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de fuppofer, eft celui que réalife l'état actuel de la bouteille. Or, nous verrons que la Théorie fur ce point eft parfaitement conforme au réfultat d'une expérience que chacun peut faire, & qui indique l'action des deux moitiés de l'épaiffeur de la bouteille. Après avoir chargé cette bouteille, enlevez-la, à l'aide d'un cordon de foie attaché à fon crochet, & tenez-la ainfi fufpendue, au milieu de l'air, qu'il faut supposer très-fec. Approchez alors le doigt à une petite diftance du ventre de la bouteille. Il ne fortira aucune étincelle intermédiaire, d'où il faut conclure que, comme la bouteille ne donne aucun figne d'électricité par fa furface extérieure, cette furface eft, à l'égard du fluide voifin, comme fi elle fe trouvoit dans l'état naturel, c'est-à-dire, que le fluide n'eft ni attiré, ni repouffé de ce côté.

Mais nous avons vu (13) que dans le cas où l'une des deux molécules E, D, étoit immobile, l'autre molécule fe trouvoit néceffairement attirée ou repouffée; en forte qu'il ne pouvoit y avoir équilibre à la fois des deux côtés. Il fuit delà que le fluide voifin de la garniture intérieure de la bouteille, qui eft électrisée en plus, doit éprouver de la part de cette garniture une action' répulsive. C'eft ce qu'il eft aisé de vérifier. Car fi l'on préfente le doigt à une petite diftance du croches de la bouteille, qui eft censé faire

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un même corps avec la garniture intérieure, on tirera une étincelle qui annonce l'effluve de la matiere électrique hors du crochet (a). Tout ceci s'éclaircira encore par ce que nous dirons dans un article particulier, où nous traiterons de l'expérience de Leyde.

16. Nous placerons ici un réfultat qui nous fera utile par la fuite. Si l'on fuppofoit que l'excès de fluide de AC, fe trouvât précisément égal au défaut de fluide de AB; alors la molécule D tendroit néceffairement à pénétrer dans le corps A, & la molécule E en feroit repoufféc.

Pour le prouver, imaginons que les deux parties AC, AB, agiffent feules tour à tour fur la molécule D, placée à une distance déterminée. Concevons de plus que la force répulfive, de la partie AC foit concentrée dans un point déterminé. La force attractive de la partie AB pourra être conçue, comme concentrée dans le point correspondant de cette derniere partie. Car, quelle que foit la loi que fuive la répulfion

(a) Cette étincelle n'eft pas occafionnée précifément par le crochet, qui forme un furcroît de matiere ajoutée à la garniture intérieure. Nous verrons dans la fuite que celle-ci peut, dans ce cas, fournir une étincelle, indépendamment du crochet, & toutes chofes étant fuppofées égales de part & d'autre,

des molécules électriques, à raison de la distance, l'attraction des molécules propres du corps électrifé doit fuivre la même loi, fans quoi il n'y auroit point compenfation entre cette attraction & la répulfion des molécules du corps confidéré dans l'état naturel; ce qui eft contraire à l'expérience (3). Il fuit delà que l'attraction exercée par AB fur la molécule D, fera égale, dans l'hypothese préfente, à la repulfion de AC fur la même molécule, puifque d'un côté celle-ci eft repouffée par AC, en raifon de l'excès de fluide de cette même partie, & que de l'autre, elle fera attirée par la partie AB, en raifon de la portion de la maffe de AB, laquelle faifoit équilibre à la quantité de fluide, qui eft cenfée avoir paffé dans la partie AC. Donc dans le cas, représenté (fig. 2), où la molécule D eft plus près de AB que de AC, l'attraction prévaudra fur la répulfion, & la molécule D fera follicitée à entrer dans le corps BC. On conçoit qu'en même-temps l'action du corps BC fur la molécule E, doit être répulfive.

17. L'équilibre étant rompu entre les forces des parties AC, AB, il eft clair qu'il tendra à fe rétablir; en forte qu'une portion du fluide de AC paffera dans AB, jufqu'à ce que le corps foit rentré dans fon état naturel. Ce retour fe fera lentement, fi le corps A eft idio-électrique ;

mais s'il est an-électrique, le fluide parviendra en un inftant à l'uniformité.

On conclura auffi des différens états où fe trouvent les molécules E, D, fuivant les divers cas mentionnés ci-deffus, qu'il peut arriver que, pendant le retour du corps vers son état naturel, il forte du fluide de AC, ou qu'il en entre du dehors dans l'intérieur de AB, & la promptitude avec laquelle cette tranfmiflion s'opérera, dépendra auffi de la nature des corps environnans, & du plus ou moins de facilité que la matiere électrique éprouvera à les traverfer.

18. Si le fluide n'étoit pas uniformément répandu dans chaque partie du corps A, ou fi, dans le cas d'une diftribution uniforme, les deux parties n'étoient pas égales entr'elles, on obtiendroit toujours des résultats analogues à ceux qui ont été expofés ci-deffus. Il y a une infinité de cas poffibles, relatifs aux différens états de AC & AB. Mais chacun de ces cas ayant un rapport déterminé avec le cas le plus fimple, qui eft celui que nous avons confidéré, fera toujours fufceptible d'y être ramené.

Imaginons, par exemple, que la partie AC, foit double ou triple, ou, &c. de la partie AB; la portion de fluide, qui furabonde dans cette partie, foit égale à celle qui manque dans

&

que

la partie AB. Si l'on conçoit la molécule D, fituée entre ces deux parties féparées l'une de l'autre, le point dans lequel il faudra fuppofer que la force répulfive de AC eft concentrée n'aura plus, à la vérité, la même position que dans le cas mentionné (16); mais le point où il faudroit placer la molécule D, pour qu'elle fût autant attirée par AB, que repouffée par AC, fe trouvera néceflairement entre les deux centres d'action des deux parties AB, AC, quoiqu'à des distances inégales de ces parties. Donc, dans le cas représenté (fig. z), la molécule D étant plus voisine du centre d'action de AB que de celui de AC, cette molécule tendra toujours à pénétrer dans le corps AB; tandis que la molécule E fera follicitée à s'en écarter.

19. Paffons maintenant à la recherche des loix, fuivant lefquelles deux corps électriques agiffent l'un fur l'autre. Soient A, B, (fig. 2), ces deux corps, que l'on fuppofe d'abord dans l'état naturel. Toute action étant réciproque, il fuffira de confidérer celle du corps A fur le corps B. Or il y a quatre forces qui entrent comme élémens dans cette action.

1o. La matiere propre de A attire le fluide de B.

B.

2o. Le fluide de A repouffe celui de

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