Avec rapidité. Mais quand elle est mal allumée Et qu'elle fe meut lentement, Le Corps brûlé s'exhale en des flots de fumée, Qui dans l'Air obfcurci perdent leur Mouvement. ; Au temps que la Chaleur dans l'Air est répandue, Le Feu s'y fait des chemins plus aisez Ainfi pendant l'Eté, des Buchers embrafez La Flâme eft moins active étant plus étendue. Mais lorsque l'Aquilon vient des Antres du Nort, Soufler d'un violent effort Fait Les noirs Frimats, & la Gelée, que l'ardeur du Feu nous semble redoublée; Il gronde, il s'élance, il petille, Il luit, il étincelle, il brille; Et fa Chaleur alors devient l'heureux secours, S'il eft des Feux brillans par des Clartez si vives, Il eft auffi des Feux en fecret renfermez; Des Corps qui fans jamais nous paroître allumez, Nous font fentir des Chaleurs exceffives. Mêlant un Corps liquide où regne la Froideur, Avec un autre Corps liquide En qui le même Froid réside, Ils s'embrasent tous deux d'une foudaine ardeur. Quand cet Objet vient nous furprendre, Et que ces deux Liqueurs, froides feparément, se prendre, Ainfi qu'une Matiere où le Feu peut D'elles-mêmes en un moment S'échauffent, s'enflent, & bouillonnent D'où peuvent leur venir ces Feux qui nous étonnent ? L'un parmi l'autre agitez vivement, Caufent dans les Liqueurs ce promt embrasement. Ces Raifons la Chaux font encore apparentes, Ses petits Grumeaux calcinez, Et cet Exemple apprend ce qui doit arriver Lorfqu'en ces Souterains il fe pourra trouver Des Tuyaux trop ferrez, & des Sources coulantes. Dont nous voyons avec étonnement La Chaleur, la Fumée, & le Bouillonnement. Dans les Conduits fecrets des Arteres, des Veines, Viennent les Fermentations, Nous fentions des Chaleurs douces, vivifiantes, Ses mouvemens donnoient la Force, & la Santé. Quand un aigre Levain, par des Obstructions, Que du Sang épaiffi les flots font emportez De l'Obstacle plus irritez: Alors dans le Cerveau, dans le Cœur agitez, Par leurs Secouffes violentes, Ces Ardeurs, ces Bouillons, ces Feux font excitez. LE CORPS CHAUD eft formé de parcelles agiles LE CORPS FROID, fon contraire, eft fur ce fondement Le Marbre, froid de fa Nature, Et dont chaque parcelle eft dans un plein repos ; L'Eau froide introduifant fes Anguilles gliffantes Dans les pores ouverts des Matieres brûlantes, Fait que les Corps de Feu ne peuvent s'y mouvoir, Et par là de l'éteindre elle aura le pouvoir. Le Froid procede encor d'un Mouvement contraire A celui qui fait la Chaleur; Celui-ci vient du Circulaire, Et le direct peut caufer la Froideur. C'est ce que nous voyons. Lorsque le Vent de l'Ourse Sur nos Champs désolez a pris fa triste course; Suit ce rapide Mouvement, Nous pouvons appliquer à cette Verité Dans une ingenieuse Fable. Un Voyageur, preffé du Froid & de la Faim, Pour refroidir les Mets brûlans. Le Satyre ignorant que ce Spectacle touche, Au lieu qu'élançant l'Air de fes poumons pressez, |