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dans la ville capitale le dernier jour de la même année. Il étoit accompagné en cette guerre de deux évêques, Berenger de Barcelone & Lopé de Lerida: Michel de l'ordre des freres Prêcheurs, & un des premiers compagnons de faint Dominique, animoit les troupes au combat plus qu'aucun autre par fes ferventes exhortations. Après la conquête le roi passa en Catalogne à la fin d'Avril 1230.

A la Touffaints il tint une cour à Poblet abbaye de Cifteaux près de Montblanc au diocese de Tarragone, dans laquelle étoit la fepulture des rois d'Arragon. Le roi Jacques y propofa fon deffein d'ériger un évêché à Majorque : mais l'évêque & le chapitre de Barcelone s'y oppoferent, foutenant qu'elle étoit de leur diocefe. Ils fe fondoient fur une donation faite en 1058. par Ali fils de Mugeid feigneur de Denia au royaume de App. Mare Valence & des ifles de Majorque & Minorque, ca Hifp. na par laquelle il avoit accordé à l'églife de Barce- 249. lone toutes les églifes de fes états, pour être cenfées de ce diocefe à perpetuité, avec défense aux prêtres & aux autres clercs de ces églifes de s'adreffer à d'autres évêques pour l'ordination & le faint crême. On voit par-là qu'il y avoit encore alors grand nombre de chrétiens dans ces ifles fous la domination des Mufulmans. Cette donation avoit été confirmée par plufieurs évêques & par le faint fiege.

Toutefois en l'affemblée de Poblet l'évêque to. v11.SpiBerenger & le chapitre de Barcelone confiderant cil. p. 211. que la ville & le royaume de Majorque demandoient un évêque, & que le roi Jacques vouloit doter liberalement la nouvelle église, convinrent que l'on érigeroit à Majorque une cathedrale, dont l'évêque feroit nommé pour la premiere fois par le roi : mais après la mort de ce premier évêque; il eft dit, que l'élection

fe fera par l'évêque & le chapitre de Barcelone du AN. 1230. confentement du roi d'Arragon; & que l'élu fera tiré,s'il fe peut, de l'églife de Barcelone, finon de celle de Majorque ou d'une autre. Le même s'obfervera fi on établit une églife cathedrale à Minorque ou à Yvice. Cette tranfaction fut paffée à Poblet le fixiéme de Novembre 1230. En conséquence le roi d'Arragon envoya prier le pape d'ériger à Majorque une églife cathedrale, & d'y ordonner un évêque, à quoi le pape répondit: Une églife cathedrale doit être dotée magnifiquement, afin que l'évêque & le chapitre foient honorablement entretenus: autrement la dignité épifcopale y feroit avilie. Or il ne nous à point encore apparu de la dotation de l'églife de Majorque: c'eft pourquoi nous avons differé l'effet de vôtre demande. La lettre eft du vingtiéme de Decembre 1230. Le pape toutefois l'accorda sept ans après.

II.

Teurons en

ข. 6.

Chr. Pruff par. 2. c. 1.

2. 3. p. 28.

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La religion chrétienne s'étendoit auffi dans le Chevaliers Nort, & la prédication y étoit foûtenue par les Pruffe. armes. Chriftien auparavant moine de Cifteaux V. fup. liv. étoit alors évêque de Pruffe & travailloit à la LXXVII.2. Converfion des infideles avec le fecours de quel19. LXXIX. ques freres Prêcheurs. Après que les Prumens idolâtres eurent été quelque temps en paix avec les nouveaux convertis, ils leur firent une cruelle guerre dans la province de Masovie où commandoit le duc Conrad. Et comme il ne s'oppofa pas à leurs premieres violences, ils pafferent plus avant, & frent de grands ravages en Pologne. Ils brûloient les maifons, tuoient leshommes & emmenoient en efclavage les femmes & les enfans. Ils détruifirent ainfi par le feu deux cens cinquante paroiffes, outre les chapelles & les monafteres, tant d'hommes que de femmes. Ils maffacroient les prêtres & les clercs jufques au pied des autels, fouloient aux pieds les

faints myfteres, & emploioient les vafes facrez à des ufages profanes.

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Le duc Conrad aïant en vain effaïé d'appaiser c. 4. ces barbares par des prefens, inftitua par le confeil de l'évêque Chriftien un ordre militaire à l'exemple des chevaliers de Chrift de Livonie portant un manteau blanc chargé d'une épée rouge & d'une étoile : l'évêque revêtit de cet habit un homme de mérite nommé Brunon avec treize autres ; & le duc leur bâtit le château de Dobrin dont on leur donna le nom. Le duc étoit convenu avec ces chevaliers de partager également les conquêtes qu'ils feroient fur les infideles : qui l'aïant appris vinrent en grand nombre attaquer le château de Dobrin, & le ferrerent de fi près, qu'à peine aucun des nouveaux chevaliers ofoit fe montrer dehors.

c. Si

Conrad voïant donc que ce fecours étoit trop foible, réfolut d'appeller les chevaliers de l'ordre Teutonique, qui étoient en grande réputation pour leur valeur, leur puiffance & leurs richeffes. Il communiqua fa penfée à quelques évêques & aux nobles de fa dépendance, qui l'approuverent tout d'une voix: ajoûtant que les chevaliers Teutoniques étoient fort agréables au pape, à l'empereur & aux princes d'Allemagne : ce qui faifoit efperer que le pape en leur faveur feroit paffer des croifez au fecours de la Pruffe. Le duc Conrad envoïa donc une ambaffade folemnelle à Herman de Salfe, qui étoit alors maître de l'ordre Teutonique. Après plufieurs déliberations & par le confeil du pape Gregoire & de l'empereur Frideric, il accorda au duc de Mafovie ce qu'il defiroit; & l'acte du confentement de l'empereur eft datté de l'année 1226. not. ad.e.g? Herman de Salfe envoïa donc en Mafovie un

de ses chevaliers nommé Conrad de Landsberg, ap. Rain. avec lequel le duc Conrad fit un traité où il 1230.33.254

donne aux freres de l'ordre Teutonique tout le AN. 1230. territoire de Culme, pour le poffeder toûjours en pleine proprieté, & toutes les terres qu'ils pourroient retirer d'entre les mains des infideles. Cette donnation fut faite la même année 1226. & foufcrite par trois évêques, Gonther de Mafovie, Michel de Cujavic & Chriftien de Prusse, Tel fut l'établiffement des chevaliers Teutoni.epift.61. ques en Pruffe ; qui eut des fuites confiderables. 62.63. ap. Pour les feconder dans la guerre contre les Rain. n.23. païens, le pape écrivit à tous les fideles des

24.

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tablie.

provinces de Magdebourg & de Brême; à ceux de Pologne, de Pomeranie, de Moravie, de' Holface & de Gothie, les exhortant à prendre les armes contre les païens de Pruffe & agir contre eux, fuivant les confeils des chevaliers Teutoniqués. La lettre eft du treiziéme de Septembre 1230. Le pape écrivit en même temps aux freres Prêcheurs pour les animer à cette miffion & au duc de Masovie, pour le loüer de les avoir appellez dans fes états.

Les écoles de Paris étoient toûjours défertes, Univerfité les maîtres & les écoliers difperfez en divers de Paris ré- lieux avoient même fait ferment de ne point Sup. liv. revenir qu'on ne leur et donné fatisfaction. EXXIX. n. 5. Les freres Prêcheurs profiterent de l'occafion Duboulai & du confentement de l'évêque Guillaume & 0.3.p.138. du chancelier de l'églife de Paris, il établirent

chez eux une chaire de theologie: à quoi ne fervit pas peu l'eftime que s'étoit attiré leur general Jourdain, & le grand nombre de docteurs & d'étudians qui étoient entrez dans cet ordre: car ces docteurs après avoir changé 11. ep. 88. d'habit ne laiffoient pas de continuer leurs 89. 95. ap. leçons. Si-tôt que le pape Gregoire fut informé Rain.1229. du défordre arrivé à Paris & de la retraite des ข. 52. étudians, il voulut y mettre remede ; & pour Duboulai cet effet il écrivit aux deux évêques du Mans

2.135.136.

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& de Senlis & à l'archidiacre de Châlons, leur donnant commiffion d'interpofer leurs bons offices entre le roi & l'univerfité: enforte qu'elle reçût fatisfaction pour les torts & les infultes qu'elle avoit fouffertes, qu'on l'a fit jouir de la liberté accordée par Philippe Augufte; & qu'on la rappellât à Paris. La lettre eft du vingt-quatriéme de Novembre 1229. L'évêque du Mans étoit Maurice, que le pape transfera à l'archevêché de Rouen en 1231. l'évêque de Senlis étoit encore Guerin confident de Philippe Auguste, qui mourut le dix-neuviéme d'Avril 1230.

En même temps le pape écrivit au roi Louis & à la reine Blanche fa mere une lettre qui commence ainfi : le roïaume de France fe dif tingue depuis-long- temps par les trois vertus. que l'on attribue par appropriation aux personnes de la fainte Trinité, fçavoir la puiffance, la fageffe & la bonté. Il eft puiffant par la valeur de la nobleffe, fage par la fcience du clergé, & bon par la clemence des princes. Mais fi les deux extrêmes de ces trois qualitez font deftituées de celle du milieu, elles dégenerent en vi ces: car fans la fageffe la puiffance devient infolente, & la bonté imbecile. Le pape conclut en exhortant le roi & la reine à écouter favorablement les trois commiffaires qu'il a nommez, & executer promptement leurs confeils. De peur, ajoûte-il, que vous ne sembliez avoir rejetté la fageffe & la bonté, fans lefquelles la puiffance ne peut fubfifter; & ne pouvant fouffrir que votre royaume perde cette gloire, nous ferions obligez d'y pourvoir autrement. Le pape écrivit auffi à Guillaume d'Auvergne évêque de Paris, le reprenant vivement de ce qu'il fomentoit la difcorde. Car c'étoit de lui principalement que les docteurs de Paris s'étoient P. 136,

Duboulais

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