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Et les prélats ne font point de tort aux peuples AN. 1257. en leur envoyant ces prédicateurs extraordinaires, puifque s'il en coûte plus au peuple, il en reçoit auffi plus d'utilité fpirituelle. Le plus mauvais effet de cette efpece eft d'avoir rendu odieux aux religieux le travail des mains, & leur avoir fait croire que la mandicité eft plus honorable.

1.8.9. &c.

C. 13. 14. &c.

Saint Thomas répond enfuite aux reproches malins que l'on faifoit aux religieux mandians: fur la pauvreté de leurs habits, fur les affaires dont il fe mêloient par charité, leurs frequens voyages pour procurer le falut des ames, leurs études pour prêcher plus utilement. On leur réprochoit encore des actions de foi indifferentes, que l'on interpretoit en mal. De le faire valoir eux & leur inftitut & prendre des lettres de recommandation: de refifter à leurs adversaires, les poursuivre en juftice & les faire punir: de vouloir plaire aux hommes, fe réjouir des grandes chofes que Dieu faifoit par eux, & de frequenter les cours des rois & les maifons des grands. De plus leurs ennemis s'efforçoient de décrier leurs perfonnes en diverfes manieres ; & avoient pour but de les détruire absolument. Ils relevoient & exageroient leurs défauts : ils les accufoient de chercher la faveur du monde & leur propre gloire: ils les traitoient de faux apôtres & de faux prophetes: ils leur imputoient les maux que l'églife fouffre dans toute la fuite des temps, difant qu'ils font les loups, les voleurs 2.Tim.111. & ceux qui s'infinuent dans les maisons. Ils leur attribuoient auffi les maux que l'on craint pour les derniers temps de l'églife, voulant perfuader que ces temps font proches, & que ces religieux font les envoyez de l'Antechrift: enfin ils s'efforçoicat de rendre fufpectes leurs prieres, leurs jeûnes & les autres œuvres manifeftement bonaes. Saint Thomas montre l'injustice de tous ces

C. 20. 21. &.c.

reproches, & finit ainfi cet ouvrage, beaucoup plus folide & mieux fuivi que celui de Guillaume AN. 1257. de faint Amour.

XLIII.

faint Bona

venture.

Nous avons plufieurs traitez de faint Bonaventure fur ce fujet, dans lesquels il employe Lettre de les mêmes preuves que faint Thomas, infiftant comme lui fur la puiffance du papé, & foutenant- Opufc. to. 2. que de lui eft émanée toute autorité ecclefiafti- p. edit. Paque. Toutefois nous voyons par fon propre té- ris 1647. moignage, que le relâchement étoit dès-lors P. 352. confiderable chez les freres Mineurs. Car nous avons une lettre de lui en qualité de general de l'ordre adreffée à tous les provinciaux & tous les cuftodes où il dit: Cherchant les caufes de ce que la fplendeur de notre ordre s'obscurcit; je trouve une multitude d'affaires pour lesquelles on demande avec avidité de l'argent, & on le reçoit fans précaution; quoique ce foit le plus grand ennemi de notre pauvreté. Je trouve l'oifiveté de quelque-uns de nos freres, qui s'endorment dans un état monftrueux entre la contemplation & l'action. Je trouve la vie vagabon-" de de plufieurs, qui pour donner du foulagement à leurs corps font à charge à leurs hôtes, & fcaudalifent au lieu d'édifier. Je trouve les demandes importunes, qui font craindre aux paffans la rencontre de nos freres comme celle des voleurs. La grandeur & la curiofité des bâtimens qui trouble notre paix, incommodent nos amis & nous expofent aux mauvais jugemens des hommes. La multiplication des familiaritez que notre regle défend: qui caufent des foupçons & nuifent a notre réputation. L'imprudence dans la diftribution des charges, que l'on donne à des freres fans les avoir aflez éprouvez, foit pour la mortification du corps, foit pour l'affermiffement dans la vertu. L'avidité des fepultures & des teftamens,. qui attire l'indignation du clergé

particulierement des curez. Les changemens de AN. 1257. place trop frequens qui troublent la paix, matquent de l'inconftance & nuifent à la pauvreté. Enfin la grandeur des dépenses: car nos freres ne veulent pas fe contenter de peu & la charité eft refroidie: mais nous fommes à charge à tout le monde, & nous le ferons encore plus à l'avenir fi on n'y remedie promptement. C'eft à quoi il exhorte les fuperieurs, & particulierement à ne pas recevoir trop de religieux, & ne confier la prédication & la confeffion qu'après un grand examen. La lettre eft dattée de Paris le vingt-troifiéme d'Avril 1257. trente ans après la mort de faint François.

Chr. Gal.

12. 47. Marth, Par. $.820.

La même année tienne de Lexinton fut dépo1.4. p. 258. sé de l'abbaye de Clairvaux par Gui abbé de ĈiSup. liv. teaux, pour avoir fondé le college des Bernar* x x x 1 I. dins à Paris fans la permiffion du chapitre general de l'ordre. Le pape Alexandre ordonna à l'abbé de Cifteaux de le rétablir: mais les adversaires d'Etienne ayant répandu beaucoup d'argent en cour de Rome firent enforte que la fentence de dépofition fubfifta. Etienne acquiefça & se retira à l'abbaie d'Orcamp fille de Clairvaux où il mourut.

XLIV.

P. 778.

En Angleterre Vautier de Grai archevêque Seval ar- d'Yorc mourut le premier jour de Mai 1255. shevêque d'Yorc. ayant tenu ce fiége près de quarante ans. Le Matth. Par. roi Henri rétarda autant qu'il put l'élection du fucceffeur; difant: Je n'ai jamais tenu en ma p. 784. main cet archevêché, il faut faire enforte qu'il ne m'échappe pas fi-tôt. Enfin les chanoines élu rent tous d'une voix le docteur Seval doyen de la même églife, homme modefte & vertueux, fçavant en droit & inftruit des autres fciences. Il avoit été de l'école & de la compagnie de faint .786. Edme de Cantorberi. Le roi défapprouva l'élec tion, parce que Seval n'étoit pas né en legiti me mariage, & ce prélat avoit cependant le de

plaifir de voir difliper les biens de fon églife.

Mais le pape leva l'irrégularité par difpenfe, & AN. 1257. Seval fut facré archevêque d'Yorc le vingt-troi- p. 798. fiéme de Juillet 1256.

Peu de temps après trois hommes inconnus vin- Goduin. p. rent à l'églife métropolitaine d'Yorc, & y en- 45. trerent fecretement pendant que tout le monde étoit à table. Ils s'informerent quel étoit le stalle du doïen, puis deux d'entre eux dirent au troifiéme: Mon frere, nous vous inftallons par l'autorité du papé. Le nouvel archevêque fut fenfiblement affligé de voir remplir par une telle furprife la place qu'il avoit occupée; & il caffa autant qu'il étoit en lui cette prife de poffeffion. Tous les chanoines furent indignez de voir ufurper par un étranger inconnu la feconde place d'une églife de fi grande dignité, mais la crainte du pape auquel le roi étoit entierement dévoué les retenoit. Le nouveau doïen retourna à la cour de Rome, d'où il étoit venu, fit interdire l'archevêque & le fatigua par beaucoup de dépen fes & de travaux, que le prélat fouffrit patiemment, comme étant l'affliction que faint Edme lui avoit prédite qui lui feroit utile. Enfin l'année fuivante 1257. après bien des conteftations le prétendu doïen qui étoit un Romain nommé Jourdin, renonça à fon droit moïennant une penfion de cent marcs d'argent fur l'églife d'Yorc, jufques à ce qu'il fut pourvû d'un meilleur benefice.

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Toutefois la même année vers la fin de Sep- p. 82.0 tembre, le pape choqué de la fermeté avec laquelle l'archevêque Seval refufoit de conferer les meilleurs benefices de fon églife à des Italiens indigues & inconnus, le fit excommunier dans toute l'Angleterre au fon des cloches & à l'extinction des chandelles, pour l'intimider par ane cenfure fi infamante. Mais Seval la fouffrit

Dd iiij

patiemment, fe confolant par les exemples de AN. 1258. faint Thomas de Cantorberi & de faint Edme fon maître, dont il croïoit fuivre les traces. Auff

plus on prononçoit contre lui de maledictions au dehors, plus le peuple lui donnoit en secret de benedictions.

1.831. L'année suivante 1258. fe voïant malade à la mort il fe fouleva joignant les mains,& tournant vers le ciel fon vifage baigné de larmes, il dit : Seigneur JESUS-CHRIST, juste juge, vous sçavez comme le pape m'a maltraité, pour n'avoir pas voulu admettre des perfonnes indignes & qui ne fçavoient point l'Anglois au gouvernement des églifes que vous m'aviez confiées : toutefois de peur que fa fentence toute injufte qu'elle eft ne devint jufte par le mépris que j'en ferois, j'en demande humblement l'absolution. Mais j'appelle le pape à votre jugement incorruptible, & je prends à témoin le ciel & la terre combien il m'a injuftement perfecuté. Dans cette amertume de cœur il écrivit au pape comme avoit fait l'évêque de Lincoln Robert Groffe-tête, le priant de moderer fa conduite tyrannique & d'imiter Matth. Par. l'humilité de fes faints prédeceffeurs. Seval mou.834.839. rut vers l'Afcenfion, qui l'an 1258. fut le fecond Godu. Elor, jour de Mai, après avoir tenu le fiege d'Yorc un

840.

P. 43.

XLV.

an & neuf mois, & le pape aïant reçu fa lettre, n'en conçut que du mépris & de l'indignation, comme de celle de l'évêque de Lincoln. Après la mort de Seval les chanoines d'Yorc élurent pour archevêque le docteur Geofroi de Knington leur doïen, qui alla à Rome & y fut facrépar le pape Alexandre le vingt-troifiéme Septem bre de la même année 1258. & tint le faint fiege cinq ans.

Le pape étoit cependant accablé de foins & Le pape à d'affaires temporelles. Au mois de Mai 1257. il Viterbe. fat obligé de quitter Rome pour se garantir de

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