans tous les roïauAN. 1256. mes. Toutefois faint Amour au nom de l'univerfité fuplia les prélats de s'informer des périls dont l'églife Gallicane étoit menacée par les faux prédicateurs, & de prendre foin de les éloigner. C'est ce que témoignent les treize prélats dans leur lettre patente du dernier de Juillet 1256. Guillaume de faint Amour compofa en effet cette même année, & à la priere des évêques, comme il prétendoit un écrit qu'il intitula : Des périls des derniers temps: faifant allufion à un paffage de faint Paul, qu'il entreprend d'exP. 109 pliquer, & voici comme il propofe fon deffein. Nous montrerons que dans l'église il doit y avoir quantité de grands perils, par quelle forte d'hommes ils viendront, combien ils feront propres à les amener, & comment ils s'y prendront. Quels feront ces perils: que ceux qui manqueront de les prévoir ou de fe précautionner, y periront: que ces périls font proches, & qu'il ne faut point differer de les examiner & les détourner. Qui font ceux qui doivent les prévoir & en avertir les fideles, & quelle fera leur punition s'ils ne le font. Comment on peut détourner ces périls, & connoître les hommes dangereux qui doivent . 20. les amener. Il protefte qu'il ne parlera contre perfonne en particulier ni contre aucun ordre approuvé par l'églife: mais on voit dans la fuite que cette proteftation n'eft pas fincere, car dans Eout cet ouvrage il défigne les religieux mandians & en particulier les freres Prêcheurs, auffi clairement que s'il les nommoit : & il est évident que fon but n'eft que de les décrier,

p.1.9.

24.

Voici les propofitions qui m'ont paru les plus remarquables dans cet ouvrage. Tous ceux qui prêchent fans miffion font de faux prédicateurs, quelque fçavans & quelque faints qu'ils foient, quand même ils feroient des miracles. Or iln'y a

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