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étoit la cour fouveraine de Normandie fous les -
rois d'Angleterre, d'où eft venu depuis le par- AN. 123 4.
lement de Roüen: fur tous ces chefs l'arche-
vêque Thibaut étant cité devant le roi à Ver-
non comparut & dit, qu'il n'étoit point tenu
d'en répondre en la cour du roi : parce que
quelques-uns de ces articles étoient fpirituels,
& qu'il ne tenoit rien en fief du roi qui l'obli-
geât d'y répondre. Le roi & la reine fa mere
furent fort irritez de cette réponse, & l'arche-
vêque fe retira fans les avoir appaifez. Sur-
quoi le roi après avoir plufieurs fois confulté
fes barons fit faifir le temporel de l'archevêque,
qui de l'avis de fes fuffragaus mit en interdit
tous les domaines & les châteaux que le roi
avoit dans fon archevêché, excepté les citez,
c'est-à-dire les bonnes villes. Enfuite l'arche-
vêque fortit de la province, refolu d'aller en
cour de Rome, mais étant demeuré malade à
Reims, il fe contenta d'y envoyer; & obtint
que le cardinal Romain de S. Ange qui venoit
alors légat en France, prendroit connoiffance
de fon affaire. Le légat fit d'abord restituer à
l'archevêque fuivant la rigueur du droit, tout
cé qui avoit été faifi: les meubles, les immeu-
bles & les fruits qui en avoient été
perçus, mê,
me reporter à Rouen le bois apporté de Lou-
viers. Ainfi l'affaire fut terminée à la fatisfac-
tion de l'arvchevêque Thibaut, qui mourut le
vingt-cinquième de Septembre 1229. après sept
ans de pontificat.

A fa place Thomas de Freaville doyen de
Rouen fut élu par la plus grande partie du cha-
pitre: mais l'autre s'y oppofa fortement, & le
procès dura plus d'un an en cour de Rome. En-
fin au mois de Mai 1231. le doyen Thomas
renonça à fon droit entre les mains du pape,
qui transfera au fiege de Rouen Maurice eve

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que du Mans; & il fut reçu dans fa nouvelle égli N. 1232. fe le dimanche avant la Madelaine, c'est-à-dire le vingtiéme de Juillet: il tint le fiege de Rouen deux ans & demi. Thomas de Freaville fut élu évêque de Bayeux, & facré par Maurice le dimanche de la paflion vingt-huitiéme. Mars 1232. La même année l'abbelle de Montiviliers au diocefe de Rouen étant morte, il y cut partage dans l'élection ; & l'archevêque Maurice trouvant que la forme du concile de Latran n'y avoit pas été gardée, rejetta les deux élues, priva les religieufes du droit d'élire pour cette fois, & leur donna une autre abbeffe: mais le roi s'y oppofa, & empêcha que cette abbeffe ne fur reçue. Alors l'archevêque excommunia toutes les religieufes qui adheroient à l'oppofition du roi.

Au commencement du carême de la même année, l'archevêque excommunia quelque moines de faint Vandrille, dont le roi prit auffi la défenfe; & pour ces deux affaires & quelques autres, il cita l'archevêque à comparoître devant lui. L'archevêque le refufa comme avoit fait son prédecesseur: foûtenant qu'après Dieu il n'avoit autre juge que le pape, tant au temporel qu'au fpirituel, fuivant l'ancienne liberté de l'églife de Rouen & la coûtume obfervée jufques alors. Sur ce refus le roi fit faifir l'onziéme de Juillet tous les domaines de l'églife 0.2. Spicil. de Rouen, & l'archevêque après l'avoir aver522.p.4 ti plufieurs fois, & prié de lui donner main-levée,

mit en interdit premierement toutes les chapelles du domaine du roi dans le diocefe de Rouen, excepté quand le roi ou la reine y feroient prefens: de plus tous les baillifs & fousbaillifs du roi avec leurs familles; & tous les cimetieres de fon domaine. L'interdit s'étendoit à toutes les églifes du domaine foumifes à la

jurifdiction de l'archevêque, mais feulement

pour y défendre de fonner les cloches, & de AN. 1233a chanter l'office en note: de peur que fi l'interdit étoit plus rigoureux, il ne causât des herefies, & l'endurciffement du peuple.

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L'archevêque voïant qu'il n'obtenoit rien de la part du roi, paffa plus avant; & étendit l'interdit fur toutes les églifes de fon diocese : défendant d'y celebrer aucun office divin ni d'y adminiftrer 5. aucun facrement, finon le baptême aux enfans & la pénitence aux mourans. Nous permettons toutefois, ajoûte-t'il, qu'en chaque paroiffe une fois la femaine à huis clos, & les interdits exclus, le prêtre life au peuple l'introïte, l'épitre & l'évangile, donne le pain benit & explique les commandemens de l'églife: déclarant avec quelle douleur nous mettons cet interdit. L'archevêque y ajoûta une autre circonftance. Il ordonna que dans toutes les églifes du diocefe, les images de la fainte Vierge patrone de l'églife de Rouen, feroient ôtées de leurs places, couchées dans la nef fur quelque fiege, & environnées d'épines. Cependant il porta fes plaintes au pape, qui écrivit au roi, l'exhortant à réparer le tort fait à l'archevêque, & offrant de lui ren- vi, ep. 175) dre justice, s'il avoit quelque prétention contre ap. Rain. ce prélat. Le pape donnoit en même temps com- 1232.8.26. miflion aux évêques de Paris & de Senlis de contraindre par cenfures les officiers du roi à rendre à l'archevêque de Rouen les biens faifis. La lettre au roi eft du vingt-neuvième de Novembre 1232. mais elle n'eut pas fitôt fon effet ; & l'interdit fur le diocefe de Rotien dura treize mois, depuis la veille de la faint Michel vingthuitiéme de Septembre 1232. jufques à la faint Crefpin vingt-cinquième d'Octobre 1233. Alors Chr. Rose on rendit à l'archevêque fes biens avec les mag. fruits qui en avoient été reçus depuis la faific,

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Differend

Le roi Louis n'avoit encore que dix-sept ans, AN. 1232. c'est pourquoi on doit attribuer à fon confeil, XVI. plûtôt qu'à lui la conduite de la cour de France. „de l'évêque Or elle avoit en même temps une affaire semblade Beauvais, ble avec l'évêque de Beauvais. C'étoit Milon de Nanteuil de la maifon de Châtillon, plus guerAlberic.an. rier qu'évêque. Se trouvant accablé de dettes,

1230. Ric.

S. Germ.

cod.

Luvet. to.2.

il alla trouver le pape Gregoire, pour le fervir en fa guerre contre l'empereur Frideric; & le pape aïant fait la paix donna à Milon le duché de Spolette & la Marche à gouverner. Ce prélat après avoir demeuré trois ans en Italie reprit le chemin de France chargé de richeffes : mais les Lombards l'arrêterent au retour & le pillerent enforte qu'il perdit plus en fon voïage qu'il n'y gagna.

Pendant fon abfence il s'émut une querelle à 366.379. Beauvais, entre les bourgeois & le menu peuple, à l'occafion de l'élection d'un maire; on en vint jufques à la fédition, & il y eut des meurtres commis. Le roi & la reine fa mere vinrent à Beauvais bien accompagnez pour en faire juftice mais l'évêque qui étoit arrivé devant s'y oppofa, prétendant avoir toute jurifdiction dans la ville. Le roi ne laiffa pas de paffer outre, & l'évêque porta fa plainte à un concile, qui fe tenoit à Noyon la premiere femaine de carême 1232. c'est-à-dire 1233. avant to. x1, conc. Pâques, & fon official y parla ainfi : L'évêque de Beauvais vous reprefente, faints peres, qu'encore que la justice & la jurifdiction de la ville lui appartienne, & que lui & fes prédeceffeurs en aïent toûjours joui paifiblement : toutefois à l'occafion d'un crime commis à Beauvais, le roi y eft venu avec des troupes ; & après plufieurs prieres & admonitions de l'évêque, il n'a pas laiffé de faire publier fon ban dans la ville, prendre des hommes, en bannir

445.

d'autres

:

d'autres, & abattre jusques à quinze cens maifons. En partant il demandoit à l'évêque pour fon droit de gîte pendant cinq jours quatrevingt livres parifis furquoi l'évêque dit que cette prétention étoit nouvelle, & demanda un péu de temps pour en déliberer avec fon chapitre. Mais le roi lui refusa, fit faifir toutes les dépendances de l'évêché, & y mit garnifon. C'est pourquoi l'évêque vous demande confeil & aide.

AN. 12324

Alors l'évêque de Beauvais fe retira avec fon confeil, & le concile aïant déliberé fur fon affaire, conclut d'envoïer à Beauvais les trois évêques de Soiffons, de Laon, & de Châlons, pour informer du droit de l'évêque, & des torts qu'il prétendoit avoir foufferts; ce qui fut executé. Enfuite les trois évêques firent le rapport de leur enquête la femaine de devant la pallion, au concile qui fe tenoit à Laon, & qui ordonna que l'on feroit encore au roi deux monitions, outre une premiere faite avant l'information: & pour cet effet furent députez trois autres évêques, Anfelme de Laon, Geoffroi de Cambrai, Marlot. ter & Azon d'Arras: qui firent au roi une fomma- 2. P. sisa' tion de rendre à l'évêque de Beauvais les habitans qu'il avoit fait prendre, & lui donner main-levée de ses régales. La monition eft dattée de Poiffi, le dimanche de la Paffion 1232. c'est-à-dire, le vingt de Mars 1233. Le roi n'aïant point accordé la main-levée, Milon mit tout fon diocefe en interdit, que les autres évêques étendirent fur toute la province.

Au commencement de Septembre la même

année 1233. ils s'affemblerent à Saint-Quentin, Marlot. t.22 & y réfolurent qu'ils iroient tous à Rome, fi lib. 111. C. l'archevêque de Reims le jugeoit à propos, ou 30. f. 6161 du moins ceux qu'il y envoieroit, pour conferver les libertez de leurs églifes. Les chapiTome XVIL

E

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