DE L'ESPRIT ET DU CORPS. LORSQU RSQUE par des Loix fi conftantes L'Univers nous fait voir tant de faces changeantes, Le fouverain Auteur en cache les Refforts. Où notre Etude avec peine s'applique, D'abord, comme un amas d'inconnus Caracteres, Tous ces Objets pour nous font des Chiffres couverts Qu'un Systême foit fimple & rempli de clarté La Conjecture alors fe change en Affurance; Avant que de pouvoir définir aucun Etre, C'est le nôtre, c'est Nous que nous devons connoître, Afin de démêler cet Accord merveilleux De ce qu'ils font en Nous, de ce qu'ils font en Eux. Il faut donc commencer de nouvelles revûes; Examiner de près dans la meure faison Les chofes, que notre Raifon Croyoit dans la Jeuneffe avoir le mieux connues. De tout ce que nos Sens ont ရာ nous rapporter. Hommes faits, fuppofons que nous venons de naître. La charmante voix des Oifeaux ! J'ignore tout, & rien ne m'eft connû! Qui fuis-je ? Où fuis-je ? Et d'où fuis-je venu? Pofez qu'un Jupiter ait par le Dieu des fonges On peut trouver le Vrai, l'Esprit en est frappé ; Des Illufions fantastiques Viennent à mon Efprit fe montrer fous des traits Mais douter, c'eft penfer ; je doute; donc je pense." que nous fommes. Premiere Verité que connoiffent les hommes; ရာ Ce Principe fecret qui m'inftruit de mon Etre, Eft ce que nous nommons notre Ame, notre Esprit. 1 Jufques à ce moment de quelle erreur extrême Nous avons été prévenus, ; En croyant que ရာ Mais ne nous bornons pas à la feule Existence. Puifque notre Ame eft nous, que c'eft nous qui penfons, Par cette Raifon même auffi nous connoiffons Que l'Ame, la Pensée est notre propre Effence. ရာ Avant que le Corps même ait nos attentions, Que celle-ci n'ait devancée. Si dérangeant ces Notions, Sans nous bien obferver, d'abord nous prononcions Cette Décifion feroit trop temeraire. A découvrir fon Etre ainfi l'Ame commence. Mais enfuite attentive aux Objets du dehors, Trouvant qu'elle est toujours émûe à leur presence, De ces Objets divers que nous nommons des Corps. Par des Sujets étrangers & fenfibles, Ils frapent notre Corps par des traits corporels. ་ C'eft Matiere, Corps, Etendue. En ce qu'il donne aux Sens, notre Efprit eft trompé. Connoîtroit-il ces Corps dont il eft fi frapé, Si ce n'étoit les Penfées, par A leur occafion fans relâche exercées ? Notre Corps même ainfi par l'Ame eft apperçû. Un délicat Organe inceffament émû Qui des Sens lui donne l'Usage. Elle voit c'eft lui qui par que Nous lie & nous attache à toute la Nature; Il fert au Sentiment par fa rare Structure; |