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pour arri

malgré une profondeur de 100 braf fes, la mer étoit agitée au point, que fes caux fe tenoient toujours plus élevées que partout ailleurs. Elles étoient verdâtres & remplies d'une quantité prodigieufe de toute forte d'Algues marines. Ne pour→ roit-on pas conclure delà avec beaucoup de vraisemblance qu'au fond de la mer il doit y avoir des fources d'eau chaudes, qui causent cette élevation & agitation furpre

nante?

D'autres Comme il ne reste donc plus d'ef ver à la Cô- Perance d'approcher la Côte à trae Occiden- vers les glaces, on a fait plufieurs

ale.

tentatives pour y pénétrer par terre en venant de l'Oucft. Mais toute la Côte Occidentale elt bordée un peu avant dans le Pays d'une chai ne immenfe de rochers couverts de glaces & de neiges qui ne fe fondent jamais. Les Vallées en font remplies de même, & les chutes d'eau qui entraînent des morceaux de rocs & de glaces jointes aux gouffres af freux couverts de glaces minces & trompeufes en rendent le paffage

abfolument impoffible. Le Capitai ́ne dont j'ai parlé a effayé tous les moyens imaginables pour y pénétrer, & s'eft même fervi de fouliers à neige comme les portent les Lappons & les Efquimaux *; mais il n'a jamais pu avancer dans le Pays. Il eut même le chagrin de perdre dans fon dernier effai un de fes gens, qui fut englouti dans les glaces à la vue de tout lemonde. On l'entendit lamenter pendant affez longtemps, & l'on fut obligé de retourner, fans pouvoir le

* Ce font de petites planches minces de 5 ou 6 pieds de long fur 18 pouces de large qu'ils attachent fous la plante des pieds & avec lefquelles ils marchent fur la neige pour ne pas enfoncer. Elles font appellées en Suédois Skidher en Notwégeois Skier, en ancien Iflandois Skyde on Oendrur. Voyez en la Defeription d'Olaus Magnus in Eddam Ifland.s dans Steph. in not. ad Saxon Grammat. pag. 116. V. auffi la Lapponie de Scheffer. ch. zo.

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fecourir & fans cfperance de pénétrer jamais plus loin. On a effayé plufieurs fois de rafer la Côte Occidentale avec une grande chaloupe, tant en montant vers le Pole * qu'en defcendant jufqu'à 60 degrés pour tâcher de découvrir quelque Fleuve ou Détroit & pour remonter par-là dans le Pays; mais juf qu'à préfent on n'a trouvé aucun paffage. Il eft ban de remarquer en paflant pour la correction de la Géographie, qu'on a découvert à cette occafion que le prétendu Détroit de Frobisher n'eft rien moins qu'un paffage, ou s'il l'a été autre-fois, qu'il eft aujourd'hui tellement bouché de glace & de neiges, qu'il n'eft plus reconnoiffable. En effet dans les Defcriptions que nous avons du Groenland & où les Bayes & Golfes font affez bien indiqués, je ne trouve aucune mention de Détroits ou Sonds qui divilent le Pays. Les Habitans mêmes de ces Côtes, qu'on a eu grand foin de queftionner fur ces prétendus paffages, ont déclaré unanime

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ment qu'ils n'en connoiffoient aucun. Le Sond des Ours n'avance pas non plus à beaucoup près fi avant dans le Pays, que les Cartes le marquent ordinairement, bien loin de le traverfer, comme quelques-uns le prétendent. Outre cela il a très-peu de profondeur, & eft prefque tout rempli d'Algue marine, dans laquelle fe tient une quantité prodigieufe de Poiffons.

Ce Pays

Au refte on a appris par les Habitans du Pays, que plus haut vers le eft habité Nord il y a des Peuples beaucoup plus fauvages qu'cux, qu'ils mangent des hommes, & que leurs cabancs font étayées & liées par des cornes de licornes en guife de perches de bois. Ces pauvres habitans des Côtes Occidentales du Groenland font fouvent forcés par la faim de fe jetter dans leurs grands canots de femmes & de chercher leur nourriture, en cottoyant toujours la terre jufqu'à 100 lieues du Nord, c'eft-àdire, plus de 150 lieues d'Allemagne plus haut vers le Pole, que les Danois ne peuvent aller avec leurs

vaiffeaux. Ils affuroient même que plufieurs d'entr'cux avoient remonté beaucoup plus loin que n'auroient pu faire ces grands Canots, & qu'ils avoient vu les Côtes oppofées de l'Amérique de fi proche, qu'ils auroient pu parler aux hommes s'il en avoit paru fur le bord de la Mer; mais qu'ils n'ont pu y paffer à caufe du courant extrêmement rapide qui pa roiffoit en cet endroit tomber d'une hauteur & qui faifoit tant de bruit qu'on l'entendoit de plufieurs licues. DefcripJe paffe à la Defcription des Côtes tion de la du Détroit de Davis. Elles font touCôte du tes bordées d'une infinité de SchaeDétroit de ren, c'est-à-dire, petits rochers caDavis. chés fous l'eau & de quantité de petites & grandes Ifles, qui ne font que des amas de rochers dont elles font toutes hériffées. Le Continent eft entrecoupé de grands & profonds Golfes, qu'on appelle Fioerden, & dont les uns font des embouchures de Fleuves & d'autres de bonnes Rades. Tout le Continent eft rempli de rochers, dont les plus hauts font toujours couverts de glace & de neige

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