Imágenes de páginas
PDF
EPUB

croyables, que non feulement on y voit le foleil pendant trois quarts d'heures au deffus de l'Horifon le

,

21 Décembre même qui eft le jour le plus court de l'année, mais qu'il y a ordinairement une efpece de jour qui dure pendant quelques heures par le moyen de la réfraction des rayons du Soleil qui fe fait pendant long-temps dans les vapcurs extrêmement épaiffes de l'Atmofphére en caufant un Crépuscule fort long le matin le & foir. On s'imagineroit en effet, en fuivant les princapes ordinaires de l'Aftronomie & de la Cofmographie, qu'à cette élevation du Pole le.Soleil ne pour roit pas fe lever alors au defus de l'Horifon; mais un Capitaine de vaiffeau fort habile & très digne de foi m'a affuré, qu'étant monté à 66o, 30 de latitude fur une très petite hauteur dont il avoit mefuré. exactement l'élevation au deffus de la furface de la Mer, il avoit pris la hauteur du Soleil felon les régles de l'Art, & qu'en ayant ôté la valeur de fon élevation & de la ré

fraction de l'Horifon, il avoit trouvé le Soleil réellement élevé au deffus de la furface de la Mer.

Les Nuits, outre qu'elles font é- Clair de clairées par la Lunc, comme par- Lune & tout ailleurs, reçoivent une espece Aurores:

de lumiere du brillant d'une forte réfléxion des neiges & des glaces, qui font continuellement durcies, &, pour ainsi dire, blanchies par une gelée féche & pure. Dans la nouvelle Lune & dans fes quartiers c'eft l'Aurore Boréale qui prend fa place, & fa lumiere eft fouventplus brillante que celle de la pleine Lune. J'en ai parlé plus amplement dans ma Relation de l'Iflande.

Boréales.

Habitans.

Les Habitans de ces Pays, n'ayant Lumieres prefque rien à faire au dehors pen- domeftidant tout l'Hyver, fe tiennent or ques des dinairement cachés pendant tout ce temps dans leurs fombres habitations. Il est vrai, qu'ils n'ont ni fuif ni bois pour faire des chandelles ou des torches; mais en récompenfe les Baleines & autres Poif fons leur fourniffent de la graiffe, dont ils tirent des quantités prodi

Parrhé

lies.

Marées.

Terrain

duits.

gieufes de Thran, ou huile pour leurs lampes. Il leur en refte même affez pour le chauffage, & pour le feu ordinaire de leurs cuifines.

Les Parrhélies, qui font fi rares dans d'autres Pays, paroiffent ici ordinairement plufieurs fois dans l'année. Ce Phénomène est ordinairement funefte pour ceux qui fe trouvent fur Mer, puifque, felon la voix unanime de tous le Marins, il est toujours fuivi d'une rude tempête.

Le Flux & Reflux de la Mer eft affez fenfible fur ces Côtes & les Marées fe réglent fur les Phafes de la Lune; mais elles ne font pas fi régulieres que dans d'autres endroits. Le Flux va de l'Eft à l'Ouest & par une tempête il s'éleve fouvent à 7. ou 8. brafles.

Le Terrain des Vallées eft une & fes pro- efpece de Tourbe qui étant fort grale par la fiente des oifeaux dont elle eft prefque couverte, produit de l'herbe fort longue & plufieurs bonnes Plantes. On a effayé d'y faire venir des légumes, fruits de

terre &c. Les choux & les raves y croiffent affez bien; mais les racines me rent auffi-tôt qu'elles pouf fent hors de la terre. Le Thym n'y profite point du tout: il refte petit, & à la moindre gelée de nuit il perd le goût & l'odorat. Il eft impoffible d'y cultiver du bled à caufe du petit Eté & du froid continuel du Climat. On ne voit gueres d'arbres qu'un peu avant dans le Continent, où il y a quelques Bouleaux, Aunes & Saules fur les bords des Golfes; mais qui ne fuffroient pas pour le chauffage des Coloniftes Danoifes. L'Auteur de la Perluftration du Groenland rapporte, qu'à 60 lieues au Sud de la Colonie de Bonne-Efperance il y avoit un petit bois fur le bord d'un Golfe, & que les arbres étoient de la hauteur d'environ deux braffes & de la groffeur du bras. On y voit auffi par-ci par-là de petits buiffons compofés de Genévriers, Grofeilliers &c. Les Meures de ronce, dont l'efpece eft excellente ne peuvent pas meurir à caufe du brouillard.

C iiij

the.

Mines

On ne fçait pas encore ce que

[ocr errors]

d'Amian les Montagnes & Rochers de ce Pays renferment dans leurs entrailles. On trouve quantité de Mines d'Amianthe, dont les veines font affez larges, & le lin fort long mol & d'une blancheur parfaite. Il paroît extraordinaire que ce minéral fe trouve en plus grande quantité & dans fa plus parfaite bonté dans les Pays les plus reculés du Nord *.

* J'ajouterai ici quelques remarques intereffantes touchant les Mines d'Amianthe de Sibérie & la façon de le préparer pour filer. Ce fut en 1720 dans le Diftrict du Commiffaire Nikita Demibow fitué dans la Province de Werchotursky à environ 600 lieuës du Pays de la Ville de Tobolsky, proche la riviere de Tura, qui fe déchar ge dans le Tobol, qu'un Payfan alÏant à la chaffe trouva par hazard un morceau de cette Mine fur le Mont nommé depuis Schelkowa-Gora, qui veut dire Montagne à Soye. La pierre lui parut fort extraordinaire, & il s'a

« AnteriorContinuar »