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Capitaines, & creufe le tombeau d'une multitude confidérable d'hommes.

Le détail circonftancié de ce fiége rappelera une foule de citoyens que la conftance, l'activité & le courage fignalèrent. Heureux ces citoyens, fi leur inébranlable intrépidité eût été dirigée contre les ennemis de l'état, & non contre leur Souverain légitime!

INTRODUCTION

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INTRODUCTION

A L'HISTOIRE

DU SIÉGE

DE MONTAUBAN.

AVANT de tracer le tableau du Siége de Montauban, il eft effentiel d'en développer les caufes, de donner la def cription de cette ville, & de faire connoître l'ordre militaire, ainfi que les règlemens de police qui furent établis à cette occafion.

S. PREMIE R. Les caufes du Siége de Montauban.

IL eft rare qu'un Hiftorien, quand il s'agit de la religion, fe dépouille de fes

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préventions. I croiroit manquer à sa croyance, ou plutôt il craindroit d'encourir le blâme, s'il ne plioit tous les faits à fes opinions particulières. Comment avec de telles difpofitions, trop ordinaires dans ces circonftances, s'attendre à une hiftoire fidelle & fincère ? Auffi presque tous les Hiftoriens du Siége de Montauban portent avec eux le caractère odieux de la partialité & de la paffion. Les Ecrivains catholiques n'ont vû; dans toute la conduite de Louis XIII, qu'un zèle légitime & même indifpenfable, ils ont dépeint le calvinifme, comme ne refpirant que le trouble & l'anarchie. Les Ecrivains Proteftans n'ont vu dans des fujets révoltés, que vrais Machabées qui ont pris les armes pour venger le culte de leurs pères, devant préférer la caufe du Ciel à celle de leur Souverain, à qui ils reftoient toujours intérieurement fidelles & foumis. Tous ces tableaux font outrés. La religion s'immole, & ne cherche point à faire des victimes. Elle fervit de prétexte aux guerres civiles, qui fous Louis XIII affligèrent le

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royaume; mais l'ambition en fut le vrai motif. Les Chefs des Proteftans, intéreffés à exciter des troubles, femoient dans leur parti les craintes & les alarmes, groffiffoient les mauvais traitemens qu'ils recevoient, échauffoient la multitude en lui retraçant le culte de fes pères outragé, qu'elle devoit défendre au péril de fa vie, & fans être arrêtée par aucune confidération humaine. Les Chefs des Catholiques repréfentoient au Souverain les Proteftans, comme des membres dangereux dans un état, que l'on ne pouvoit réduire que par les humiliations & les opprobres, & en les dépouillant de leurs droits, de leurs priviléges, de leurs biens, de la qualité des citoyens & de leur liberté même. Il arriva même fouvent que les Chefs des deux partis, pour parvenir plus furement à leur but facrilége, faifoient adroitement gliffer, dans le parti contraire, des bruits propres à l'émeuter. Ces vents cependant, dit un Hiftorien, n'avoient encore élevé que quelques vagues que la prudence de ceux qui tenoient le timon des affaires,

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brifa incontinent; mais le voyage de Louis XIII en Béarn, forma l'orage. Les Gouverneurs furent dépoffédés des places fortes qu'ils occupoient, les Officiers de juftice fufpendus, les temples renverfés. Les Proteftans crurent alors leur ruine certaine. Les Montalbanois furtout, plus voifins des lieux où l'orage avoit éclaté, font en proie aux inquiétudes, reprennent le travail de leurs fortifications, fouvent interrompu, fe rendent à l'Affemblée politique, convoquée à Millaud par le Confeil de la province, où les Calvinistes prennent la réfolution de fe défendre. Louis XIII les déclare criminels de lèfe-Majefté, & fe met en marche pour les réduire.

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