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que de bien aux Ruffes. Plufieurs fois ils enlevèrent aux Turcs leurs vivres & leurs munitions, leurs chevaux & leur bétail, & les amenèrent au camp des Ruffes. La connoiffance des langues turque & tartare les rendit doublement utiles. Elle les mit en état d'efpioner l'ennemi, de découvrir l'état de fes troupes, & de donner aux généraux les avis les plus sûrs. L'impératrice, flattée de leur fidelité, les récompenfa magnifiquement. Elle leur accorda de l'argent, des provifions & des diftinctions honorables, & leur fit payer une fomme pour aller à la découverte.

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Les Cofaques Saporogues vécurent 1764. ainfi dans la meilleure intelligence avec la Ruffie, depuis le règne d'Anne jusqu'à celui de l'impératrice actuelle, qui en (1764, abolit la dignité de hettman deș Cofaques de l'Ukraine conférée par l'impératrice Elifabeth à Cyrille, comte de Rafumofski. Celui-ci fut obligé de renoncer à cette charge, & de fe con Tome I.

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1768.

tenter des revenus dont on le laiffa jouir jufqu'à fa mort. A cette charge fuppri mée, l'impératrice fubftitua une commiffion composée de huit membres. Lorfqu'en 1768, Mustapha

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fultan

turc fit la guerre à la Ruffie pour foutenir la Pologne, les Cofaques-Saporogues fe font encore bien montrés fur - tout lorfqu'ils avoient affaire aux Turcs, leurs anciens & implacables ennemis intrépides, feconds en rufes, ils trompoient l'ennemi, le harceloient, lui détruifoient ou enlevoient fes magasins : mais tout cela, au lieu de leur gagner la confiance & l'affection de la cour de

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Ruffie, fervit à accélérer leur ruine plutôt qu'on n'avoit projetté. Dès qu'ils eurent affoibli les Turcs, & qu'ils les eurent obligés de faire la paix de Kainardge, fi glorieufe pour les Ruffes, ceux-ci ne fongèrent plus qu'à l'anéantiffement de ceux qui avoient le plus contribué à leurs fuccès. Nous allons détailler cet évènement dans le chapitre fuivant.

CHAPITRE XX.

De l'anéantissement des Cofaques-
Saporogues.

L'ABOLITION de la charge de hettman des Cofaques, l'érection faite en 1765 de la nouvelle Servie en gouvernement, l'ordre donné en 1767 au gouverneur de la Petite - Ruffie, d'envoyer des députés de tous les corps, villes & villages de fon gouvernement pour la formation d'un nouveau code de loix, la diminution de la liberté des payfans de l'Ukraine, l'impôt d'un rouble à lever fur chaque feu dans la Petite - Ruffie, la permiffion accordée aux gentilshommes de la GrandeRuffie d'acheter des terres dans la Petite, & à ceux de la Petite d'en acheter dans la Grande, les efforts fi fouvent renouvellés inutilement pour obliger les Cofaques - Saporogues à vivre mariés & en fociété régulière, le deffein formé par le

collége de

guerre

à Saint-Pétersbourg,

lorfque la milice manqua pendant la dernière guerre, d'enrégimenter les Saporogues, voilà les principales caufes qui firent naître entre les Cofaques & la cour de Ruffie les brouilleries qui ont été fuivies de la deftruction de la fetfche des Cofaques-Saporogues, & d'un très-grand mécontentement parmi le refte des Cofaques de la Petite-Ruffié.

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Les auteurs de la fameufe révolution qui précipita Pierre III du trône de Ruffie, craignant de voir manquer leur projet, voulurent s'affurer des régimens des Gardes qui étoient à Saint-Pétersbourg. Ceux de Préobrafchfenski & de Semenofski avoient déjà prêté foi & hommage. Celui d'Ismailoft, dont le chef étoit le cómte de Rafumofski, hettman des Cofaques, reftoit indécis fur le parti qu'il devoit prendre. Ce retardement fournit aux ennemis du comte une belle occafion de lui nuire. Tandis que l'impératrice, actuellement régnante, écartoit

avec foin tous ceux qui pouvoient s'oppofer à la révolution qu'elle prépa¬ roit, on lui donna de l'ombrage du comte Rafumofski, & on lui confeilla de lui ôter fa charge de hettman, qui le rendoit trop puiffant & trop à craindre. Ce confeil fut caufe qu'un jour l'impératrice dit au comte Cyrille Gregorovitfch Rafumofski : Votre charge de hettman doit être affez lucrative, combien vous rapporte -t-elle par an? De foixante à cent mille roubles, répondit le comte. Eh bien feriez-vous fâché, reprit l'impératrice, que je vouluffe être hettman moi-même, & que fans diminuer le revenu, je vous déchargeaffe des foins qu'elle entraîne ? Rafumofski embarraffé, fut obligé de confentir répondit: Cela dépend de votre majesté. Dès ce moment la charge fut fupprimée. C'eft ainfi que les uns le racontent; d'autres difent que que la crainte du pouvoir du comte Rafumofski ne fut qu'un motif acceffoire, & que la vraie raison fut l'embarrasque

&

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