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ข. 37.

tinent après : & loin de faire revoquer la conAN. 1256. damnation, ils furent obligez de s'y foûmetre. Duboulai. Deux d'entre eux, au moins Eude de Dɔüai & Chrétien chanoine de Beauvais, promirent avec Vading. ferment ce qui fuit en prefence des deux cardinaux Hugues de faint Cher & Jean des Urfins, & de plufieurs témoins, fçavoir : d'obéir à la bulle Quafi lignum vita: de recevoir dans leur focieté & dans le corps de l'univerfité les freres Prêcheurs & les Mineurs, & nommément Thomas d'Aquin & Bonaventure: de ne procurer ni ne permettre que l'école de Paris soit diffipée ou transferée ailleurs fans la permiffion du pape. p. 316. De déclarer ou prêcher publiquement, tant en cour de Rome, qu'à Paris, les propofitions fuivantes: Le pape peut envoïer par tout le monde des prédicateurs & des confeffeurs, fans le confentement des prélats inferieurs ou des curez. Les évêques peuvent donner pouvoir de prêcher & de confeffer dans leurs diocefes fans le confentement des curez. L'état de mandicité embraffee pour l'amour de JESUS-CHRIST,eft un état de falut & de perfection; & les reli gieux qui l'ont embraffé peuvent vivre d'aumô nes fans travailler de leurs mains, quoique valides principalement s'ils s'appliquent à l'étude & à la prédication. Ces deux ordres religieux font bons & approuvez par l'églife, comme Dieu l'a declaré par les miracles des faints de l'un & de l'autre légitimement canonifez par l'églife. Les deux docteurs promirent tout ceci publiquement dans le palais du pape à Anagni le vingttroifiéme d'Octobre 1256. & il en fut dreffe un acte autentique.

XXXIV.

Saint Thomas d'Aquin dont il y eft fait menCommen- tion étoit né vers l'an 1225. d'une famille trèscemens de noble, connue dès l'an 996. Aquino eft une ped'Aquin. tite ville de Campanie au roïaume de Naples,

S. Thomas

Boll. to. 6.

Echard.

p212.218.

Landolphe pere de faint Thomas qui en étoit --comte, ayant plufieurs autres enfans, mit ce- AN. 1256. lui-ci dès l'âge de cinq ans au mont-Caffin pour y être inftruit & élevé dans la difcipline monaf- P. 657. tique efperant qu'un jour il en pourroit être fum. vind. abbé. Enfuite Landolphe par le confeil de l'abbé du mont-Caffin envoya le jeune Thomas à Na- Boll.p.660. ples, où il étudia la grammaire & la logique fous le profeffeur Martin & la phyfique fous Pierre d'Hibernie. C'étoit, comme nous avons vû, le Sup, liv premier recteur de cette univerfité, nouvelle Lxxix. «. ment fondée par l'empereur Frideric. Thomas 30. commençoit à y faire paroître font talent pour les fciences, quand il entra chez les freres Prê-cheurs au convent de faint Dominique à Naples en 1243. Ses parens le trouverent fort mauvais, dédaignant la pauvreté de cet ordre; & fa mere l'étant venue chercher à Naples, les freres Prêcheurs l'envoyerent premierement à Rome, puis à Paris.

Mais comme il paffoit auprès d'Aquapendente avec quatre autres Jacobins & fe repofoit auprès d'une fontaine, fes freres qui le faifoient guetter l'arrêterent ; & laiffant aller fes compagnons ils le menerent dans le château de la Roche-feche appartenant à leur pere, où il fut enfermé & gardé pendant environ un an. Là fes freres le tenterent en plufieurs manieres de quitter l'ordre de faint Dominique. Ils lui firent dés chirer fon habit: mais il en garda les morceaux & s'en enveloppa plûtôt que d'en prendre un autre. Ils lui envoyerent dans fa chambre une trèsbelle fille parée, enjoüice & propre à le feduire par fes careffes, mais il prit un tifon dans la cheminée & chassa cette malheureuse avecindignation puis ayant fait une croix contre la muraille avec la pointe du tifon, il fe profterna & demanda à Dieu le don de la virginité qu'il gat-.

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da en effet toute fa vie. Pendant cette prifon il AN. 1256. perfuada à une de fes fœurs de quitter le monde, elle fe fit religieufe Benedictine, & fut depuis abbeffe de fainte Marie de Capoüe. Dans la même prifon Thomas lut toute la bible & le texte du maître des fentences: il y étudia auffi le traité des fophifmes d'Ariftote. Enfin fa mere feignant de n'en rien fçavoir, permit qu'on le defcendit de nuit par une fenêtre avec une corde ; & fes confreres qui l'attendoient le remencrent à Naples. C'étoit l'an 1244.

Echard. p. De-là on l'envoya aussi-tôt à Rome trouver le 213. 227. quatriéme general de l'ordre Jean le Teutonique, qui fe difpofoit à paffer en France, & emmena Thomas avec lui à Paris: puis incontinent après à Cologne, où il commença à étudier la theologie fous Albert connu depuis par le furnom de grand. Comme fon application à l'étude & sa profonde meditation lui faifoient garder un grand filence, fes compagnons le croyant ftupide le nommoient le bœuf muet: mais Albert ayant bien-tôt reconnu fa grande capacité, leur dit, que les doctes mugiffemens de ce bœuf retentiroient un jour par tout le monde. Boll.p.662. A la Pentecôte de l'année 1245. le chapitre general de l'ordre fut tenu à Cologne, & enfuite Albert fut envoyé enfeigner à Paris, & Thomas avec lui. Albert ayant fini fon cours & étant paffé docteur en 1248. retourna à Cologne où Thomas le fuivit encore. Albert y demeura longtemps & y enfeignoit avec grande reputation: mais Thomas revint a Paris, & en 1253. il commença à y expliquer le livre des fentences comme bachelier fous frere Elie Brunet qui enfeignoit comme docteur. Thomas devoit obtenir la licence en 1254. & continuer fes leçons comie docteur: mais les differends qui furvinrent entre Funiverfité & les Jacobias retarderent fon docto

n. 13. p.

231.

rat. Il étoit toutefois licencié dès le mois de Fevrier 1256. mais l'univerfité l'empêcha de faire AN. 1256. fon principe, qui étoit un acte néceffaire pour être reçu docteur. Alors Thomas retourna en p. 252. Italie par ordre de Humbert de Romans cinquié- P. 215. me general des freres Prêcheurs, & il fe rendit à Anagni près du pape où Albert le grand étoit déja depuis un an, & faint Bonaventure y étoit auffi. Ils y travaillerent tous trois à défendre leur ordre contre Guillaume de faint Amour, & à faire condamner fon livre des Perils des

derniers temps.

ternel.

Les députez de l'univerfité pourfuivirent de xxxv. leur côté la condamnation de l'évangile éternel, Condamnaattribué à Jean de Parme; & ils en faifoient tion de l'étomber la haine, non feulement fur les freres vangile éMineurs dont il avoit été general, mais fur tous les religieux mandians. C'eft pourquoi le Matth. Pars pape Alexandre ne pouvant fe difpenfer de con- p. 806.807. damner ce livre, prit la précaution de le faire condamner & brûler en fecret, par les foins du cardinal Hugues de faint Cher, & de l'évêque de Meffine tous deux de l'ordre des freres Prêcheurs. Les erreurs que l'on trouva dans ce livre furent réduites à vingt-fept articles, au rapport de l'inquifiteur Emeric religieux du même ordre qui vivoit cent ans après; & en voici la fubftance.

La doctrine de l'abbé Joachim eft au-deffus de celle de JESUS-CHRIST, & par conféquent de l'ancien & du nouveau teftament. Car l'é-, vangile de JESUS CHRIST & le nouvau teftament ne menent point à la perfection : il doit être aboli comme l'ancien, & ne durera que jufques à l'an 1260. Ce troifiéme état du monde fera le temps du Saint-Elprit: ceux qui vivront alors feront dans l'état de perfection : ce fera un autre évangile & un autre facerdoce, & les

prédicateurs de ce dernier état feront de plus AN. 1256. grande autorité que ceux de la primitive églife: L'intelligence du fang fpirituel du nouveau teftament n'a point été confiée au pape : mais feulement celle du fens litteral. Les Grecs ont bien fait de fe féparer de l'églife Romaine, & ils marchent plus felon l'efprit que les Latins: comme le Fils opere le falut des Latins, ainsi le Pere éternel opere le falut des Grecs. Quelque. affiction que Dieu envoïe aux Juifs en ce monde, il les confervera & les délivrera à la fin de toutes les attaques des autres hommes, quoiqu'ils demeurent dans le Judaïfme. JESUSCHRIST & fes apôtres n'ont pas été parfairs dans la vie contemplative : c'eft depuis l'abbé Joachim qu'elle a commencé à fructifier, jusques-là c'étoit la vie active qui étoit utile, maintenant elle ne l'eft pas : d'où il s'enfuit que l'ordre clerical périra, & entre les religieux il s'élevera un ordre plus digne que tous les autres, Pf. xv. 6. prédit par le Pfalmifte quand il a dit : Les cordes de mon partage font excellentes. Auffi nul homme purement homme n'eft capable d'inftruire les autres dans les matieres fpirituelles; s'il ne va nuds pieds. On voit bien à ces deux marques de quel ordre étoit l'auteur de l'évangile éternel.

Apoc. xvi.

36.

Sup. liv.

1xxx111, n.

3.

Il difoit encore : Ce troifiéme ordre des perfonnes, c'eft-à-dire les religieux, ne font point obligez comme les autres hommes de s'expofer à la mort pour la confervation de la foi; ils pafferont chez les infideles lorfqu'ils feront perfecutez par le clergé : & il eft à craindre qu'ils n'y paffent pour les obliger à faire la guerre à l'églife Romaine, comme il eft dit dans l'apocalypfe. Voilà les erreurs extraites de l'évangile éternel. Il faut fe fouvenir que Jean de Parnie avoit été chez les Grecs pour travailler à

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