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Nous font nommer les Corps, ou pefans, ou legers.
ရွာ

Mais de quelle action la Mer eft agitée,
Quand fur fes bords nous la voyons montée,
Et que par des efforts nouveaux

Malgré fa Pefanteur elle éleve fes Eaux,
Et femble d'elle-même hors de fon lit jettée ?
Elle furmonte l'Air par ces Elancemens :
Mais fur les vastes Flots fi notre œil peut s'étendre,
Il doit être aifé de comprendre

Que l'Air preffé d'ailleurs caufe ces Mouvemens.
En les voyant reglez fur le Cours de la Lune
Le Flux & le Reflux alors nous furprend moins;
Il montre avec cet Aftre une action commune
Qui doit à l'expliquer encourager nos foins.

La Matiere fluide, où circule la Terre,
Décrit un tour ovale avec rapidité;
La Lune qui s'y meut a moins d'activité;
Au petit Diametre où le chemin fe ferre,
Par le Corps de la Lune, & fa folidité,
Ce Torrent qu'elle arrête en eft plus irrité.
A ce Choc la Terre ébranlée

Vers l'endroit oppofé fe trouve reculée
Où le Chemin par là de nouveau retreffi,

Fait

que dans cet endroit le Torrent preffe auffi. Les Eaux à ces deux points fur la Terre preffées,

T

Sous le Cercle Equinoxial

Dans le milieu fe trouvent enfoncées;

Et vers le Pole Arctique, & vers le Pole Austral,
Le long des Rives font hauffées.

ရာ

Et quand la Terre, en achevant fon Tour,

Revient, en la moitié d'un jour

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Répondre fous l'endroit où la Lune eft placée,
La Terre de nouveau, par les Airs repouffée,
Recule, & void les Flots falez,

Pour la même raison, fur le Rivage enflez.

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Au plus grand Diametre, où la Course eft plus lente, Le Tourbillon terreftre en circulant toujours

Laiffe aux Eaux reprendre leur

pente,

La Mer rentre en fon Lit, les Fleuves ont leur Cours.

Les Eaux ainfi diversement chaffées,

Sont deux fois chaque Jour fix heures à hauffer,
Et deux fois elles font fix heures à baiffer,
Tantôt libres, tantôt forcées.

Et ce qui marque enfin ce Rapport, ces Concerts De la Lune avec l'Air, de l'Air avec les Mers,

que

C'est la Lune entre les deux Tropiques
Preffant le vafte fein des Ondes Atlantiques,

Elle y fait commencer ce long bouillonnement,
Ce general Soulevement,

>

Qui dans tout l'Ocean étendent les Marées,
Par deux fois chaque Jour toujours réiterées.
Les Eaux gliffent delà vers le Sud, vers le Nort,
Et font, ou plus, ou moins reffentir leur effort,
Selon que par les bords elles font refferrées.

ရာ

D'une heure chaque Jour le Flux doit retarder, Parcequ'avec la Lune il fe doit accorder.

La Planete fe meut du côté de l'Aurore
De treize degrez en un Jour,

Et quand la Terre a fait fon tour,
Il faut qu'elle s'avance encore
Vis-à-vis de la Lune, en ce même degré,
Où de fon Tourbillon le Chemin eft ferré
Ce qui regle la difference

;

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La Mer croît davantage au-deffus de fes bords
Aux Lunes pleines & nouvelles ;

Dans l'Equinoxe enfin font fes plus grands efforts:
C'est que dans tous ces temps, par des Regles fidelles,
Il fe fait fur les Eaux des preffemens plus forts,
L'Aftre les fait fur l'Air, enfuite l'Air fur Elles,
Et l'on ne void jamais démentir ces Accords.
ရာ

Les Aftres qui fur nous exercent leur Puiffance, Ne nous agitent point par des Traits inconnus;

Occultes Qualitez, & fecrete Influence

Sont des Noms dont l'Erreur nous avoit prévenus;
Et faifoit reverer une vaine Science.

On fçait par quels moyens les Corps fuperieurs
Ont le pouvoir d'agir fur les inferieurs.
Ce font impulfions, tantôt plus ou moins vives,
Dont les atteintes fucceffives,

Dans la Maffe des Elemens

Font naître tour à tour fes divers changemens. **

Et

Comme le Monde eft plein, loin que la plenitude
S'oppose au mouvement des Corps,

Elle fait de tous leurs Accords

La conftante Viciffitude;

par là tout Corps meu doit avec certitude Sur d'autres Corps voifins déployer ses efforts. L'impreffion de l'un fur le fuivant s'applique; C'est toujours un Reffort à quelque autre enchaîné, De près, de loin le Tout fe communique,

Par une même Roue inceffament tourné;

Un Corps en pouffe un autre, & jamais ne l'attire.
Dans cette grande Montre enfemble tout confpire
A l'uniforme Mouvement

Qui fait de l'Univers l'Ordre, & le Reglement.

DE

DE LA MATIERE SUBTILE.

SI, parmi tous les Corps le Vuide est impoffible,

Et

Une Matiere aux Sens imperceptible,

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que fon Mouvement introduit en tous Lieux
Cause tous les effets qui furprennent nos yeux,
Or la Crainte du Vuide est un Nom inutile,
Puisque l'Experience a sçu nous démontrer
Que tous Corps font poreux, & d'un accés facile,
A cette Matiere fubtile,

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Par l'Air qui fait Reffort, qu'on preffe, qu'on entasse
Reduit dans des Tuyaux en un petit efpace,
Nous decouvrirons clairement

Que de fes petits Corps la Structure invisible
Laiffe quelque Intervale à d'autres accessible.*
On void par ce Reffort, & par ce Preffement,
Que les pores de l'Air font pleins d'une Matiere,
Près de qui la fienne eft groffiere;

Matiere qui fe meut, qui vole inceffament,
Et qui prompte à changer fes petites figures,
De tous les autres Corps remplit exactement
Les inégales Ouvertures,

H

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