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Une voix qui m'anime, un rayon qui m'éclaire,
M'inspirent des transports preffans.

J'entreprens d'expliquer par de nouveaux Accens,
Les Principes cachez du Monde élementaire
Ce que font les Efprits, ou les Etres penfans,
Et comment les objets peuvent toucher nos Sens.
Par quelles actions fi fubtiles, fi fortes

En tant de differentes fortes.

Notre Ame fe fent émouvoir.

Je croi déveloper la fecrete tiffure

Des Ouvrages de la Nature,

Et montrer à l'Esprit ce que l'œil ne peut voir.

DE L'ORIGINE DU MONDE.

Dès le premier moment que notre œil examine

Tous ces Objets dont nous voulons juger,
Nous avons en fecret à nous interroger,
Quel eft cet Univers, quelle en eft l'Origine,

Et par qui dans cet ordre il a pû se ranger?
fe
Sans recourir d'abord aux Oracles fuprêmes
Pour découvrir la Verité,

De l'humaine raison employons la Clarté.
Elle vient proposer le plus grand des Problêmes;
Comment eft né le monde ? a-t-il toujours été ?

ရာ

Des deux côtez l'Esprit balance,

Quand il faut difputer avec l'Antiquité,

A

Ou fi ce Monde a pris naiffance,

Ou s'il étoit de toute Eternité ?

Cet Examen fi long-tems agité

paru

des Humains paffer la connoiffance.

ရာ

Notre Efprit trop borné travaillera fans fruit
de rien un Etre foit produit;

A prouver que

Soudain à ce penfer la Raison se rebelle.

Mais cet Esprit fuperbe, employant tous les foins

Réuffira fans doute encore moins

A concevoir des corps l'Origine immortelle.

ရာ

Ces deux partis nous font offerts.

Il faut, ou qu'une Cause active, intelligente,
Par fa force toute-puiffante,

Ait tiré du néant & formé l'Univers;
Ou qu'un Cahos obfcur, une Maffe pefante,
Dans fa confufion de tout temps existante,
Ait reçu du Hafard fes ornemens divers.
Mais enfin ce Cahos & cette Maffe obfcure,
Source & commencement de toute la Nature,
De fon Etat confus qui l'a donc fait fortir?
Quoi donc s'eft-il produit, s'eft-il créé lui-même ?
D'un pouvoir éternel l'irons-nous revêtir ?
Jamais notre raison peut-elle y confentir ?

မျာ

De particules de Matiere,

Sans un Principe actif le Monde eft-il formé ? Comment, fans employer une Caufe premiere, Le Mouvement au Corps fera-t-il imprimé ?

ရာ

Etrange aveuglement qui fait dire à Spinoze Que la Matiere & Dieu font une même chofe ! Ce grand Corps agité, mais tout materiel, Animé par lui-même eft l'Etre univerfel;

Son ordre eft tout ensemble & l'Effet & la Caufe;

Il est toujours Mobile & Moteur éternel,

La Matiere, l'Intelligence

Sont confondus dans cette maffe immense. Là le Corps eft Efprit, l'Efprit eft corporel!

Pourroit-on foutenir cette Erreur insensée ?
Il faut du mouvement diftinguer le Moteur,
L'ordre, l'arrangement fuppofent leur Auteur,
Aucune œuvre jamais ne fera commencée
Sans l'Ouvrier qui l'aura devancée.
Et quand elle paroît, n'eft-il pas évident
Qu'elle fuivoit un ordre antecedent?
Dans l'Efprit fouverain cet Ouvrage confifte
De fes materiaux il faut le feparer.

Le Spectacle paroît, allons au Machinifte.

Qu'on y doit reconnoître, & qu'on doit admirer.

ရာ

Tant de difficultez, dont ne peut fe défendre
Notre efprit foible & limité,

.

Viennent de ne pouvoir comprendre

Les Attributs de la Divinité.

Mais quand on avoueroit que l'éternel Principe,
Sans le bien concevoir, d'abord eft fuppofé,

Toute l'incertitude à la fin fe diffipe;

Des Etres jufqu'à lui le progrès eft aisé.

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Un Corps doit en mouvoir un autre qu'il rencontre,

Et toujours l'un par l'autre eft mû pareillement. Retrogradez toujours; la Raifon vous démontre, Que nul Corps n'a de foi ce premier mouvement. Donc fi le Mouvement peut devenir poffible, C'eft de l'Esprit moteur une preuve infaillible. Vers lui par ces degrez l'on fe peut élever;

Les Sens & la Raifon nous le feront trouver.

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