Imágenes de páginas
PDF
EPUB

foit de l'intérêt de la religion & du falut des églifes proteftantes. Il opina à détruire le travail de ennemis par des forties vigoureufes, & à difputer le terrain jusqu'à la dernière extrémité. Cet avis, quoique le moins fage, fut fuivi & même couronné du fuccès. Le Confeil de ville alarmé de cette rivalité naiffante entre Vignaux & Dadé, & craignant qu'elle n'eût des fuites funeftes, réfolut de les féparer.

[ocr errors]

Il s'en préfentoit un moyen dont --on profita fans affectation. Verrieres, ancien Guidon de la compagnie du Comte d'Orval, retiré chez lui depuis les dangereuses bleffures qu'il avoit reçues au combat de Septfons, venoit fouvent au camp fous la foi des édits. Il s'étoit abouché avec le Duc de Rohan, du confentement du Connétable, pour le fonder fur un accommodement, & avoit donné à fon retour de grandes cfpérances. Il demande une conférence à la corne de Montmirat; le Comte d'Orval s'y rend avec les Confuls, & Vervieres leur dit : « Le Duc de Rohan con» fent que la ville traite, pourvu que ce

» foit

pour elle & pour

les autres places » que le Roi n'a pas encore attaquées. » Le Confcil politique s'affemble & délibère de demander qu'au préalable il lui foit permis d'envoyer des Députés au Duc de Rohan pour favoir fes intentions, & prendre fes derniers ordres; cette demande fut agréée. En conféquence on nomme d'abord pour Député, auprès du Duc de Rohan, Dadé & le Miniftre Chamier. Mais celui-ci, qui ne pouvoit fe diffimuler fes excès féditieux, ne fe croyant pas en fureté, s'il fortoit hors des murs, refufe cette commiffion. On lui fubftitua alors l'Avocat Noaillan, homme habile, fage & modéré. Ces Députés fe rendent au quartier du Roi, 15Septem & partent le lendemain pour joindre le Duc de Rohan.

L'envie extrême qu'avoit le Connétable, de voir terminer par un accommodement ce fiége meurtrier dont il craignoit, avec raifon, la fatale iffue, lui faifoit faifir avidemment tout ce qui lui en donnoit quelque espérance. Marillac & Subomberg le berçoient de cette idée, qui, fous le pré

.

texte de ménager le foldat, fit plus d'une fois languir les opérations, & commettre de grandes fautes contre la faine politique. En effet, les Députés envoyés auprès du Duc de Rohan, plus rufés & plus habiles qu'on ne les en foupçonnoit, n'eurent d'autre objet que de s'inftruire par euxmêmes de la certitude du fecours promis, ainsi que l'événement le juftifia dans la fuite.

Le Duc de Sully, qui voyoit avec peine fon fils engagé dans cette ville rebelie, & qui craignoit d'ailleurs pour une tête fi chère à fon cœur, crut entrevoir le moment fortuné, unique objet de fes vœux & de fes foins patriotiques, de ramener les Montalbanois à l'obéiffance. Il écrivit aux Affiégés, & les exhorta à fe foumettre. Le fecours que vous attendez, leur disoit-il dans fa lettre énergique & preffante, & qui nourrit votre criminelle illufion, a été diffipé par le Duc d'Angoulême, entre Lombers & Réalmont. Il est temps, je ne cefferai de vous le répéter, de rentrer en vous-même, & de revenir de votre fol enté

tement. Prévenez la jufte colère du Roi, & échappez par votre repentir & votre foumif fion à l'abyme des maux où vous précipite une trop longue réfiftance. Cette lettre arriva fous de très-mauvais aufpices. Une partie du fecours étoit déjà parvenue à Saint Antonin. Il étoit pourtant vrai que le Duc d'Angoulême avoit battu un corps de fept ou huit cents hommes. Mais dans le temps que ce Général s'amusoit imprudemment à en poursuivre les débris, le Duc de Rohan envoya un autre détâchement qui prit une route différente, fe déroba ainfi à l'ennemi & arriva heureufement à Saint Antonin. Les Montalbanois, que cet événement rendit encore plus obftinés dans leur révolte, répondirent au Duc de Sully d'une manière fpécieuse, mais peu fatisfaifante : Nous fommes pénétrés, lui difoient-ils, de la plus vive reconnoiffance pour les fentimens de zèle & d'affection dont vous nous honorez; & notre ambition eft d'en éprouver la continuité. Nous fentons combien vos avis font dirigés par la prudence & L'amour de la paix. Il ne tiendroit pas à

1

nous d'y acquiefcer, fi nous en étions les maîtres. Mais nous n'agirons jamais, nous vous l'avons déjà manifefté, que par les ordres du Duc de Rohan, à qui nous fommes unis par les liens du ferment & de la religion. Nos Députés nous feront connoî

fes intentions, & alors nous délibérerons fur les mesures que nous avons à prendre.

Le Duc de Mayenne ignoroit ces différentes négociations. Son cœur trop haut n'auroit pu s'y prêter; il auroit craint de compromettre fon honneur & les intérêts de fon Roi. « Il n'eft pas, difoit-il, de la » dignité de la Majefté Royale, de mon» trer tant de ménagement pour des fujets » rébelles. Après les premières fommations faites, il ne faut plus leur parler que par » la bouche du canon; voilà le moyen fûr » & infaillible, de les obliger à implorer » la clémence du Souverain. » Mayenne agiffoit en conféquence, & pouffoit fes travaux avec toute la vivacité que pouvoit lui permettre le peu de troupes qu'il avoit à fes ordres, déjà bien diminuées par les pertes faites aux attaques, les défertions

»

, que

« AnteriorContinuar »