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Telles étoient les forces des Montalbanois. Vainement ils s'attendirent à être fecourus par la nobleffe du voisinage. Ce peuple, qui auparavant avoit affecté du mépris pour elle, s'en vit abandonnée à fon tour. De tout le Rouergue & de tout le Querci, aucun Gentilhomme (1) ne prit la défense de Montauban, à l'exception de Regniez, de Savignac, des deux jeunes Barons de la Guepie, du Baron de Villemade, & des deux Montcauds.

(1) Hiftoire du Siége de Montauban, imprimée à Leyde en 1622, pag. 18.

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S. IV.

Règlemens de police.

TANDIS que le Confeil de guerre où préfidoit le Comte d'Orval, avoit ainsi fait fes difpofitions, celui de police, qui avoit à fa tête le premier Conful Dupui, s'occupa des fiennes de fon côté. Jamais il n'y en eut de mieux entendues; il est vrai que jamais perfonne ne porta, à un plus haut point que ce Magiftrat, l'activité & l'efprit d'ordre & de reffource. Il établit d'abord un bureau à l'Hôtel de ville où devoient venir tous les avis, & d'où émanoient tous les ordres. Ce bureau étoit 'compofé d'un certain nombre de vieux Bourgeois, & des plus notables, fous l'infpection des Confuls qui devoient y paffer par tour à toutes les heures du jour & de la nuit. C'eft de là que partoient les patrouilles pour maintenir la police.

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ville, & par les foins de Dupui, les mar chés en furent toujours fournis à un prix très-modique. On n'eut pas befoin d'en distribuer aux foldats, parce que tous les étrangers étoient logés chez les habitans, qui chacun, felon fes facultés, devoit fournir tout ce qui leur étoit nécessaire. Il n'en étoit pas ainfi des munitions de guerre, dont la provifion n'égaloit pas celle des alimens. Pour y fuppléer, Dupui établit différents ateliers où, fous les yeux de quelques Commiffaires uniquement chargés de cette partie, plufieurs Ouvriers furent occupés à faire des balles & des feux d'artifice. Ces Commiffaires veilloient au travail, & avoient chacun leur magafin. Iis ne délivroient rien que fur les mandemens des autres Commiffaires qui avoient leur bureau dans la grande place, & qui prennoient les ordres de Dupui ou des Anciens du grand bureau de l'Hôtel de ville. Dupui, toujours infatigable, & embrassant dans fes vues tous les objets, fit nommer auffi, outre les Adminiftrateurs ordinaires de l'hôpital, des Commiffaires parti

zuliers chargés de faire panfer les bleffés, & d'avoir foin que tout fe fît à propos & fans embarras. Il pouffa la précaution, jufqu'à établir un ordre fixe, afin de porter des rafraîchiffemens aux combattans.

Sur l'avis du Comte de Bourfranc & fur fes instances réitérées, le Confeil de ville fe détermina encore à facrifier les faubourgs & les maisons de campagne trop voifines de la place, où les ennemis pouvoient fe loger. Cette résolution souffrit de grandes difficultés ; mais le bien public l'emporta, & tout fut détruit. Dupui prévoyant que les moulins fur le Tarn fubiroient le même fort, ou que s'ils étoient épargnés, ils ne feroient d'aucune utilité pour la ville, se pourvut d'une quantité fuffifante de moulins à bras & à chevaux, pour y suppléer en cas que la farine vînt à manquer.

Montauban comptoit alors dans son sein jufqu'à treize Ministres du Saint Evangile, presque tous réfugiés. On en connoît douze; Gardesi, Chamier, Josion, Beraud, Bicheteau, Richaud, Cazeaux, Moynier,

Barbot, Belon, Cayla, Perille; le nom du treizième n'est point parvenu jusqu'à nous. Dupui n'ignorant point leur influence fur l'efprit du peuple, en homme prudént & habile, les employa utilement. Deux d'entr'eux devoient fe rendré par tour le foir & le matin dans chaque quartier & dans chaque corps-de-garde, y faire les prières, relever le courage des combattans par des exhortations vives & pathétiques, & les porter à braver les plus grands dangers pour le triomphe de leur religion.

Telles étoient les mesures prifes dans cette ville, par le Confeil de guerre & le Confeil de police, lorfqu'elle fut affiégée.

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