des conjectures. Il est vraisemblable de croire que Raimond II, Comte de Toulouse, abufant de la foibleffe du gouvernement, fous la minorité de Charles-le-fimple, & trouvant le Comté du Querci à fa bienféance, l'ufurpa, ainfi qu'il ufurpa plufieurs terres dans la Guienne, après avoir battu les Normands qui l'infeftoient, d'où il fe fit appeler Duc des Aquitains. Cette préfomption eft fondée fur l'hiftoire même qui nous apprend que déjà depuis quelque temps, à cette époque, ceux qui étoient pourvus de quelque gouvernement, fous le titre de Duc, Marquis & Comte, tenoient par héritage au préjudice du droit du Souverain, ce qu'ils ne poffédoient auparavant que par commiffion, donnant les moindres terres de leur juridiction à leurs confidens d'où font venus les Barons, Châtellains & autres petits Vaffaux.

III:

Quelles

Il paroît que la juridiction des anciens Comtes du Querci s'étendoit fur tout le pays connu toient leurs pof fous le nom de Querci; c'est-à-dire, qu'elle feffions? avoit pour limites le Limoufin, le Rouergue l'Auvergne, l'Agenois & le Périgord; ou pour mieux dire, leur juridiction embraffoit tout ce qui autrefois formoit le diocèfe de Cahors. A l'égard des poffeffions particulières qu'ils avoient en propre, & non comme Souve

rains, on peut s'en former une idée par la lecture des chartes rapportées dans le fecond volume (1). On y voit en particulier qu'ils étoient Seigneurs de la vicomté de Turenne, & qu'ils avoient la propriété d'un nombre confidérable de terres, puifqu'ils en difpofent librement par des teftamens ou des donations.

(1) Tom. 2, pag. 377 & fuivantes,

NOTE VII.

Refte-t-il des defcendans des anciens

Comtes.

ADHEMARUS, cinquième Comte du Querci, avoit pour frères Dragon, Robert, Gosbert, Bofon & Odolric. On en trouve la preuve évidente dans une conceffion de certaines terres affifes dans le Querci & dans le bas-Limoufin, faite en faveur de Saint Pierre de Beaulieu, par Gosbert & Bitburge fa femme, pour l'ame de Robert, fon père, de Bofon & d'Adhemarus, comme auffi d'Odolric & de Robert fes frères: Ila vero omnia, eft-il dit, dans cet acte (1, fupra confcripta, feu prænominata Deo Salvatori omnium & Sancto Petro offerimus in ftipendia vel ufum Monachorum, pro animis noftris & anima patris noftri Roberti, &

animabus fratrum noftrorum Bofoni & Adhemari, nec non etiam Odolrici feu & Roberti; & animis nepotis noftri Bofoni, verùm etiam & Joannis, ut ante tribunal ætérni judicis veniam

(1) Extrait du Cartulaire de l'Abbaye de Beaulica

mereamur adipifci.... Signum Gesberti & uxoris jus Bitburgis qui ceffionem iftam fieri vel affirmare rogaverunt, &c.

Ces quatre frères d'Adhemar, Gosbert, Bofon, Odolric & Robert ont dû former différentes branches. Flotard, qui prend la qualité de Vicomte de Cahors, étoit d'une de ces branches, puifque dans la donation qu'il fait avec Aldebergue fa femme, à l'Abbaye de Beaulieu, il appelle Odolric fon père: In Chrifti nomine, dit-il dans cet acte, go Frotardus Vice-comes Caturcorum Civitatis, nec non & conjux mea Adalgerga.... hujus fæculi fragilitatem confiderantes & de mifericordia æterni judicis confidentes, cedimus ad Monafterium qui vocatar Bellus-locus.... pro animabus fcilicet noftris, fen

& pro anima Odolrici patris mei, & pro falute Behedrudis genitricis mea; hoc eft manfos noftros tres qui funt in Comitatu Caturcino, &c. ( I ).

Les Vicomtes de Cahors fe retrouvent, en effet, après cette époque, dans l'hiftoire. Le roman de Jean de Seintré, compofé du temps de Charles V, fur le voyage des Chevaliers Français en Pruffe, en faveur de l'ordre Teutonique, nous apprend qu'outre les Seigneurs de la Marche d'Aquitaine, qui avoient ban

(1) Vid, tom, 2, pag. 411 & 41%.

nière,

nière, le Vicomte de Cahors étoit le quatrième, qu'il portoit de fable à trois Lions d'argent, & crioit Cahors. Il reste un monument qui fait préfumer que les Vicomtes de Cahors ont exifté long-temps. On voit au-deffus de la grande porte de l'églife Cathédrale de cette ville, dans deux petites niches, deux ftatues avec des couronnes ducales fur la tête, qu'on croit affez communément être celles d'un Vicomte & de fa femme: or, la façade de cette églife ne paroît pas être extrêmement ancienne.

Il est vraisemblable que ces Vicomtes de Cahors prirent enfuite le nom de Cahors, comme les Vicomtes de Narbonne, prirent auffi celui de Narbonne. De là on pourroit croire que les Seigneurs de Chawors, en Angleterre, defcendoient des Vicomtes de Cahors, & avec d'autant plus de fondement, qu'un Hiftorien ( 1 ) dit expreffément que ces Seigneurs de Chawors tirent leur nom des Cadurciens, è Cadurcis in Gallia nomen.... deducunt; & pour éclaircir encore d'avantage fon affertion, il met à la marge: Chaworts, five de Cadurcis, Cahorfin, Querci

Il est encore fait mention dans du Tillet, en fon Recueil des traités entre les Rois de France & les Rois d'Angleterre, d'un hommage rendu

(1) Candenus in defcriptione Comitatus Wotimghamiæ.

Tome III.

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