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voyage étoit d'obferver à Cayenne la parallaxe de Mars, alors fort proche de la terre, tandis que M. Caffini & les autres aftronomes de l'académie l'observoient ici. Cette méthode d'avoir les parallaxes par des obfervations, faites dans le même tems en des lieux éloignés, eft l'ancienne; mais M. Caffini en imagina une autre, où un feul obfervateur fuffit, parce qu'une étoile fixe tient lieu d'un fecond. M. Wifton, célebre aftronome Anglois a dit que cette idée avoit quelque chofe de miraculeux.

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Ces deux méthodes concoururent à donner la même parallaxe de Mars, d'où s'enfuivoit celle du foleil. Après une longue incertitude, elle fut déterminée à dix fecondes, & par conféquent il n'y a plus lieu de douter que le foleil ne foit au moins à trente-trois millions de lieues de la terre, beaucoup au-delà de ce qu'on avoit jamais cru. Toutes les diftances des autres planetes en font auffi augmentées à proportion, & les bornes de notre tourbillon fort reculées.

Au mois de décembre 1680, il parut

une comete qui a été fameufe. M. Caffini, ne l'ayant obfervée qu'une fois, prédit au roi, en préfence de toute la cour qu'elle fuivroit la même route qu'une autre comete, obfervée par Tycho - Brahé en 1577. C'étoit une efpece de destinée pour lui, que de faire ces fortes de prédictions à des têtes couronnées. Ce qui le rendit fi hardi fur une obfervation unique c'est qu'il avoit remarqué que la plupart des cometes, foit de celles qu'il avoit vues, foit de celles qui l'avoient été par d'autres aftronomes, avoient dans le ciel un chemin particulier, qu'il appelloit par cette raison le zodiaque des cometes; & comme celle de 1680 fe trouva dans ce zodiaque, ainfi que celle de 1577, il crut qu'elle le fuivroit, & elle le fuivit.

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En 1683, il apperçut pour la premiere fois dans le zodiaque une lumiere, qui peut-être avoit déja été vue, quoique très-rarement, mais qui, en ce cas-là, n'avoit été prise que pour un phénomene paffager, & par conféquent n'avoit point été fuivie. Pour lui, il conjectura d'abord par les circonftances de cette nouvelle lumiere, qu'elle pouvoit

être d'une nature durable; il en ébaucha une théorie, qui lui apprenoit le tems où elle pouvoit teparoître dégagée des crépuscules, avec lesquels elle fe confond le plus fouvent, & il trouva dans la fuite qu'elle pouvoit être renvoyée à nos yeux par une matiere que le foleil poufferoit hors de lui, beaucoup au-delà de l'orbite de Vénus, & dont il feroit enveloppé jufqu'à cette distance. Comme cette lumiere n'eft pas toujours vifible dans les tems où elle devroit l'être, il paroît que cet écoulement de matiere doit être inégal & irrégulier, ainfi que la production des taches du foleil. Ce phénomene fut obfervé depuis en divers lieux, & inême aux Indes orientales. Si M. Caffini n'eft pas le premier qui l'ait vu, du moins il eft le premier qui ait appris aux autres à le voir, & qui lui ait attiré l'attention qu'il méritoit. Il y a plus; il avoit jugé dès le commencement, que fi cette lumiere pouvoit être vue en préfence du foleil, elle lui feroit une chevelure, c'étoit une fuite de fon fyftême; & peut-être ne fongeoit-il pas lui-même qu'elle pût ja

mais être vérifiée. En 1706 (1), qu'il y eut une éclipse de soleil, on vit, dans les lieux où elle fut totale, une chevelure lumineufe autour de cet aftre, telle précisément que M. Caffini l'avoit prédite, & qui, à moins que d'être celle qu'il avoit prédite, étoit inexplicable.

En 1684, il mit la derniere main au monde de Saturne qui étoit demeuré fort imparfait. M. Huiguens, en 1655, avoit découvert à cette planete un fatellite, qui fut long-tems le feul, & depuis s'eft trouvé n'être que le quatrieme, à les compter depuis Saturne. En 1671, M. Caffini découvrit le troifieme & le cinquieme, & acheva de s'en affurer en 1673. Enfin, en 84 il découvrit le premier & le fecond, après quoi on n'en a plus trouvé. Ces découvertes demandent une grande fubtilité d'observation, & une précision extrême ; témoin l'erreur où tomba le perc Rheita, habile d'ailleurs, qui prit de petites étoiles fixes pour de nouveaux fatellites de Jupiter, & voulut en faire fa cour à Urbain VIII, en les nommant aftres Urba

(1) Voyez l'Hift, de 1706, p. 118 & 119.

noctaviens 9

nom malheureux, & qui ne pouvoit guere réuffir, quand même les` fatellites auroient fubfifté. Ceux de Saturne ont paru dignes que l'on en ait frappé une médaille dans l'hiftoire du roi, avec cette légende Saturni fatellites primum cogniti.

Voici un événement d'une efpece plus finguliere que tous les autres. M. de la Loubere, ambaffadeur du roi à Siam en 1687, ayant étudié ce pays-là en philofophe & en favant, autant que le lui permit fon peu de féjour, en rapporta une méthode qui s'y pratique, de calculer les mouvemens du foleil & de la lune. Ce n'eft point par des tables à notre maniere ; c'est par de fimples additions ou fouftractions multiplications ou divifions de certains nombres, dont on ne voit prefque jamais aucun rapport aux mouvemens céleftes, dont les noms barbares & inconnus augmentent encore l'horreur du calcul. Tout y eft dans une confufion & dans une obfcurité qui paroît affectée, & pourroit bien l'être en effet, car le mystere est un des apanages de la barbaric. M. de la Lou

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