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point donné l'exclufion aux autres connoiffances. Il fit, en présence des cardinaux de la congrégation des eaux, quantité d'expériences qui appartenoient à cette matiere, & qui entroient en preuve de ce qu'il prétendoit, & il y apporta cette même exactitude, dont on ne l'auroit cru capable que pour le ciel. Auffi le fénat de Boulogne crut-il lui devoir, pour récompense, la furintendance des eaux de l'état, charge dont nous avons déja parlé dans l'éloge de M. Guglielmini (1). Elle le mit en relation d'affaires avec plufieurs cardidinaux, & fit connoître que, quoique grand mathématicien, il étoit encore homme de beaucoup d'efprit avec les autres

hommes.

En 1663, dom Mario Chichi, frere d'Alexandre VII, général de la SainteEglife, lui donna la furintendance des fortifications du fort Urbain, à laquelle il n'eût jamais penfé. Il fe trouva donc tout d'un coup transporté à une fcience militaire ; il s'attacha à réparer les anciens

(1) Voyez l'Hift. de 1710, p. 154.

Tome II.

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ouvrages de fa place, & à en faire de nouveaux; mais au milieu de ces occupations, il lui échappoit toujours quelques regards vers les aftres.

Il a été parlé en 1703, dans l'éloge de M. Viviani, (p. 141 & fuiv.) du différend qui furvint entre Alexandre VII & le grand duc de Tofcane fur les eaux de la Chiana, & de la part qu'eut M. Caffini à cette affaire. Le Pape, qui l'avoit demandé au fénat de Boulogne pour l'y employer, fit écrire à ce fénat par le cardinal Rofpigliofi, depuis Clément IX, qu'il avoit pris pour lui une cftime particuliere, & qu'il étoit dans le deffein de fe l'attacher fans qu'il perdît rien de ce qu'il avoit à Boulogne. En effet, ce pape le faifoit venir fouvent auprès de lui pour l'entendre parler fur les fciences, & il lui promit des avantages confidérables s'il vouloit embraffer l'état eccléfiaftique, auquel il le jugeoit bien difpofé par la droiture & la pureté de fes moeurs. La tentation étoit délicate Italie un eccléfiaftique favant peut parvenir à un rang, où il prétendra qu'à peine les rois feront au-deffus de lui; il n'y a nulle

en

autre condition fufceptible de fi grandes récompenfes ; mais M. Caffini ne s'y fentoit point appellé, & la même piété qui le rendoit digne d'entrer dans l'églife, l'en empêcha.

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A la fin de 1664, il parut une comete qu'il obferva à Rome dans le palais Chigi, en préfence de la reine de Suede, qui quelquefois obfervoit elle-même, & facrifioit fes nuits à cette curiofité. Il fe fia tellement à fon fyftême des cometes qu'après les deux premieres obfervations qui furent la nuit du 17 au 18 décembre & la nuit fuivante, il traça hardiment à la reine fur le globe célefte la route que cellelà devoit tenir; après une quatrieme, qui fut le 22, il affura qu'elle n'étoit pas encore dans fa plus grande proximité de la terre; le 23 il ofa prédire qu'elle y arriveroit le 29, & quoiqu'alors elle furpaffât la lune en viteffe, & femblât devoir faire le tour du ciel en peu de tenis, qu'elle s'arrêteroit dans aries n'étoit guere éloignée que de deux fignes, & qu'après qu'elle y auroit été ftationnaire, fon mouvement y deviendroit rétrograde

il avança

dont elle

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par rapport à la direction qu'il avoit eue. Ces prédictions trouverent quantité d'incrédules, qui foutinrent que la comete échapperoit à l'astronome, & l'espérerent jusqu'au bout; après quoi, quand ils virent qu'elle lui avoit été parfaitement soumise, ils firent comme elle un mouvement en arriere, & dirent qu'il n'y avoit rien de fi facile que ce qu'avoit fait M. Caffini.

Il en parut une feconde au mois d'avril 1665. Il fe prépara à en donner promptement un calcul ou une table qui confirmât ce qu'il avoit fait fur la précédente. Quelques uns de fes incrédules fe changerent en imitateurs, mais malheureux. Ils voulurent auffi former des fyftêmes, & ils prétendirent que la nouvelle comete étoit la même que l'autre, mais l'obfervation les démentit trop. Pour lui, huit ou dix jours après la premiere apparition, il publia fa table, où la comete étoit calculée comme l'auroit pu être une ancienne planete. Il imprima auffi à Rome, la même année, un traité latin fur la théorie de ces deux cometes, dédié à la reine de Suede, & quelques lettres italiennes adreffées à l'abbé

Ottavio Falconieri. Il y découvre entiérement fon fecret, tel que nous l'avons expofé en abrégé dans les hiftoires de 1706, (p. 104 & fuiv. ) & de 1708, (p. 98 & fuiv.)

La reine de Suede, ayant reçu de France une éphéméride du mouvement de la premiere comete, qu'avoit faite M. Auzout, très-profond mathématicien, & habile ob fervateur, & l'ayant communiquée à M. Caffini, il y reconnut au travers de quelques déguisemens affectés, cette même hypothefe, dont il s'étoit fervi avec des fuccès fi brillans. Il en écrivit à la reine & à l'abbé Falconieri avec une joie que l'on fent bien qui eft fincere ; il ne fut touché que de voir la vérité de son systême confirmée par cette conformité, & non de ce que la gloire en pouvoit être partagée. Ce fyftême le conduifoit à croire que les mêmes cometes pouvoient reparoître après certains tems; auffi avons-nous rapporté d'après lui dans les hiftoires de 1699, (p. 72 & fuiv.) de 1702, (p. 63 & fuiv.) & de 1706, (p. 104 & fuiv. ) tout ce qui peut

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