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nue publique ils fe feparerent entierement d'haAN. 1231. bitation, & ne fe voyoient plus que très-rarement & en prefence de témoins, pour ne pas . 2. fcandalifer les foibles. Le duc vivoit en religieux fans en avoir fait profeffion, & laiffoit croître fa barbe, comme les freres convers des monafteres, d'où lui vint le nom d'Henri le Barbu.

5. 6.

La ducheffe Heduige lui perfuada de fonder à Trebnits près de Breflau en Silefie un monaftere de filles de l'ordre de Cifteaux dont la premiere abbeffe fut Petriffe que la princeffe avoit eue pour gouvernante dans fon enfance. Elle la fit venir de Bamberg avec d'autres reHigieufes la fondation fe fit l'an 1203. & la de*.1.2. dicace de l'églife en 1219. Heduige y affembla un grand nombre de religieufes, & y offrit à Dieu fa fille Gertrude qui en fut depuis abbeffe. Heduige y élevoit plufieurs jeunes filles nobles & autres, dont quelques-unes embraffoient la vie monaftique, & elle marioit les autres. Ellemême s'y retiroit fouvent du vivant du duc fon mari & couchoit dans le dortoir puis elle fixa fa demeure au même lieu de Trebnits près dur monaftere, mais dehors, & prit l'habit des religieufes fans faire profeffion; pour fe conferver la liberté d'affifter les pauvres de fes biens. Elle porta avec une merveilleuse patience la mort du duc Henri fon mari qui arriva l'an 1238. & elle confoloit les religieufes de Trebnits désolées de cette perte.

c. 3.

XIV.

Otton cardinal diacre du titre de faint NicoOtton lé- las, légat du faint fiege en Allemagne, voulut gat en Al- tenir un concile à Virsbourg: mais Albert due femagne. de Saxe s'y oppofa par une lettre qu'il écrivit au Alberic. p. nom de toute la nobleffe du pays à tous les pré

$39.

lats d'Allemagne: où il difoit: Nous avons appris que le cardinal prétend donner des prében

des, tant en Saxe que dans les autres parties de l'empire, & introduire d'autres fervitudes pour AN. 123 I. opprimer nos églifes. C'eft pourquoi, fi vous voulez conferver les loix de vos peres & garantir le fanctuaire de la main des étrangers, vous devez imiter les Macabées, dont l'églife celebre Martyr. la fête. La dignité du clergé eft aujourd'hui plus R. 1. Aug. avilie, que du temps de Pharaon qui ne connoif- Gen. XLVIT foit pas la loi de Dieu, & toutefois faifoit don- 22. ner aux prêtres du bled des greniers publics. Ne fçavez-vous pas que vous êtes diftinguez entre les évêques des autres pays, en ce que vous n'êtes pas feulement évêques, mais encore princes & feigneurs pourquoi donc vous laiffez-vous traîner à des lieux fi éloignez contre les conftitutions approuvées jufques à present: Ces der nieres paroles femblent regarder les appellations fondées fur les fauffes decretales.

Cette lettre fit fon effet, & les évêques aïant tenu confeil avec le jeune roi Henri, firent enforte que le concile ne fe tint point. Quelque temps après comme le cardinal fortoit la porte de la ville de Liege, il fut attaqué par des gens qui le voulurent tuer, par ordre du roi à ce que Fon difoit mais le cardinal s'en prit à toute la ville, & elle demeura interdite pendant près dun an.

Le légat Otton envoïa en Livonie Baudoüin de l'Aune, qui aïant converti à la foi unc grande étenduë de païs, s'en revint & alla en cour de Rome, où il trouva des adverfaires qui fe nommoient chevaliers de Dieu. Ils prétendoient fuivre la régle des Templiers, & toutefois ne leur étoient point foûmis : mais c'étoit de riches marchands, qui aïant autrefois été bannis de Saxe pour leurs crimes, s'étoient tellement accrus, qu'ils croïoient pouvoir vivre fans loi & fans roi. Baudouin aïant fait con

XV.

Eglife dis Nort.

Alber. an

1232. p.

54.

noître au pape ce qui en étoit & le fuccès de AN. 123. fes travaux, le pape le fit évêque de Semgalle petite province, dont Mittau eft la capitale & qui fait partie de la Livonie. Le pape le facra de fa main & le fit légat en ces quartiers, com me on voit par la bulle du vingt-huitiéme de Janvier 1232. où il dit en fubftance: Votre zele pour le falut des ames vous a fait renoncer aux defirs du fiecle & vous expofer à beaucoup de perils pour travailler à la converfion des infideles, fous les ordres du cardinal Otton : C'est pourquoi nous vous avons facré évêque de Semgalle efperant de plus grands fruits de votre ferveur, & vous avons accordé le pouvoir de légar en Livonie, Gothlande, Finlande, Eftonie, Semgalle, Curlande, les autres provinces de néophytes & de païens, & les ifles voifines pour y prêcher librement la foi, corriger les perfonnes ecclefiaftiques & réformer les églifes. Vous y inftituerez & deftituerez lorfqu'il fera befoin des abbez, des prieurs & d'autres fupérieurs, vous ordonnerez des clercs, confirmerez Fes élections des évêques, les facrerez, & benirez les abbeż. Nous vous donnons auffi le pouvoir de réprimer les rebelles par les cenfures ecclefiaftiques, promettant de ratifier & faire exccuter vos fentences.

ain.1231.

น. 3.

Entre les peuples qui fe convertirent alors fu rent les Curons ou Curlandois avec leur roi Lammechin: & ils firent un traité avec le pénitencier du légat Otton où il dit: Les païens fe font offerts à recevoir la foi chrétienne, nous ont donné des ôtages & ont promis d'obeïr ex tout aux ordres du pape, & nous, agiffant de fa part par le confeil commun de l'églife de Riga, de l'abbé de Dunemonde, des marchands, des chevaliers de Chrift, des pelerins & des bourgeois de Riga, nous fommes convenus des

י.

Conditions fuivantes. Ils recevront inceffam

ment des prêtres que nous leur envoyerons: AN. 12320 fls leur donneront honnêtement les chofes neceffaires, écouteront leurs instructions avec foûtmiffion, & les défendront des ennemis comme leurs propres perfonnes. Tous hommes, femmes & enfans recevront inceffamment le baptême, & obferveront les autres ceremonies des Chrétiens. Cette clause eft bien éloignée de l'ancienne difcipline qui ne permettoit de baptifer qu'après de fi longues épreuves les catechumenes de la même nation & des mêmes mœurs, à plus forte raifon des étrangers & des barbares. Le traité continue: ils recevront l'évêque qui leur fera donné par le pape avec respect & devotion, comme leur pere & leur feigneur ; lai obéiront en tout comme les autres chrétiens. Ils lui payeront tous les ans les droits dont font tenus les peuples de Gotlande. Mais ils ne feront foumis ni au Danemarc ni à la Suede: car nous feur avons accordé une liberté perpetuelle, tant qu'ils n'apoftafieront point. Ils marcheront aux entreprifes qui fe feront contre les payens; tant pour la défenfe de la chrétienté que pour la pro pagation de la foi. Ils fe prefenteront au pape dans deux ans, & fe foûmettront en tout à fes ordres. Ce traité fut fait le jour des Innocens vingt-huitiéme Decembre 1230. & confirmé par le pape l'onziéme Février 1232.

Cependant le pape apprit par les lettres des v. ep. 18 Evêques de Masovie & de Breflau que les Pruf- Rain, n. 6. fiens, tant anciens payens qu'apostats, avoient brûlé plus de dix mille villages de leur frontiere, avec quantité de cloîtres & d'églifes; enforte qué les fideles n'avoient plus d'autres lieux où celebrer l'office divin, que les bois où ils étoientretirez. Ces lettres ajoûtoient: les Pruf kens ont tué plus de vingt mille chrétiens, &

en tiennent encore efclaves plus de cinq milles AN. 1232. ils font périr les jeunes hommes qu'ils prennent, par des travaux continuels & exceffifs: ils faèrifient les filles aux démons par le feu après les avoir couronnées de fleurs par dérifion. Ils font mourir les vieillards & tuent auffi les en fans, les uns en les embrochant, d'autres en les écrafant contre des arbres Or quoique les chevaliers Teutoniques aïent entrepris en Pruffe l'affaire de la foi, toutefois ils ne fuffifent pas pour la foûtenir feuls. Sur ces avis le pape écrivit en ces termes aux prélats du voisinage: Nous vous prions & vous enjoignons de commuer les vœux des croifez du royaume de Boheme que nous avons difpenfez d'aller outre mer pour pauvreté ou infirmité : & de les envoyer contre ces infideles, afin qu'ils ne puiffentfe vanter d'avoir impunément attaqué le nom de JESUS-CHRIS T. La lettre eft du vingt-troifiéme de Janvier 1232.

XVI. En France le roi avoit un differend avec l'arDifferend chevêque de Rouen, qui duroit depuis cinq de l'arche- ans. Dès l'année 1227. l'archevêque Thibaut d'Amiens voulut faire amener à Rouen du mercouper

vêque de
le roi. rein ou bois à bâtir qu'il avoit fait

Rouen avec

Chr. Rotom.

dans

la forêt de Louviers: mais le bailli de Vau-deto. 1. bibl. Reüil arrêta le bois; & le fait ayant été dénonLab. p.375. cé à l'évêque diocefain, il excommunia le bailli,

Pour ce fujet l'archevêque fut cité à la cour du roi, comme ayant fait excommunier fon bailli fans lui en demander la permiffion. On ajoûtoit que l'archevêque ne devoit faire du merrein dans cette forêt que pour fa maison de Louviers & non pour les autres. Il y avoit encore quelques autres plaintes, & on demandoit pourquoi ce prélat ne venoit pas répondre à l'échiquier comme les autres évêques, & les autres barons de Normandie. Čet échiquier

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