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pau

leur réunion; & il pouvoit avoir été frappé de quelques bons reftes de l'ancienne difcipline qu'il AN.12.56. y avoit vû: fur-tout de la frugalité & de la vreté de leurs évêques, fi éloignée du fafte & de la grandeur temporelle des évêques Latins de. fon fiecle. La fuite fera voir qu'entre les Mineurs il fe trouva long-temps des particuliers infatuez des réveries de l'abbé Joachim.

Le pape Alexandre depuis le commencement XXXVI. de fon pontificat, étoit principalement occupé Sicile offerde fa guerre contre Mainfroi, dont les affaires te au roi `d'Angleterprofperoient de jour en jour. Dès l'année préce-re. dente 1255. le légat Octavien voïant le parti Anonym. du pape le plus foible, avoit fait un traité avec ap. Ughell. ce prince, par lequel il lui laiffoit & à fon neveu p. 843.844Conradin le roiaume de Sicile, excepté la terre de Labour, qui demeurerois à l'églife.. Mais le pape ne voulut pas ratifier ce traité; & tenant la couronne. de Sicile pour vacante, il l'offrit au roi d'Angleterre. Henri pour Edmond fon fecond fils, comme avoit déja fait Innocent IV. & les conditions de cette conceffion avoient été reglées. Le pape Alexandre envoïa Rain. an. pour cet effet Jacques Boncambio évêque de 1255. n. 8. Boulogne, qui avoit été de l'ordre des freres. Ughell.t.2. Prêcheurs, & qui étant arrivé en Angleterre, le Matth. Par roi convoqua une grande affembleé de seigneurs, p. 779où le prélat inveftit le jeune prince Edmond du roïaume de Sicile & de Poüille, par un anneau qu'il lui donna de la part du pape. C'étoit après la faint Luc, c'eft-à-dire vers la fin d'Octobre 1255.

p. 25.

Un mois après vint en Angleterre Ruftand p. 785. docteur légiste, foûdiacre & chapelain du pape, Gafcon de nation; à qui le pape donna commiffion avec l'archevêque de Cantorberi & l'évêque d'Herford, de lever une décime en Angleterre, en Efcoffe & en Irlande', pour le pape'

ou pour le roi indifferemment. Il lui donna AN. 1256. aufli pouvoir d'abfoudre le roi du vœu de la croifade pour Jerufalem; à la charge de marcher en Pouille contre Mainfroi. Ruftand fit enfuite prêcher la croifade contre Mainfroi à Londres & dans le refte de l'Angleterre, avec l'indulgence de la terre fainte; ce qui fit murmurer le peuple, qui s'étonnoit que l'on promit autant de pardon pour répandre le fang des Chrétiens que pour celui des infideles. Les évêques d'Angleterre furent affemblez à l'occafion de cette entreprise pour laquelle le pape leur de790. mandoit des fommes immenfes. Dans l'affemblée tenuë à Londres à la faint Hilaire treiziéme de Janvier 1256. Ruftand dit que toutes les églifes appartiennent au pape; à quoi un docteur nommé Leonard qui parloit pour le clergé répondit modeftement: Il eft vrai que toutes les égli fes font à lui pour la protection, non pour la jouiffance, ou pour la proprieté : comme nous difons que tout eft au prince, pour la défense, & non pour la diffipation.

p. 754.

A la purification de notre-Dame le roi faint Louis tint un grand parlement où le roi Henri envoïa des ambaffadeurs, entre autres Jean Manfel un de fes plus confidens. Il alloit demander paffage par la France pour l'entreprise de Sicile: mais les nouvelles qu'il apprit du mauvais état des affaires du pape en ce païs-là l'empêcherent d'en parler.

Le roi Henri de fon côté envoïa en cour de Rome l'évêque élû de Sarisberi & l'abbé d'Oüeftminster, pour obtenir une prorogation du terme qui lui avoit été preferit par le pape. Car il s'étoit obligé fous peine de cenfures, de paffer dans le roiaume de Sicile à la faint Michel de cette année 1256. ou d'y envoïer un capitaine avec une armée convenable. Voïant donc ce

21.27.

terme approcher, il envoya fes deux ambalfadeurs, avec lesquels Ruftand partit d'Angleter- AN. 1256. re, & l'archevêque de Tarantaise se joignit à Rain.n. 346 eux. Ils folliciterent fi bien le pape, qu'il accorda au roi un délai de fix mois, compter du premier de Decembre fuivant. La lettre eft du fixiéme d'Octobre. Peu de jours auparavant & le trentiéme de Septembre le pape avoit fait Ruftand fon légat en Guïenne, avec ordre aux archevêques de Bourdeaux & d'Auch, de lui obéir quoiqu'il ne fût que foudiacre. Le fujet de fa légation étoit de pacifier les troubles de la province, & de pouffer l'affaire de la terre fainte que le roi d'Angleterre avoit hautement entreprife. Ainfi parle la bulle: mais ce difcours ne s'accorde pas avec ce que Rustand avoit fait en Angleterre.

Progrès de

Mainfroi.

Anon. p.

n. I.

Mainfroi cependant faifoit progrès de jour en XXXVII. jour, & pendant cette année 1256. il fe rendit maître prefque de toute la Poüille & la Sicile. Il prit à Palerme frere Rufin, de l'ordre des Mineurs vicaire general du légat Octavien & confi- 845. Sup. deré en Sicile comme le legat même : enforte que la prife fit venir plufieurs villes à l'obéissance de Mainfroi. Enfin il fut reçu à Naples & à Anon. p. Capoüe: l'Aquila lui refifta long-temps, & pour 847. l'en recompenfer le pape l'érigea en évêché. Cet- Petr.devin. te ville avoit été bâtie ou du moins reparée par lib.vs.ep.9. l'empereur Frideric II. entre Furconium & Amiterne, deux anciennes villes ruinécs, & il lui avoit accordé des privileges Les habitans y Ughell.to. avoient fait bâtir une églife pour fervir de cathe- p. 424. drale, & ce fut à leur priere que le pape Alexandre y transfera le fiege de Furcone dont l'évêque Berard étoit fon parent. La bulle eft du vingtiéme de Février 1257. mais enfin l'Aquila ceda comme les autres villes à la puiffance de Mainfroi.

Rain. 1257

1. 45.

pour l'em

L'élection du roi des Romains fe devoit faire AN. 1257. dans l'an de la vacance, ainfi le terme expiroit XXXVIII. à la fin de Janvier 1257. Les princes de l'empire Double s'étant donc affemblez plufieurs fois, marqueHection rent pour le jour de l'élection l'octave de l'Epipire. phanie, c'est-à-dire letreiziéme de Janvier, auSteron. An- quel jour ils fe devoient trouver à Francfort. Des nal. fept électeurs il ne s'en trouva que quatre ce ep. Urb.iv. jour-là: fçavoir l'archevêque de Cologne en son ap. Rain. nom & comme ayant pouvoir de celui de Mayen- 1263.n.53. ce, qui étoit encore en prifon; le comte Palatin, & feqq. l'archevêque de Treves & le duc de Saxe. Ces deux derniers arriverent les prémiers à Francfort, & n'y voulurent pas laiffer entrer les deux autres, parce qu'ils avoient amené de grandes trou-pes en armes, & ne vouloient pas les quitter. L'archevêque de Cologne & le comte Palati ne laifferent pas de paffer outre & élurent pour τσί de Romains Richard comte de Cornouaille fre re du roi d'Angleterre. L'archevêque de Treves & le duc de Saxe prétendirent que cette élection étoit nulle, & prorogerent le terme au dimanche de la Paffion, & ensuite à celui des Kameaux. Ils avoient pouvoir du marquis de Brandebourg, & les procureurs du roi de Boheme

807.

étoient avec eux.

Matth. Pa. Cependant dès la fête de Noël précedente comme le roi Henri tenoit fa cour pleniere à Londres, il y vint quelques feigneurs Allemans, qui dirent publiquement que le comte Richard avoit été élû pour leur roi d'un confentement unanime, montrant les lettres de l'archevêque de Cologne & de quelques autres princes; & ils demandoient le confentement du comte Richard. Le roi fon frere lui confeilloit d'accepter: mais il hefitoit, craignant un pareil fort que les deux derniers élus, le landgrave Henri & Guillaume de Hollande.. Sur quoi quelques-uns des affiftans

AN. 1257

lui dirent: Ne foiez point frappé de ces exem-
ples: vous n'êtes pas intrus violemment par le
pape, qui promette de vous entretenir des croi-
Tez aux dépens des églifes qu'il a dépouillées :
de tels fecours ne font qu'attirer la colere de
Dieu. Vous avez par vous-même des amis &
des richeffes. Le comte fe rendit enfin, & se tour-
nant vers les évêques qui étoient prefens, il pro-
tefta avec ferment qu'il n'acceptoit ce roïaume
par aucun motif d'ambition ni d'avarice, mais
pour le remettre en meilleur état & y faire re-
gner la juftice. L'archevêque de Cologne vint p. 81 3.
enfuite à Londres vers la fin de Mars avec quel-
ques feigneurs Allemands, inviter Richard à ve-
nir prendre poffeffion du roïaume: mais ils fe
garderent bien de dire,qu'une partie des feigneurs
vouloient élire roi des Romains Alfonfe roi de
Caftille.

En effet l'archevêque de Treves, le roi de Rain.113. Bohême, le duc de Saxe & le marquis de Bran- x. 98. debourg tenant pour nulle l'élection du comte Richard prorogerent le terme jufques au dimanche des Rameaux premier jour d'Avril 1257. & firent requerir d'y affifter l'archevêque de Mayence qui étoit alors en liberté, celui de Cologne & le comte Palatin. Sur leur refus l'archevêque de Treves vint à Francfort muni des. pouvoirs du roi, du duc & du marquis; & tant en fon nom qu'au leur, il élut folemnellement pour roi des Romains Alfonse, à qui l'élection fut notifiée par plufieurs feigneurs de l'empire envoiez éxprès en Efpagne, & il y confentit mais il ne vint point en Allemagne. Au Anon. Ster, contraire le comte Richard y paffa promptement Matth. Par, & fut couronné à Aix-la-Chapelle, par l'arche- P. 817. vêque de Cologne le jour de l'Afcenfion dix- Mon. Pad feptiéme de Mai. Chacun des deux élûs envoïa des ambaffadeurs en cour de Rome, pour faire

p. 602.

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