Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Amour & des autres auteurs du même temps n'ef AN. 1259. guere plus relevé. L'avantage de ceux de Robert Bibl. Patr. eft qu'ils font folides, de pratique, & tendant Parif. to. 5. uniquement à l'utilité des ames. Ils regardent

P. 1006.

Duboulai.

. 238.

tous trois la pénitence. Le premier eft intitulé: de la Confcience: le fecond, de la Confeffion, le troifiéme, le Chemin du paradis. Le premier femble être fait pour les écoliers, car il roule fur une comparaifon perpetuelle de l'examen des étu dians par le chancelier de l'université avec le jugement de Dieu. Si quelqu'un, dit-il, s'étoit propofé d'enfeigner à Paris à quelque prix que ce fit, parce que s'il étoit refufé il feroit pendu: il feroit fort curieux d'apprendre du chancelier ou de quelqu'un de fon confeil fur quel livre il devroit être examiné : supposé qu'il ne pût être licentié fans examen, car on en difpenfe quelquefois les grands. Or nous voulons tous aller en paradis, & tous ceux qui y feront, feront docteurs en theologie & liront dans la grande bible, favoir le livre de vie où tout eft écrit. Nous ferons tous examinez avant que d'être licentiez en paradis, & on ne fera grace à perfonne au jour du ju gement. Nous fçavons fur quel livre nous ferons examinez, c'eft fur le livre de la confcience: comme donc un clerc feroit infenfé, fi après que le chancelier lui auroit dit : Vous ferez examiné fur ce livre feul, il le laiffoit pour en étudier d'autres: ainfi c'est une extrême folie de laiffer le livre de la confcience pour en étudier d'autres avec foin, où d'en étudier d'autres plus foigneufement que celui fur lequel on doit être rigoureusement examiné.

Tout le refte de l'ouvrage eft du même stile & fondé fur la même comparaifon; & l'on y peut Bibl. Patr. voir quelle étoit alors la maniere dont le chancelier examinoit ceux qui devoient être licentiez. Le traité de la confeffion contient un examen de

1016.

confcience par maniere de dialogue entre le con

feffeur & le penitent, & l'auteur y defcend dans AN. 1259 un grand détail. Le chemin du paradis eft divifé p. 1029. en trois journées, la contrition, la confeffion & la fatisfaction. Il y eft dit que le penitent doit être réfolu à quitter le peché, principalement pour l'amour de Dieu, quand il n'y auroit ni enfer ni paradis; & enfuite que pour chaque peché mortel on eft obligé à fept ans de penitence, & que fi on ne l'accomplit en cette vie on l'achevera en purgatoire: où l'on voit que les anciennes penitences n'étoient pas encore oubliées. L'auteur n'employe ni raifonnemens fubtils ni lieux communs, mais des preuves fenfibles & des exemples familiers.

LIX.

ciens des

Chartreux.

L'eftime de l'école de Paris y attira les Chartreux, comme on voit par le titre de leur fonda- Statuts an tion, où le roi faint Louis parle ainfi : Les freres de l'ordre des Chartreux font venus en notre Dubon. p. prefence, & nous ont humblement fupplié de 360. Dubois leur accorder notre maifon de Vauvert près no- p. 435. tre ville de Paris dans laquelle coulent abondamment les eaux de la doctrine falutaire qui arrosent toute l'églife. Sur quoi le roi leur donne eu aumône le château avec quelques autres biens, & l'acte eft datté de Melua au mois de Mai 1259.

La même année les Chartreux tinrent leur Difcipl.ord. chapitre general où dom Riffer treiziéme prieur Cart.p.112. de Chartreufe fit autorifer les ftatuts de l'ordre 128. qu'il avoit compilez, corrigez & augmentez, & c'eft ce qu'ils appellent les ftatuts antiques. On y p. 129. lit entre autres: Quoiqu'on ait changé quelque p. 131. chofe quant à la pratique dans les coûtumes de dom Guigues, toutefois le chapitre ordonne, qu'on les ait entieres dans chaque maison fans aucun changement, afin que nous voyons combien nous fommes déchûs de la vie de nos anciens peres. L'origine des chapitres generaux y eft mat

que fous dom Bafile, qui fut le huitiéme pricur AN. 1255. de Chartreufe & mourut l'an 1173. Les prieurs de toutes les autres maisons qui n'étoient encore que quatorze le prierent de trouver bon que pour affermir l'obfervance ils s'affemblaffent en chapitre commun dans cette premiere maison; ce qu'il leur accorda.

133.

Voici comme parlent les ftatuts de dom Riffer au chapitre de la réprehenfion: Nous avons fujer de craindre le jugement de Dieu, nous qui contre fa defense avons tranferé les bornes que nos peres nous avoient prefcrites pour vivre regulierement: fi quelqu'un en doute, qu'il life & relife les statuts de dom Guigues, & il verra combien notre presente maniere de vie est differente #. 134. de celle de nos peres. La cause de ce mal femble être en quelques prieurs, qui negligent de corriger ceux qui leur font foûmis, ou qui par trop d'indulgence à fe donner à eux & aux leurs les commoditez corporelles, tombent dans le relachement. Quelques-uns encore trouvent penible de demeurer avec leurs freres & fe plaifent à fortir & à fe promener: ils fe chargent des affaires d'autrui & abandonnent leur troupeau. Ils devroient confiderer que le prieur de Chartreuse ne fort jamais des bornes de fon defert: que les promenades au dehors font très-odieuses aux vrais ermites, & que c'eft principalement ce qui nous rend méprisables aux gens du monde.

Le chapitre general a fouvent fait des reprimandes & des reglemens touchant la curiofité & la dépenfè dans les habits & les montures; mais il n'y a point eu, ou très-peu d'amandement: au contraire plufieurs fe roidiffent contra la défenfe & méprifent l'efprit de notre inftitut, qui nous oblige plus que tous les autres moines à l'humilité, l'abjection, la pauvreté, la grofficreté dans nos habits, & tout ce qui est à notre

ufage. Ils ont oublié la fainte rufticité de notre ordre; & fe fçavent bon gré d'introduire ces deli- AN. 1259. cateffes contraires à la fobrieté & à la frugalité qui énervent la rigueur de la vie eremitique. Ces fuperfluitez font caufe que l'étenduë de nos déferts ne pouvant plus fuffire à la dépense, plufieurs fe portent à des démarches illicites: à courir par le monde pour acquerir des biens, étendre leurs bornes & avoir des revenus au-delà par toutes fortes de difpenfes. Le chapitre ordonne de dé- Sup. liv. noncer ceux qui feront coupables de ces défor- LXVII. 2. dres. L'intervalle entre les ftatuts de dom Gui- 58. gues & ceux de dom Riffer eft environ de cent

trente ans.

Mon. Pad. p.606.607

La Lombardie fut enfin délivrée cette année LX. de tyran Ecelin. Aïant voulu furprendre Milan Mort du ty& l'aïant manqué, il fut attaqué par les Cremo- ran Ecelin. nois & les Mantoüans conduits par le marquis Hubert Palavicin. Ecelin fut bleffé à un pied.. dans le combat & pris le famedi vingt-feptième de Septembre, jour de faint Cofme l'an 1259.Les Cremonois le menerent à Succino, où il mourut peu de jours après âgé d'environ foixante & dix ans. Comme il avoit vécu fans penfer à Dieu il refufa les facremens avec horreur; auffi avoit-il été fans religion : dépouillant les églifes, faifant mourir cruellement les ecclefiaftiques & les religieux, & diftribuant les benefices à qui il lui plaifoit, comme s'il eût été pape. C'étoit l'ennemi du genre humain, & il fit perir en diverfes manieres plus de cinquante mille hommes. Il croïoit aux aftrologues & en avoit plufieurs à fa fuite, entr'autres un chanoine de Padoue & un certain Paul Sarrafin venu de Bagdad portant une grande barbe: les Italiens croïoient voir en lui un autre Balaam.

Philippe Fontaine archevêque de Ravenne & p. 610. légat du faint fiege étoit toûjours prifonnier à Sup. n. 46

Breife où Ecelin l'avoit mis. Le pape Alexandre AN. 1259. aiant appris la mort du tyran, écrivit au marquis Palavicin & aux Breffans de délivrer ce prélat: mais ils le refuferent: car le marquis pour

être ennemi d'Ecelin n'étoit pas plus ami du pa4o. ap. pe. Toutefois l'archevêque trouva moïen de fe bel.to.9. fauver par une fenêtre du palais où il étoit gardé,

P. 853.

& s'enfuit à Mantouë. Le marquis Palavicin avoit

eté dévoué à l'empereur Frideric, lui avoit rendu plufieurs fervices & en avoit reçu plufieurs graces: 4p. Rain, c'eft pourquoi il demeura toûjours attaché à sa famille, & dans la confederation contre Ecelin

7. S.

qu'il fit avec le marquis d'Eft, les Cremonois, Anen. p. les Mantoüans & les Milanois, il étoit porté ex854. Matth. prellement qu'ils reconnoiffoient Mainfroi pour Par. contin. roi légitime de Sicile & pour leur ami ; & qu'ils emploïeroient leurs offices pour le reconcilier avec le pape. Auffi Mainfroi déclara-t'il Palavicin capitaine de fes troupes en Lombardie.

g. 848.

Nang. p. 547.

Le pape qui avoit excommunié Mainfroi cette même année comme ufurpateur du roïaume de Sicile fut irité de cette union des Lombards avec lui; & en écrivit ainfi à Henri de Sufe arRain, n. 7. chevêque d'Embrun fon légat: Vous déclarerez nulle l'abfolution qu'un certain religieux a donnée à Palavicin & aux Cremonois, attendu qu'il n'en avoit aucun pouvoir, qu'il n'a point gardé la forme de l'églife, & que fuivant votre ordonnance c'étoit aux freres Mineurs ou aux Prêcheurs à donner cette absolution. Que fi Palavicin & les autres veulent revenir à l'obéiflance de l'églife: ils doivent renoncer à la confederation qu'ils ont faite avec Mainfroi jadis prince de Tarente, ou avec les autres ennemis de Dieu & de l'églife; & fatisfaire fur tous les chefs pour lefquels ils ont été excommuniez par le faint fiege. Ne vous mêlez point de faire aucune confederation entre des villes au nom de l'église Ro

« AnteriorContinuar »