Une voix qui m'anime, un rayon qui m'éclaire, J'entreprens d'expliquer par de nouveaux Accens, En tant de differentes fortes. Notre Ame fe fent émouvoir. Je croi déveloper la fecrete tiffure Des Ouvrages de la Nature, Et montrer à l'Esprit ce que l'œil ne peut voir. น DE L'ORIGINE DU MONDE. Dès le premier moment que notre œil examine Tous ces Objets dont nous voulons juger, Et par qui dans cet ordre il a pû se ranger? De l'humaine raison employons la Clarté. ရာ Des deux côtez l'Esprit balance, Quand il faut difputer avec l'Antiquité, A Ou fi ce Monde a pris naiffance, Ou s'il étoit de toute Eternité ? Cet Examen fi long-tems agité paru des Humains paffer la connoiffance. ရာ Notre Efprit trop borné travaillera fans fruit A prouver que Soudain à ce penfer la Raison se rebelle. Mais cet Esprit fuperbe, employant tous les foins Réuffira fans doute encore moins A concevoir des corps l'Origine immortelle. ရာ Ces deux partis nous font offerts. Il faut, ou qu'une Cause active, intelligente, Ait tiré du néant & formé l'Univers; မျာ De particules de Matiere, Sans un Principe actif le Monde eft-il formé ? Comment, fans employer une Caufe premiere, Le Mouvement au Corps fera-t-il imprimé ? ရာ Etrange aveuglement qui fait dire à Spinoze Que la Matiere & Dieu font une même chofe ! Ce grand Corps agité, mais tout materiel, Animé par lui-même eft l'Etre univerfel; Son ordre eft tout ensemble & l'Effet & la Caufe; Il est toujours Mobile & Moteur éternel, La Matiere, l'Intelligence Sont confondus dans cette maffe immense. Là le Corps eft Efprit, l'Efprit eft corporel! Pourroit-on foutenir cette Erreur insensée ? Le Spectacle paroît, allons au Machinifte. Qu'on y doit reconnoître, & qu'on doit admirer. ရာ Tant de difficultez, dont ne peut fe défendre . Viennent de ne pouvoir comprendre Les Attributs de la Divinité. Mais quand on avoueroit que l'éternel Principe, Toute l'incertitude à la fin fe diffipe; Des Etres jufqu'à lui le progrès eft aisé. Un Corps doit en mouvoir un autre qu'il rencontre, Et toujours l'un par l'autre eft mû pareillement. Retrogradez toujours; la Raifon vous démontre, Que nul Corps n'a de foi ce premier mouvement. Donc fi le Mouvement peut devenir poffible, C'eft de l'Esprit moteur une preuve infaillible. Vers lui par ces degrez l'on fe peut élever; Les Sens & la Raifon nous le feront trouver. |