s'étoit pofté en-deçà de la rivière, avec huit cents hommes de pied & cent chevaux pour protéger ces opérations, efcarmoucha avec les Montalbanois prefque tout le jour. Mais lorsque le pont fut détruit & l'artillerie embarquée, il prit fon chemin vers le Saula, & paffa la rivière d'Aveiron, au gué du moulin de Parazols, d'où il fe rendit auffi à Moiffac: Les Députés envoyés à Caftres étoient revenus portant avec eux les articles qui avoient été arrêtés. Bélujon les avoit dreffés, & le Duc de Rohan les avoit approuvés fous la condition qu'ils feroient agréés des Montalbanois. Ils contenoient en fubftance, « que les Affiégés demanderoient » pardon au Roi, & à être reçus à un >> nouveau ferment de fidélité pardevant » telle perfonne que Sa Majefté voudroit » commettre à cet effet, laquelle entre»roit dans la ville avec une fuite non » fufpecte, & avec pouvoir de confirmer tous les priviléges, franchises & exemp» tions des habitans; que pour marque de » soumiffion, on raferoit les cornes de la >> demi-lune & la contrefcarpe de Ville» bourbon dans trois mois, à compter du » jour du départ du Roi, qui feroit fupplié d'établir dans la ville un fiége pré» fidial avec un Prévôt & des Archers. * Ces articles lus dans le temple, ne furent pas généralement approuvés, quoique bien modérés & bien avantageux; l'idée de foumiffion révoltoit des têtes déjà exaltées. On envoya pourtant ces articles au Roi, qui y ajouta la démolition des bastions de Paillas & des Carmes, avec leur demilune. Les Montalbanois ne voulurent pas y confentir, & il ne donnèrent aucune réponse. Toute l'armée royale fe trouvant réunie au quartier de Villebourbon, le bruit fe répandit qu'elle devoit y hiverner & continuer le fiége. Afin d'éviter toute furprise, ce pofte fut promptement renforcé de plufieurs compagnies, & tous les braves de la ville s'y jetèrent. Cet avis étoit entière13Novem, ment faux. En effet, l'armée vida absolument les tranchées, & parut en bataille dans la plaine pendant qu'on brûloit le pont placé au-deffus de Sapiac. Plufieurs matériaux de ce pont échappèrent à l'incendie; ils furent la proie des Affiégés, qui eurent encore l'audace de pointer des canons à Montmirat fur l'armée, & de l'obliger à reculer. Le Roi quitta alors Montbeton, & l'armée, qui refta fous les armes jufqu'à la nuit, difparut le lendemain, laiffant les plus triftes marques de fon reffentiment par la deftruction & l'incendie de toutes les maifons & châteaux des environs; celui de Montbeton ne fut pas épargné. Ainfi finit ce Siége, l'un des plus mémorables de ce fiècle par fon iffue, après environ trois mois de tranchée ouverte. On ne s'arrêtera point à difcuter, ni à apprécier les fautes du Connétable, & des autres Généraux du Roi. On fe bornera à remarquer que tout fut digne de louange dans l'intérieur de la ville fi on confidére que ce qui a trait à la défenfe. Les plus fages précautions, les difpofitions les mieux entendues, la plus grande intiépidité dans les dangers, la bravoure la plus ne 14Novem. mefurée dans les différens combats, l'union conftante des citoyens de tous les ordres qui parurent toujours animés du même efprit, mériteroient les éloges de tous les âges, fi le principe & les motifs n'en avoient pas été abfolument condamnables. Qu'il est fâcheux que le fervice du Roi & la gloire de l'état n'en fuffent pas le mobile! Ces Montalbanois auroient été des Héros; ils ne furent que d'illuftres rebelles, malheureusement trop célébres. Tels font les fruits du fanatifme, Paré des livrées de la vertu, du devoir & du zèle, ce monftre fe présente d'abord avec avantage; il féduit, il entraî ne; Heureux ceux qui ont la vue affez perçante & le coup d'oeil affez jufte pour découvrir de bonne heure le fquelète hideux que cachent fes atours empruntés!. A. MBIGAT (émigration nombreuse fous) dans la quelle fe trouvent les Quercinois, page 12. Cahors, appelé anciennement Divona, prend le |