pagnie; mais ils refuferent d'y entrer, & la guerre qui occupoit alors le Nord fut un obftacle invincible à la réuffite parfaite de cette entreprife. La Compagnie de Bergen n'avoit cependant pas laiffé de faire de temps en temps par elle-mêmẹ quelques tentatives, qui furent d'un affez bon augure. Enfin en 1721 le ficur Egede fe vit au comble de fes vœux. Le Roi lui fit cxpédier & à la Compagnie de Bergen des Lettres Patentes, &, pour rendre cette entreprise plus folide, on établit en fa faveur une Loterie tant en argent comptant qu'en Actions pour la nouvelle Pêche des Baleines dans le Détroit de Davis. La mauvaise administration des Directeurs de ce nouvel Etabliffement ayant fait échouer les intentions falutaires du Roi, il fit lever une Capitation générale de tous les Etats temporels & Eccléfiaftiques dans toute l'éten due des Royaumes de Danemarc & de Norwege. Les fommes qui en provinrent furent plus que fuffifan tes pour commencer. Une bonne

partie en fut emp'oyée à mettre la Colonie en état de partir & de fubfifter pendant quelque temps. Les premiers vaiffeaux mirent à la voile dans la même année, & leurs inftructions portoient de chercher un endroit convenable pour un établissement fur les Côtes du Groenland de l'aller occuper, de faire connoiffance avec les fauvages, & d'ouvrir un commerce avec eux auffitôt qu'il feroit poffible. Le Sieur Egede s'embarqua auffi avec fa famille, pour travailler à la converfion des Payens. Sa route Les Vaiffeaux fortirent du Port de & aborde- Bergen, & ayant doublé l'Islande,

ment,

ils firent route vers la Côte Oricntale de l'ancien Groenland, pour atteindre le Cap appellé Staten-Hack (qui veut dire Coin des Etats) fitué à Coo de latitude. Ils y rencontrerent des glaces de 7 à 8 lieues de large; ce qui les détermina à pouffer encore 30 à 40 lieues à l'Oueft & dela toujours vers le Nord jufqu'à 64 degrés, où ils chercherent terre. La Colonie débarqua le 3 Juillet 1721 une Ile, & l'ayant trouvé affez

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Commode pour fes deffeins, elle s'y établit le mieux qu'il étoit poffible. Cette Iflc eft fituée dans l'embouchure de la Riviere de Baal, & eft appellée en Groenlandois Kangremijné. Les Danois lui donnerent le nom de Gothaab ou Gudhoep, c'està-dire, Bonne-Efperance. Elle n'a qu'environ une grande lieue du Nord de tour, & n'eft qu'à deux lieuës du Continent.

Elle quità

te fon établiffement.

La Colonic choifit cette Ifle, parceque le froid y eft affez fupportable en hyver, & qu'elle eft prefque toujours fréquentée tant en été qu'en hyver par des fauvages, qui s'appellent Kalales dans leur Langue avec lefquels il y avoit apparence d'entamer avec avantage les deux objets de leur Miffion, la Prédication de l'Evangile & le Commerce. Cependant fur les nouvelles qu'on Autre éta avoit reçues en Danemarc que les Baleines n'étoient pas fi abondantes fur ces Côtes qu'on s'étoit imaginé & qu'il falloit les chercher plus haut vers le Nord, on embarqua une feconde Colonic avec un autre Minif

bliffement

de la fecon

de Colonie

Mauvai

des Colo

tre nommé Albert Top, qui fut ordonné en 1723 à Copenhague Prêtre & Miffionnaire au Groenland.Elle s'établit à 45 lieues plus haut dans le Détroit de Davis fur une Ifle appellée par les Groenlandois & les Danois Nepiffene & située à environ 67° dans la Widen-Fioerd. Elle eft à environ 30 lieues de la grande Ifle de Dif co, & par confequent fort proche de l'Endroit de la Pêche marquée fur la nouvelle Carte de Laurent Feykes Haan, & des Ifles de Baleines. C'eft ici où la vraye efpece de Baleines fe trouve en très-grande abondance dans les mois de Février & Mars & les Groenlandois en prennent beaucoup pendant ces deux mois. Après ce temps elles fe perdent peu à peu fur ces côtes & prennent la route de l'Oucft vers celles de l'Amérique.

Nonobftant la fituation favora fe réuffite ble de cette Colonie, elle n'a pas nies. eu plus de fuccès que la premiere. H eft vrai, que quant à l'œuvre de la Converfion des Groenlandois, on n'y a trouvé d'autres obftacles que

la langue du Pays, qui fans compter la difficulté, n'a pas un feul mot pour exprimer les chofes fpirituelles, çe Peuple n'ayant aucune idée de Dieu, & ignorant entiérement tout ce qui concerne la Religion. Au refte ces pauvres gens font affez dociles, & comme d'un côté ils n'ont aucune connoiffance du Créa teur du Monde, & ne font attachés à aucun Culte extérieur, ils n'ont aucun préjugé à combattre, point de Prêtres qui les y foûtiennent, ni d'erreur qui les affujettiffe; par confequent ils fe livrent volontiers à la curiofité naturelle à tous les hommes, & écoutent avec plaifir tout ce qu'on leur propofe de bon & de raifonnable. Quant auxVertus morales, ils étoient en état d'en donner des leçons plutôt que d'en recevoir, & le Miniftre ne devoit penfer qu'à leur en découvrir la fource, l'étendue & le but felon la tes neur de l'Ecriture Sainte. La Colonie ne trouva pas la même facilité pour le Commerce, & elle déchut beaucoup des idées flatteufes qu'elle