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ANNO DOMINI M. SEXCENT. SEXAG. SEPTIMO, REGNANTE LUD. XIV. SEMPER AUGUSTO ET IN BELGIO

TRIUMPHANTE,

PRAFECTO REG. ARARII JOAN. BAPT, COLBERTO,
CLAUDIUS PELLOT

PER AQUITANIAM MISSUS DOMINICUS

HUNC PONTEM SINGULARIS STRUCTURE
FERÈ DIRUTUM RESTITUI

ET VIAM AD TARNI RIPAM PER INVIA

STERNI CURAVIT.

SIC UTILITATI URBIS CONSULTUM ET AMENITATI.

Cette infcription rappelle en même temps la mémoire du grand Colbert, à qui la France est redevable des progrès de fon commerce, & fixe l'époque de la guerre de Flandre, qui valut à la France ce qu'on appelle la Flandre françaife.

Les Montalbanois enivrés de leur bonheur naiffant, commençoient à peine à oublier leurs malheurs domeftiques, lorfqu'ils fe virent forcés de verfer des larmes commandées par le fentiment de la reconnoiffance. Pellot quitta l'Intendance de An. 1670. Montauban, emportant les regrets de tous les habitans, & laiffant pour fucceffeur Guillaume de Seve. Le Premier Président Auffonne paya bientôt après le tribut à la nature. Les Catholiques & les Calviniftes ne se regardant plus comme ennemis, parce qu'ils avoient une croyance oppofée, se réunirent pour pleurer la perte de ce Magiftrat, non moins recommandable dans fa vie privée & dans le com

An. 1674.

merce de la fociété, que dans l'exercice des diverfes fonctions que le Souverain lui avoit confiées. François. Jacques de Buiffon d'Auffonne fon fils, lui fuccéda dans la place de Premier Préfident à la Cour des Aides, dont il avoit déjà la furvivance.

La retraite de Pellot ne fit point perdre de vue à Bertier, le projet qu'ils avoient concerté pour les embelliffemens de Montauban. Ce Prélat, dont les vues étendues embraffoient, tout-à la fois, le bien public & les intérêts de la religion, convertit le fol de l'ancienne église cathédrale, qui ne préfentoit plus qu'un amas confus de décombres & de matériaux dispersés, en un jardin public, un des prodiges de la nature, par la beauté de fa fituation, & qui fixa l'attention d'un Monarque étranger, chaffé par fes fujets: Dieu peut faire de plus belles chofes, s'écria Jacques II, en voyant ce jardin, mais il ne l'a point fait. Bertier transporta auprès fur un terrain inféodé par le Chapitre en 1660, le Séminaire de fon diocèfe, qu'il avoit établi en 1655 à Caftelfer

fous la direction des Prêtres de Saint Lazare, & commença de bâtir le palais épifcopal fur les mafures de l'ancien château des Comtes de Touloufe. Sa mort l'empêcha d'achever ce fuperbe édifice, & d'exécuter le deffein qu'il avoit de conftruire une vafte église pour y raffembler les deux chapitres réunis par fes foins depuis l'année 1666. Il eut pour fucceffeur Jean-Baptiste-Michel Colbert, Confeiller-clerc au Parlement de Paris.

C'étoit alors le temps fortuné des victoires

éclatantes de la France, le fiècle des grand-hommes & le règne des arts. Louis XIV humilioit fes ennemis, confondoit fes rivaux, & fes peuples ne gémiffoient point encore fous le poids des malheurs que préfagent toujours les guerres, fignalées même par des fuccès & des triomphes. Habile à difcerner les efprits & attentif à les mettre en œuvre, les dignités, fous fon règne, furent prefque toujours le prix du mérite. Ceux qui en étoient revêtus, fidelles à fuivre l'impulfion du Souverain, ne les envisageoient point comme l'aliment de leur vanité; ils s'occupèrent du bien public & l'opérèrent.

Nicolas-Jofeph Foucault fuccéda à l'Intendant Denis Feydau de Brou, qui lui-même avoit fuccédé en mil fix cent foixante-treize à Guillaume de Seve. C'est à Foucault particulièrement que le Querci eft redevable de la renaissance des lettres & des arts. Le goût n'en étoit point abfolument éteint dans cette province. Les précieufes femences que l'Uni verfité de Cahors & l'Académie de Montauban en avoient jetées dans cette terre, jadis fi fertile en grands-hommes, n'étoient pas entièrement étouffées. Le goût furtout des Montalbanois pour les lettres n'eft point équivoque. Ils avoient depuis long-temps des Imprimeurs célébres, logés aux dépens même du public dans la tour de Lautié. Parmi ceux-là, Philippe Braconier & Samuel Dubois fe diftinguèrent, le premier, par la correction de fes ouvrages, & le fecond, par la beauté de fes édi

An. 1675.

tions, qui le difputent à celles du Louvre. Mais les troubles affreux auxquels ce pays avoit été en proie, avoient empêché ce germe heureux de fe développer, ou le forçoient de languir après fon développement. Foucault lui rendit la chaleur néceffaire, & le Querci groffira encore, dans les fiecles fuivans, le nombre des Savans, des Littérateurs & des Artiftes dont la France s'honore.

CHAPITRE II.

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Les Proteftans du Querci refufent d'entrer dans une fédition excitée dans la Guienne, à caufe des impôts Miffionnaires envoyés dans le Querci pour travailler à leur converfion. Fouilhac, favant Quercinois, eft du nombre. Emeute des Montalbanois appaisée. toine & François d'Hauteferre, illuftres Quer

cinois.

An

MALGRÉ les foins & les embarras qu'entraî

noit néceffairement avec elle une guerre longue & ruinenfe, le Gouvernement avoit fans ceffe les yeux ouverts fur les Proteftans. Quelques Catholiques, d'un zèle amer & violent, honorés de la confiance du Souverain, & peut-être trop accrédités pour le bonheur de la nation, ne ceffoient de repréfenter les Calviniftes comme des fujets factieux & tur

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bulens, impatiens de toute autorité par système, ennemis fecrets du trône qu'ils fappoient fourdement par d'indignes manoeuvres & de coupables intrigues, s'indignant des succès de la France & applaudiffant à fes revers, prêts à s'unir à fes ennemis pour confommer fa ruine totale, & à rentrer dans l'indépendance étroitement liée avec leur croyance.

Ce tableau invraisemblable & toujours outré en lui-même, étoit furtout alors injufte. Tous les Proteftans le difputèrent à l'envi aux Catholiques de zèle & d'attachement dans ces temps orageux, où la la France luttant, pour ainfi dire, contre l'Europe entière, & épuisée d'hommes & d'argent, fe vit forcée de recourir à des moyens extraordinaires pour fubvenir aux frais immenfes de la guerre. Les Proteftans du Querci en particulier, déplorant le funefte aveuglement de leurs pères, qui avoient cru devoir à leur religion d'arborer l'étendart de la révolte, fignalèrent, d'une manière authentique & digne d'éloge, leur attachement aux intérêts de l'état.

De nouveaux fubfides excitent de violens murmures dans la Guienne; on y prend les armes, la fédition éclate. Les Proteftans du Querci invités à y entrer, s'y refusèrent toujours conftamment avec une obftination patriotique qui dementoit avec éclat les couleurs odieufes & fauffes dont on les peignoit fans cellé. Ce monument authentique de leur fidélité inviolable auroit dû étouffer à ja

An. 1675.

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