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de prêtres qui les défervent, & la portion con-grue fera au moins de trois cens fols. C'étoit AN. 1260. cent cinquante livres de notre monnoïe. Défen- c. 16. fe aux curez de tenir d'autres cures à ferme. On c. 15. ne portera point un corps au lieu de fa fepulture, qu'il n'ait été porté fuivant la coûtume à l'églife paroiffiale, parce qu'on y peut mieux fçavoir qu'ailleurs fi le défunt étoit interdit ou excommunié & perfonne ne recevra le corps pour l'enterrer qu'il ne foit prefenté par le curé.

A Paris le dimanche de la Paffion, qui cette Duchefne. année 1260. étoit le vingt-uniéme de Mars, let. 5. p. 371. rei faint Louis affembla les évêques & les fei- conc.p.797• gneurs de fon roïaume, fur ce que le pape lui

avoit écrit, que les Tartares avoient vaincu les Sarrafins, foûmis l'Armenie, Antioche, Tripoli, Damas, Alep & d'autres places; & que la ville d'Acre & tout le refte de ce que les Latins tenoient outre-mer étoit en péril. Il fut donc ordonné dans l'affemblée de Paris, qu'on multiplieroit les prieres, qu'on feroit des proceffions, qu'on puniroit les blafphêmes, que le luxe des tables & des habits feroit reprimé, les tournois défendus pour deux ans, & tous les jeux, hors les exercices de l'arc & de l'arbalêtre.

Haiton. c.

24. c.

Ces progrès des Tartares en Orient étoient la Sup.". 346 prife de Bagdad & les autres conquêtes de Houlacou-can; & l'on faifoit croire aux Chrétiens Jo. Vil. vi. de deçà la mer que Mangou-can avoit reçû le c. 61. baptême & avoit envoïé fon frere Holaon, c'eft- Sanut. à-dire Houlacou, pour conquerir Jerufalem & 238 la rendre aux Chrétiens. On ajoûtoit qu'il n'avoit été détourné de cette conquête que par la nouvelle qu'il avoit reçûë de la mort de Mangou,qui-l'avoit fait retourner en Tartarie pour lui fucceder. Le pape lui même fur le rapport d'un Hongrois nommé Jean, crut que Houlacou vouloit embraffer la religion chrétienne: il lui écrivit pour . igu

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ap. Raini

l'en feliciter, & l'encourager en lui reprefentant AN. 1269. combien les chrétiens joignant leurs armes aux fiennes pourroient l'aider à fubjuguer les Sarrafins. Il paroît toutefois que le pape ne fe fioit pas entierement au rapport du Hongrois, en ce qu'il écrivit au patriarche de Jerufalem, d'examiner la prétendue converfion d'Houlacou & lui en rendre compte. Le pape donc voïant fes efperances évanoüies & que les Tartares avançoient toujours, même en Europe où ils attaquoient la Pologne & la Hongrie : réfolut de tenir un concile à Viterbe l'année fuivante 1261. à l'octave de la faint Pierre, & pour s'y prépaRub. hift. rer il ordonna aux archevêques de tenir des conRaven. lib. c.les chacun dans leurs provinces.

Stero. ann.

1261.

6. p. 435. LXVII.

pour les

Grecs de

Chipre.
Append.

to. XI. conc.

P. 2352.

LXXXIII. n.

47.

Cependant le pape fit une grande conftitution Réglement pour régler les differends furvenus dans l'ifle de Chipre entre les Latins & les Grecs, depuis ceux que le pape Innocent IV. avoit terminez. Germain archevêque Grec de Chipre accompagné de trois autres évêques Grecs, & les procureurs de l'archevêque Latin de Nicofie dans la Rain. n. 17. même ifle étant venus en prefence du pape AleSup. liv. xandre propoferent ainfi leurs prétentions. Germain difoit: La métropole de Chipre étant vacante, les évêques Grecs obtinrent du pape Innocent votre prédeceffeur la permiffion d'élire un archevêque, nonobftant l'ordonnance du concile general & celle du légat Pierre évêque d'AlSup. liv. bane. Ils m'élurent; & le cardinal évêque de TufIXXVII. n. culum alors légat en Chipre, confirma l'election fuivant l'ordre qu'il en avoit reçu du pape & me fit facrer par mes fuffragans: après quoi il reçut notre promeffe d'obéiffance à l'églife Romaine: & mes fuffragans me la promirent aussi felon les canons.

48.

J'étois en poffeffion paifible de ma dignité, quand l'archevêque de Nicofie me cita à compa

roître

roître en perfonne devant lui, pour répondre fur certains articles dont il prétendoit informer con- AN. 1260, tre moi: quoiqu'il n'ait aucune jurisdiction ni fur moi, qui ne connois de fuperieur que le pape, ni fur les Grecs de Chipre, qui me font foûmis. Je n'obéis point à cette citation, comme je ne le devois pas, mais j'appellai au faint fiege, me mis fous fa protection, & partis pour venir en vôtre prefence. Alors l'archevêque de Nicofre a chaffé mes vicaires avec violence, maltraité les Grecs pour les détourner de mon obéïssance caffé des fentences que j'avois prononcées juftement contre quelques-uns d'eux, publié des excommunications contre moi, & m'a caufé beaucoup de dommage & de dépenfe. C'est pourquoi je vous demande de caffer comme attentat tour ce que cet archevêque a fait contre moi, & l'empêcher à l'avenir de faire fur les Grecs de pareilles entreprises. Telle étoit la demande de l'archevêque Germain.

Le pape nomma pour auditeur ou commiffaire en cette caufe le cardinal Eude de Châteauroux évêque de Tufculum, qui avoit été légat en Chipre, devant lequel les procureurs de l'archevêque de Nicofie propoferent des exceptions, difant qu'il n'avoit jamais été cité pour cette caufe, & qu'ils avoient été envoyez pour d'autres affaires. Toutefois le cardinal les obligea de défendre au fonds par ordre exprès du pape, qui ne vouloit pas donner fujet à l'archevêque Germain de fe plaindre d'un déni de juftice. Les procureurs de l'archevêque de Nicofie foûtinrent donc, que l'élection de Germain étoit nulle: parce que les évêques Grecs n'avoient point droit d'élire un archevêque, & que lorsqu'ils firent cette élection ils étoient excommuniez, c'eft pourquoi les vicaires de l'archevêque de Nicofie alors absent, protefterent contre cette Tome XVII Ff

élection. De plus, difoient-ils, le pape Celeftin AN. 1260. III. qui donna l'Ifle de Chipre à conquerir aux Latins à caufe de l'infidelité des Grecs, y établit quatre fieges épiscopaux pour les Latins, & voulut qu'ils fuccedassent aux dimes & aux autres droits que les évêques Grecs y avoient eu. Il donna au fiege de Nicofie l'un des quatre le premier rang & l'autorité de métropole fur toute l'ifle; & enfuite l'évêque d'Albane comme légat, ordonna qu'elle n'auroit que quatre évêques Grecs, dont les feges feroient dans les dioceses des LaSup. liv. tins & soûmis à l'archevêque de Nicofie. D'où il xxxiv. ». s'enfuit qu'il ne peut y avoir d'autre archevêque

39.

dans cette isle qui n'eft qu'une province. Elle fut conquife fur les Grecs par Richard I. roi d'Angleterre en 1191.& c'est à ce temps qu'il faut rappor ter la conftitution du pape Celestin.

Sur cette conteftation on fit de part & d'autre plufieurs propofitions & plufieurs réponses; on drella des articles dont on devoit faire preuve, & on vit dès l'entrée que la procedure feroit longue. C'eft pourquoi l'archevêque Germain pria le pape d'avoir égard à la pauvreté de l'églife Grecque, & de leur donner un reglement suivant lequel ils puffent vivre en paix avec les Latins fous l'obéiffance de l'églife Romaine. Le pape confidera de-plus que la principale occafion du differend étoit l'incertitude des bornes de la jurisdiction, outre la diverfité des mœurs & des rites entre les nations. Il jugea donc à propos de terminer la difpute par maniere d'arbitrage, plûtôt que fuivant la rigueur du droit & les forma, litez d'une procedure reguliere ; & il donna fon jugement qui porte en fubftance.

Dans l'ille de Chipre il n'y aura deformais que quatre fieges d'évêques Grecs, l'un à Solie dans le diocefe de Nicofie, le fecond à Arfine diocese de Paphos, le troisième à Carpafe dioces

de Famagoufte, le quatrième à Lefcate diocefe de Limiffe. Quand un de ces fieges Grecs fera AN. 1260. vacant le clergé élira un évêque, dont l'élection fera confirmée par l'évêque Latin du diocese s'il la juge canonique, & il fera facrer l'élû par les évêques Grecs du voisinage: puis l'évêque prêtera ferment d'obéiffance à l'évêque Latin Mais la condamnation, la dépofition, la tranf lation ou la ceffion des évêques Grecs, fera refervée au pape, fuivant les prérogatives du faint fiege. L'évêque Latin ne donnera point d'évêque aux Grecs de fon autorité; fi ce n'eft que par leur négligence le droit lui en foit dévolu fuivant le decret du concile general, & en ce cas même il ne leur pourra donner qu'un Grec. L'évêque Latin n'aura aucune jurifdiction fur les diocefains de l'évêque Grec, finon dans les cas où le métropolitain l'exerce fur les dioceLains de fon fuffragant: mais les causes entre un Latin & un Grec feront portées devant l'évêque Latin. On appellera de l'évêque Grec à l'évêque Latin, & de celui-ci à l'archevêque de Nicole. L'évêque Grec affiftera une fois l'année au fynode diocefain de l'évêque Latin & en obfervera les ftatuts. Il fouffrira la vifite, de l'évêque & lui eu paiera le droit fuiyant la taxe qui en eft marquée eu égard à la pauvreté des Grecs. Les dimes appartiendront aux Latins & feront levées felon la coûtume: enforte toutefois que perfonne ne s'en prétende exempt, puifqu'elles font de droit divin. Ainfi parle la conftitution. .I

Quoique les Grecs de Chipre ne doivent point à l'avenir avoir de métropolitain de leur nation: nous voulons toutefois Germain

que

joüiffe fa vie durant de la dignité d'archevêque. C'eft pourquoi nous exemptons fa perfonne de la fujettion de l'archevêque de Nicofie; & afin qu'il ait un fiege certain ; nous lui donnons ce

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